Analyse UFAPEC février 2021 par F. Baie
  • Sketchnoting dans le fondamental ou comment réenchanter les apprentissages grâce à la pensée visuelle ?

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01.21/ Sketchnoting dans le fondamental ou comment réenchanter les apprentissages grâce à la pensée visuelle ?

Introduction                                                                   

Nos écoles utilisent de plus en plus souvent de nouveaux outils pour faciliter les apprentissages des enfants. Moins frileuses que dans le passé, elles n’hésitent pas, aujourd’hui, à s’ouvrir et à expérimenter de nouveaux outils provenant parfois d’autres univers (l’entreprise, la méditation, les potagers, le théâtre, etc.). Dans une précédente analyse, nous avions abordé « les classes du dehors »[1], car l’UFAPEC s’était rendu compte que cette manière de faire prenait de l’essor. Cette fois, c’est d’une nouvelle technique pédagogique, le sketchnoting, dont nous désirons parler. En effet, elle semble également avoir le vent en poupe. Dans le cadre de nos animations et de nos contacts téléphoniques, les parents nous interpellent sur ce nouvel outil et souhaitent pouvoir se faire un avis par une réflexion critique.

Qu’est-ce qu’au juste que cet outil et surtout, que peut-il apporter à nos enfants qui devront se débrouiller et s’adapter à une société toujours mouvante ? Quels sont les bienfaits, mais également les failles, de cet outil ? Peut-il réellement réenchanter, dans l’enseignement fondamental, les apprentissages ? Pour aujourd’hui et demain, quels sont les enjeux liés à l’utilisation de telles techniques ? A l’ère de l’infobésité, nos enfants n’ont-ils pas droit à apprendre en utilisant des outils adéquats pour faire le tri ? N’ont-ils pas droit, également, à retrouver du plaisir à apprendre ?

Le sketchnoting, c’est quoi ?

On connaissait déjà le mindmapping [2] (lecture par carte mentale), mais, avec le sketchnoting, c’est un nouvel outil de la pensée visuelle qui se présente à nous. Tout comme le mindmapping, le sketchnoting provient également du monde des entreprises et semble prendre tout doucement sa place dans le monde de l’éducation. Le sketchnoting, c’est une prise de notes graphiques qui permet d’organiser l’information de façon visuelle. Cette technique modélisée par Mike Rohde[3] permet de dessiner des idées, de garder des traces de conférences, de synthétiser un texte, ou de préparer un exposé. Sketch signifie « croquis » et « noting » notes… Nul besoin de savoir dessiner, Mike Rohde insiste sur le fait que ce sont « des idées, pas de l’art », process over pretty ![4]

 

Lors d’une formation organisée par Christophe Vanderroost[5], formateur en éducation et en pensée visuelle, nous nous sommes mis à la place d’un élève pour bien comprendre la manière de sketchnoter. Imaginez-vous un enfant écoutant un enseignant donner son cours. Sur son bureau, une planche (une feuille vierge), des marqueurs de différentes couleurs, aucune latte. Il écoute, et ne retient que l’essentiel. Sur sa feuille une synthèse apparaît progressivement grâce à son propre « traçage » fait de mots clés, de formes de base (carré, rectangle, triangle, cercle, point, ligne…), de conteneurs et bannières, de flèches indiquant le sens de la lecture et le chemin visuel, de personnages (en forme de baguettes, ronds, triangles, étoiles), de puces, de pictogrammes… L’enfant met certains mots en évidence en rajoutant des effets, des traits, des couleurs, des ombrages, de la brillance et des vibrations… La synthèse du cours prend forme. Celle-ci est créative et visuelle. Grâce au sketchnoting, l’enfant apprend à être autonome dans la manière de créer sa synthèse.

Faire face à l’infobésité de notre société

Aujourd’hui, notre société est avide d’informations. En effet, chaque individu est assailli par un véritable flux de données. Entre les réseaux sociaux, les vidéos en ligne, les blogs, la presse papier, la télévision, la radio, les podcasts, les livres, les e-books, on ne sait plus où donner de la tête…[6] Face à cette masse considérable d’informations, les élèves ne doivent-ils pas trouver le moyen de faire le tri, de se centrer sur l’essentiel, de se concentrer, de mémoriser juste ce dont ils ont besoin pour apprendre ? N’est-ce pas un enjeu de taille dans les apprentissages et la réussite scolaire ? Le sketchnoting serait-il un outil intéressant pour effectuer ces tâches et relever le défi du tri de l’information ?

