Union des Fédérations
des Associations de Parents
de l’Enseignement Catholique asbl

CYBERLETTRE

n°42 - 22 décembre 2011

L'enseignement spécialisé : l'élève et son projet de vie

Parution d’une étude de l’UFAPEC consacrée à l’enseignement spécialisé.

L’UFAPEC fait paraître une étude consacrée à l’enseignement spécialisé, fêté en 2010-2011 à l’occasion de ses 40 ans. Consciente de l’aspect bénéfique d’une information et d’une réflexion enrichies de nombreux témoignages, l’UFAPEC a décidé de dépasser la seule dimension structurelle de l’enseignement spécialisé pour analyser ses développements dans la perspective originale du projet de vie de chaque élève. À ses débuts, l’enseignement spécialisé avait souvent une vocation d’ordre occupationnel. Au fil des années, les interpellations des parents et des professionnels ont amené le législateur à mettre en place une série de programmes et d’outils qui permettent aux jeunes de se sociabiliser, de se donner des objectifs à la mesure de leurs difficultés propres.

Dans cette étude, l’UFAPEC revient sur le chemin parcouru. Les constats sont, dans l’ensemble, très positifs. L’UFAPEC se réjouit par exemple des diverses modifications terminologiques qui ont permis à l’enseignement spécialisé de ne plus être considéré comme un lieu d’enseignement « hors normalité ». À juste titre. Car le spécialisé est désormais un réseau dont les objectifs de réussite s’apparentent à ceux de l’enseignement ordinaire, moyennant des adaptations et des moyens à la mesure des besoins spécifiques des élèves accueillis : acquérir des compétences sociales et/ou professionnelles en vue d’une insertion dans la société à la hauteur de ces compétences acquises.

L’UFAPEC insiste sur le tournant décisif opéré en 2004 avec le nouveau décret et l’instauration du Plan Individuel d’Apprentissage (PIA), lequel permet un suivi du dossier psycho-socio-éducatif de chaque élève du spécialisé tout au long de son parcours scolaire. Un certain continuum est désormais structurellement mis en place, pour tous, dès le fondamental et indépendamment d’éventuels changements d’établissement ou d’équipe pédagogique. Le décret de 2004 a aussi permis d’ouvrir la voie à l’intégration d’élèves du spécialisé dans l’enseignement ordinaire, en augmentation constante depuis 2008. L’UFAPEC souligne que l’intégration ne résout pas tout et n’est pas adaptée à tous les enfants du spécialisé. Il faut par ailleurs garder à l’œil qu’une classe de l’ordinaire ne peut absorber qu’un petit nombre d’enfants à besoin spécifique. Ceci étant précisé, l’étude met bien en évidence que l’intégration est bénéfique pour tous les enfants, notamment en termes de compétences relationnelles.En ce sens, l’UFAPEC encourage les formules d’activités mixtes à l’école et hors école pour changer les regards sur la différence et favoriser l’insertion de tous. L’UFAPEC encourage toutes les initiatives qui mettent à disposition des familles des lieux de contact de proximité (services spécifiques à la thématique du handicap, services accessibles à tous, organisation de loisirs...) pour répondre aux besoins spécifiques de leurs enfants. Plusieurs d’entre-elles sont présentées dans l’étude.Par ailleurs, une proportion importante des jeunes fréquentant l’enseignement spécialisé est issue de familles défavorisées. Toujours dans la perspective du projet de vie, l’étude présente des initiatives nouvelles à l’intérieur des écoles destinées à lutter contre la marginalisation et le décrochage scolaire. Ces démarches sont essentielles et méritent le plus grand intérêt.

Toutefois, l’UFAPEC remarque que des améliorations pourraient être encore apportées. Si l’offre d’enseignement s’étoffe, certaines régions sont mieux servies que d’autres en fonction du type d’enseignement proposé. Une réorganisation de la répartition géographique est souhaitable pour mieux pallier les manques. À la suite du Conseil général de concertation de l’enseignement spécialisé (CGES), l’UFAPEC considère que des politiques incitatives et un système dérogatoire devraient être mis en place pour aider les PO des écoles à combler les manques de chaque région en fonction d’un découpage géographique en zones (à l’image du découpage admis par les différentes instances d’enseignement en Communauté française) plutôt que par province. C’est un enjeu crucial, entre autres, pour le Hainaut occidental et le Luxembourg. Ce déficit de l’offre oblige les parents à soit déménager pour leur enfant, soit se résoudre à faire de nombreux kilomètres chaque jour, soit le mettre en internat, soit… décider de l’inscrire dans une école plus proche qui ne correspond pas au suivi spécifique dont l’enfant a besoin, avec les effets pervers que cela engendre pour lui-même, ses camarades et l’équipe éducative.

L’UFAPEC tire une fois de plus la sonnette d’alarme en ce qui concerne les transports scolaires. Cette question, traitée plus particulièrement dans une analyse publiée conjointement à l’étude, reste hautement problématique. À charge du SPW (et non des écoles), les transports scolaires dédiés à l’enseignement spécialisé sont organisés de telle manière qu’à certains égards ils portent atteinte au respect de la personne. Certains enfants passent parfois quatre, voire cinq heures, chaque jour dans le bus scolaire !

Quant au continuum du parcours scolaire, l’UFAPEC constate une rupture au niveau du type 8 (difficultés d’apprentissage), lors du passage du fondamental au secondaire. Or, c’est dans l’enseignement fondamental de type 8 qu’on trouve le plus d’enfants ! Certains enfants sont donc aiguillés vers l’ordinaire (majoritairement le différencié), d’autres vers le spécialisé (majoritairement le type 1). Cette orientation concerne donc de nombreux enfants. Si l’avantage de cette mesure réside dans le fait que 48% des enfants du type 8 sont accueillis dans l’ordinaire, ceux-ci n’ont plus de soutien spécifique. Ils ne bénéficient plus du PIA et cela peut conduire à des erreurs d’orientation irrémédiables.

Enfin, l’UFAPEC constate la difficulté de communication entre les parents et les équipes éducatives de l’enseignement spécialisé. Tous ont pourtant intérêt à se rencontrer. Les parents sont généralement sous-informés sur le parcours de leur enfant, sur les moyens mis en place pour lui, sur ses progrès ou ses difficultés. Des directeurs, des enseignants que nous avons rencontrés, se félicitent des progrès réels des enfants lorsqu’un dialogue et un travail conjoint avec les parents est mis en œuvre. Cela permet à l’enfant de recevoir des repères qui vont dans le même sens à l’école et en famille, cela l’aide à se structurer.

L’UFAPEC, par cette étude, a voulu mettre en évidence l’importance du projet de vie dans l’élaboration et le vécu du parcours scolaire. Elle a voulu signifier que toute personne, quelles que soient ses difficultés particulières, peut développer des compétences, s’insérer dans la société et agir pour elle. Mais elle a aussi voulu montrer que les parcours scolaires ne peuvent pas s’arrêter avec la fin de la scolarité. L’insertion doit continuer à être soutenue ensuite. De nombreuses initiatives ont vu le jour et l’étude présente un panel (non-exhaustif) de celles-ci. Il est absolument nécessaire qu’elles soient soutenues par les structures sociales et politiques. Que les projets de vie ne soient pas seulement quelque chose à laquelle les personnes à besoin spécifique tendent, mais quelque chose à laquelle elles touchent. Il s’agit d’un droit : celui de travailler, de se sentir utile et valorisé dans notre société.

L’étude est disponible en ligne :
http://www.ufapec.be/nos-analyses/3211-ens-specialise-etude/

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