Nous sommes dans une ère de l’infobésité, du « zapping » d’infos, mais également dans une ère visuelle. Tout devient de plus en plus digitalisé, numérisé. On le sait, le visuel parle et plaît à nos enfants. Ils sont d’ailleurs souvent accrochés aux outils numériques (ordinateurs, consoles de jeux, smartphones, tablettes, …).  Alors pourquoi de ne pas aller dans leur sens et utiliser dans les apprentissages davantage de visuel, mais, cette fois, de manière plus créative ? Le bon vieux papier et le dessin, nos enfants y ont-ils vraiment déjà goûté ?

Notre société ne reprend-t-elle pas goût aux plaisirs simples ? Aujourd’hui, qui plus est, avec la crise sanitaire qui nous occupe et préoccupe, le plaisir de se ressourcer dans la nature, de méditer, de revenir à des préceptes anciens gagne du terrain. On se rend compte que le corps et l’esprit sont liés et qu’il nous faut les choyer. Penser et créer de ses propres mains, dessiner, procurent une satisfaction personnelle. Notre chemin cérébral peut-il être oublié dans un monde où l’information est à ce point en ébullition ?

Bienfaits et failles du sketchnoting

Le sketchnoting semble apporter de nouveaux bénéfices aux enfants. Dans les contacts que l’UFAPEC entretient avec les parents, certains témoignent de leur intérêt face à ce nouvel outil. Je trouve que le Sketchnoting éveille la créativité et l'imagination (et Noé, mon fils, est d'accord avec moi). Cela l'aide à retenir les choses dans les synthèses. Quand ils font une synthèse en classe, avec des mots plus compliqués, ils s'aident avec des dessins pour se souvenir plus facilement. Il l'utilise aussi quand il dessine, écrit des petites cartes... Cela lui a ouvert l'imagination pour jouer avec des écritures différentes. En partie, je pense que c'est cela qui lui a donné goût à dessiner toutes sortes de petits personnages... Et s’il continue à l'utiliser plus tard, ses pages de cours seront moins monotones... et donc plus faciles et plus gaies à étudier, explique Valérie Kempinaire[7], maman de Noé, élève en 4e primaire (classe de Madame Sandrine où les élèves de 3e et 4e sont ensemble), à l'école Saint-Jean Baptiste de Nethen.

Interrogé par l’UFAPEC, Christophe Vanderroost[8] explique encore, au niveau des bienfaits, que :

  • Le sketchnoting est un outil de centrage qui permet d’arrêter le temps. Lorsque l’on sketchnote, on se reconnecte à soi-même, on se concentre plus facilement.
  • L’outil donne aux enfants le plaisir du geste graphique. L’enfant prend du plaisir à écrire, à retourner dans ses notes et à partager aussi ses notes avec les autres.
  • Cet outil utile aux adultes comme aux enfants permet de structurer sa pensée, de prendre des notes de manière « fun » et créative, en organisant les informations, en les filtrant. L’élève prend des notes en ne reprenant que l’essentiel.
  • Quand on sketchnote, on « trace » sur sa planche (feuille blanche), mais on ne dessine pas. En effet, il n’est pas nécessaire de savoir bien dessiner pour pouvoir sketchnoter.
  • Le côté ludique, synthétique, créatif fait du sketchnoting un véritable outil révolutionnaire dans nos écoles permettant de développer la concentration, la mémorisation et la compréhension. Quand on sketchnote, on utilise à la fois le mode verbal et le mode imagé (le mode pictural). Dans la pensée visuelle, on appelle cela le double codage. On utilise à la fois le mot et les représentations d’images pour pouvoir traduire sa pensée. Cela permet de mieux retenir l’information sur du long terme, explique Christophe Vanderroost.

Ce point est confirmé par Valentine Anciaux, spécialisée en psycho-éducation, dans un article d’Enseignons.be[9] mentionnant des recherches et citant quelques sources scientifiques. Avec le sketchnoting, on s’éloigne du mode réceptif en mode «enregistreur». Ici, plusieurs canaux sont sollicités, l’ouïe, la vue et le kinesthésique. Le challenge que cela demande pour filtrer l’information permet de rentrer dans un état de flow tel que décrit par Mihály Csíkszentmihályi[10] comme un état maximal de concentration, de plein engagement et de satisfaction dans son accomplissement. Par ailleurs, il est important de considérer que nous sommes tous visuels selon Nadia Medjat[11], médecin spécialisée en neurosciences. Cela est intéressant en terme de mémorisation. En effet, l’élève, l’étudiant ou l’orateur retrouvera le visuel de sa planche de sketchnoting sans difficulté dans sa mémoire photographique… De plus, le côté ludique, esthétique de la technique vont augmenter l’engagement et donc la mémorisation.

  • C’est un outil qui apporte de la sérénité et un équilibre personnel.
  • C’est un outil accessible à tout le monde…

Mais est-il vraiment accessible à tout le monde ? N’y a-t-il pas là une faille ?  Les enfants qui ont des difficultés d’apprentissage (dysgraphiques, etc.) peuvent-ils facilement l’utiliser ?

Bénédicte Prévost, professeur de religion au séminaire de Floreffe et personne référente pour les élèves à besoins spécifiques, expérimente avec ses élèves le sketchnoting dans le cadre de ses cours. Pour elle, cette technique prend du temps et ne convient pas à tous les élèves, comme les dysgraphiques[12] et dyspraxiques[13] par exemple. J’essaie de trouver une possibilité pour eux de le faire sur l’ordinateur ou l’iPad, mais je n’ai pas encore tout à fait trouvé [14], explique-t-elle. 

Ce n’est pas l’avis de Christophe Vanderroost qui est convaincu que cette technique peut également fonctionner avec les élèves dys.  Beaucoup d’enseignants que je forme à cette nouvelle technique se rendent compte de l’impact positif que cela peut avoir sur l’émergence et la structuration des idées. Cela peut être un plus pour les élèves dys. Lors d’une de mes formations qui s’est déroulée dans « la petite école » de Gentinnes, il y avait deux élèves dysgraphiques dans la classe. L’enseignant m’a rapporté combien ces élèves avaient aimé cette technique. Les élèves ne sentent pas sous pression. Il ne faut pas savoir bien dessiner pour sketchnoter. Parce que cette technique est aussi ludique, les élèves dys peuvent se libérer. Les enseignants m’ont rapporté que les élèves dys étaient très fiers et partageaient aux autres ce qu’ils avaient réalisé.

Mais il ajoute tout de même un bémol : c’est un outil accessible surtout à partir de la troisième primaire, car il faut tout de même que le geste graphique soit bien ancré chez les enfants. Tout se fait à main levée dans le sketchnoting, on n’utilise pas de latte. La technique semble encore être au stade d’expérimentation dans les écoles, il faut donc l’utiliser, semble-t-il, avec prudence, car tous les élèves ne sont peut-être pas égaux face à ce nouvel outil.

Autres points de vue et limites du sketchnoting ?

N’y a-t-il que pour les élèves « dys » que ce nouvel outil risque de poser des problèmes ? Les élèves les plus faibles ou en décrochage scolaire scolaire ne vont-ils pas avoir des difficultés supplémentaires avec l’utilisation du sketchnoting ? Les élèves d’origine étrangère et ayant des lacunes en langue française ne vont-ils pas eux aussi se trouver en difficulté face à cette technique ? Le sketchnoting est-il accessible à tous ou plutôt à des élèves qui maitrisent bien la langue et les concepts qu’elle recouvre ? Et enfin, avec le sketchnoting, les élèves sont-ils suffisamment et cognitivement actifs ?

Frédéric Coché[15], Secrétaire général adjoint de la FédEFoC (Fédération de l’enseignement fondamental catholique), met en évidence deux points de vigilance.

  1. Si le sketchnoting est utilisé par l’enseignant

Le sketchnoting me semble susceptible d’être utilisé pour « embellir » un enseignement « frontal » dans lequel c’est l’enseignant (ou l’expert extérieur) qui expose le savoir, en maintenant les élèves spectateurs et passifs. Autrement dit, le sketchnoting utilisé par l’enseignant (et non par les élèves) me semble 100% compatible avec une approche transmissive de l’enseignement. Il y a donc un risque que, sous couvert d’un air de modernité et de dynamisme, on passe à côté d’un enjeu majeur qui est de s’assurer que les élèves soient cognitivement actifs durant les séances d’apprentissage.

  1.  Si le sketchnoting est utilisé par les élèves

Plusieurs résultats de recherche s’accumulent (notamment les travaux du groupe ESCOL[16] en France et, en Belgique, ceux de l’équipe de Bernard Rey à l’ULB) pour pointer le fait que de nombreux élèves issus de milieux socio-culturellement défavorisés confondent « apprendre » avec « faire ». C’est-à-dire que, pendant que les élèves qui sont proches de la culture scolaire et qui ont bien compris le « métier d’élève » sont attentifs aux objets d’apprentissages et aux informations-clés qui constituent l’objectif d’apprentissage de l’enseignant, d’autres élèves de milieux populaires passent à côté de ces informations et se concentrent sur les « traits de surface » des tâches scolaires, ce qu’il faut faire sur le plan pratique. On parle alors de « malentendus » par rapport aux enjeux d’apprentissages ; la recherche a montré que ces malentendus creusent les écarts entre les élèves. Le risque me semble élevé que le sketchnoting alimente ce creusement des écarts, avec certains élèves qui vont surinvestir le côté « faire » (dessin, couleurs, esthétique) et que cela contribue à entretenir des malentendus au sujet de l’objectif des tâches scolaires et des attentes de l’enseignant.

Cette vigilance m’amène à douter du fait que le sketchnoting permette réellement d’améliorer la mémorisation et la compréhension chez tous les élèves.

Pourtant, selon un enseignant, auteur d’un article paru dans le journal Le Monde[17], les élèves les plus faibles ou ayant des difficultés avec la langue française pourraient, au contraire, voir dans le sketchnoting une manière de reprendre confiance en eux : Ce procédé peut servir également à développer la confiance et la collaboration avec les autres élèves. Confiance de la part de certains élèves, pas toujours les meilleurs, qui trouvent là un moyen de réussir ou de briller. Collaboration en échangeant avec ses camarades des idées de représentations pour symboliser un concept qui pose problème ; on peut même imaginer un répertoire de dessins à la disposition de tous.

Le réseau de création et d’accompagnement pédagogique français CANOPE[18] est plus nuancé. Il affirme que le sketchnoting est un outil intéressant pour autant qu’il ne soit pas imposé à tous les enfants d’emblée. A noter : certains élèves seront plus ou moins réceptifs ou à l’aise avec cette activité. Il ne serait donc pas pertinent de leur imposer mais bien de leur proposer comme un outil supplémentaire au service de la compréhension et de la mémorisation[19].

Enseignants prêts à intégrer ce nouvel outil ?

L’école et ses enseignants sont-ils prêts à intégrer des nouveautés comme le sketchoting ? Ne sont-ils pas frileux face à un nouvel outil qui leur demande encore de se former, revoir leur pratique, changer leur rapport au savoir, à la prise de note ? Comme le dit Enseignons.be : On s’éloigne du mode réceptif en mode « enregistreur ». Ici, plusieurs canaux sont sollicités, l’ouïe, la vue et le kinesthésique[20]. On est dans une démarche plus participative et personnalisée de la part de l’élève que les écoles à nouvelles pédagogies maitrisent sans doute mieux.

Il semble que le sketchnoting peut rendre l’élève plus acteur dans son apprentissage et donc plus motivé (il n’est plus un simple récepteur, mais va mobiliser toutes ses ressources et son attention pour synthétiser le cours avec logique). Mais cela ne demande-t-il pas un travail supplémentaire à l’enseignant ? Via le dessin de l’enfant, l’enseignant doit être capable de voir si la matière est bien comprise. Déjà envahi par diverses tâches à accomplir, l’enseignant ne va-t-il pas ressentir l’utilisation de ce nouvel outil comme une charge supplémentaire ? De plus, l’enseignant ne va-t-il pas craindre que le sketchnoting ne soit pas suffisant pour comprendre et intégrer le cours ? Ne doit-on pas voir le sketchnoting plutôt comme un outil qui accompagne la synthèse plus théorique et écrite de l’élève ? Certains enseignants ne sont-ils pas encore réticents à utiliser cet outil dans le cadre de leur cours ?

Cette technique peut aussi être perçue comme une perte de temps pour certains. Un article issu de La vie moderne, critique de manière assez virulente la méthode : Du reste, si un élève a besoin de mémoriser des éléments aussi généraux en les dessinant, grand bien lui fasse, mais quel intérêt d'imposer cette pratique à tous et surtout de le faire en classe ? C'est une perte de temps infinie[21].

Certaines pratiques innovantes, parce qu’elles apparaissent comme transgressives, représentent des freins pour les enseignants. Les élèves peuvent également être surpris par de tels outils. Dans les cours dit « classiques », les élèves n’ont pas l’habitude de créer ni de dessiner et cette activité est parfois perçue comme un facteur de distraction qui ne rime pas avec « sérieux ». Découvrir quelque chose de nouveau que l’on ne nous a pas permis de faire auparavant est-il si handicapant ? Voilà de quoi alimenter le débat ! Dans l’exercice d’utilisation de nouveaux outils tels que le sketchnoting, tout n’est pas tout blanc ou tout noir, il faut pouvoir tester avec prudence et constater les effets bénéfiques ou néfastes sur la durée.

L’école, terrain d’expérimentations plurielles

Conscients des possibles failles que le sketchnoting peut présenter, ne faut-il pas encore explorer davantage cette nouvelle technique ? Pour motiver les élèves et c’est là souvent que le bât blesse, l’école ne doit-elle pas devenir novatrice, moderne et s’ouvrir, encore et encore, à de nouveaux outils ? Nos enfants seront peut-être amenés à utiliser de tels outils à l’âge adulte dans les entreprises ou dans leurs futurs métiers. Permettre à l’élève de toucher à tout, ne pas se cantonner à une technique, mais à plusieurs, explorer des choses nouvelles n’est-ce pas cela aussi le rôle de l’école ? Savoir synthétiser les informations, s’autonomiser est sans doute un apprentissage précieux et un enjeu qui peut avoir une influence dans une vie professionnelle de plus en plus mouvante. Pouvoir s’adapter, travailler en équipe, partager ses idées sont des valeurs à promouvoir. D’un point de vue sociétal, aujourd’hui, les adultes qui utilisent activement le sketchnoting font aussi parfois partie d’une véritable communauté où on partage ses « planches » (le résultat final du sketchnoting). En effet, étonnamment, les sketcnoteurs partagent leurs « œuvres » sur les réseaux sociaux. Grâce à ce partage, les sketchnoteurs ont de nouvelles idées, explique encore Christophe Vanderroost. Cela crée ainsi des liens et une solidarité entre les sketchnoteurs. On dépasse ainsi l’individualisme pour se concentrer sur le plaisir de créer ensemble.

Conclusion

Pour finir, le sketchnoting est-il si nouveau ? Léonard de Vinci ne faisait-il pas quelque part déjà du sketchnoting bien avant nous ? Un carnet, des notes, des croquis… Un bon départ vers une œuvre. Le modelage des cerveaux de nos enfants ne sont-ils pas également des œuvres d’art ? Nos enfants n’ont-ils pas tout simplement besoin de création pour mieux apprendre, fixer et réenchanter leurs apprentissages ?

Pour l’UFAPEC, l’école doit en tout cas encourager les dynamiques pédagogiques variées. Dans son dernier mémorandum[22], l’UFAPEC insiste sur le fait de : Laisser les élèves être, notamment, acteurs de découverte en agissant sur et avec les objets de connaissance. Ceci en multipliant les méthodes et pratiques pédagogiques telles que l’apprentissage par le jeu, par projet, par expérimentation (essai/erreur), sans oublier la mémorisation et le drill. Chaque élève apprend différemment et les apprentissages peuvent être abordés de manières très différentes en fonction des objectifs, des contextes, des moyens à disposition. Aux pédagogues de penser, d’imaginer et de proposer, à côté des méthodes « classiques », des chemins d’apprentissages renouvelés.

Apprendre à apprendre, apprendre à exprimer sa pensée de manière graphique, apprendre à synthétiser, apprendre à être autonome, prendre du plaisir à apprendre de manière ludique, créer, imaginer, etc., voici ce que nous pouvons rêver pour nos enfants. Les enfants ont le droit d’apprendre en s’amusant, en étant acteurs et créatifs.

Le sketchnoting, est un outil parmi d’autres, pour s’ouvrir à divers horizons et réenchanter les apprentissages. Peut-être cet outil est-il perfectible, mais faut-il pour autant le ranger au placard ? Découvrir encore et encore de nouveaux outils, expérimenter, prendre des techniques d’autres univers que celui de l’école semble être une chance pour nos enfants. Grâce à cette ouverture d’esprit et cette fenêtre vers l’extérieur, ceux-ci seront, sans doute, mieux armés pour affronter le monde de demain…

 

France Baie

 

 


[1] France Baie, Faire classe dehors dans l’enseignement fondamental : une nouvelle approche ?, analyse UFAPEC - 02.19 - http://www.ufapec.be/nos-analyses/0219-faire-classe-dehors.html - lien vérifié le 7 janvier 2021.

[2] https://www.mind-mapping-decision.com/mind-mapping-definition/ - lien vérifié le 7 janvier 2021. Voir les activités des AP relayées par l’UFAPEC dans notre agenda : http://www.ufapec.be/files/files/agenda/10-08ccm.pdf - http://www.ufapec.be/agenda/21012016-mind-mapping-ciney.html - lien vérifié le 7 janvier 2021. La technique du mindmapping a été expliquée aux parents dans certaines conférences organisées par les associations de parents affiliées à l’UFAPEC.

[3] Fondateur du concept de sketchnote, Mike Rohde est graphiste, illustrateur et auteur.
Son site : http://rohdesign.com/

[4] Valentine Anciaux, « Le sketchnoting », une autre façon de prendre note, https://www.enseignons.be/2019/06/12/le-sketchnoting-une-autre-facon-de-prendre-note/ - lien vérifié le 7 janvier 2021.

[5] Formation donnée par visio-conférence par Christophe Vanderroost à laquelle France Baie a assistée, le 19 décembre 2020. Voir aussi le site Créapicto -  https://www.facebook.com/Creapicto/ - lien vérifié le 7 janvier 2021.

[6] Valentine Anciaux, « Le sketchnoting », une autre façon de prendre note, https://www.enseignons.be/2019/06/12/le-sketchnoting-une-autre-facon-de-prendre-note/ - lien vérifié le 7 janvier 2021.

[7] Interview de Valérie Kempinaire effectuée par France Baie, le 12 janvier 2021.

[8] Interview de Christophe Vanderroost effectuée par France Baie, le 16 décembre 2020. Voir aussi le site Créapicto - https://www.creapicto.com/ - lien vérifié le 14 janvier 2021.

[9] Valentine Anciaux, « Le sketchnoting », une autre façon de prendre note, https://www.enseignons.be/2019/06/12/le-sketchnoting-une-autre-facon-de-prendre-note/ - lien vérifié le 7 janvier 2021.

[10] Psychologue hongrois - https://fr.wikipedia.org/wiki/Mih%C3%A1ly_Cs%C3%ADkszentmih%C3%A1lyi – lien vérifié le 19 janvier 2021.

[11] Médecin et coach, fondatrice de Neuro-Echology.

[12] La dysgraphie est un problème d'écriture dans lequel les enfants ne parviennent pas à organiser et à coordonner leur écriture.

[13]  La dyspraxie est un trouble de la planification des gestes volontaires, intentionnels.

[14] Interview de Bénédicte Prévost effectuée par France Baie, le 12 janvier 2021.

[15] Interview de Frédéric Coché effectué par France Baie, le 6 février 2021.

[16]  L’équipe ESCOL (Éducation et scolarisation) regroupe des enseignants-chercheurs et chercheurs associés exerçant pour la plupart à l’Université Paris 8 Saint-Denis ou à l’Université Paris-est Créteil – ESPÉ de l’Académie de Créteil. Les travaux menés dans le cadre de cette équipe visent pour l’essentiel à étudier et mieux comprendre le renouvellement des processus de production des inégalités sociales et sexuées en matière de scolarisation - https://circeft.fr/ - lien vérifié le 6 février 2021.

[17] Jean-Pierre Costille, Le Monde. Outils pédagogiques : « J’utilise le sketchnoting en classe » - 1er octobre 2019 - https://www.lemonde.fr/societe/article/2019/10/01/outils-pedagogiques-j-utilise-le-sketchnoting-en-classe_6013712_3224.html

[18] Canopé (Réseau de création et d'accompagnement pédagogiques), anciennement Centre national de documentation pédagogique (CNDP), est un établissement public à caractère administratif et éditeur de ressources pédagogiques public, dépendant du ministère de l'Éducation nationale français. https://fr.wikipedia.org/wiki/Canop%C3%A9_%28r%C3%A9seau%29 – lien vérifié le 29 janvier 2021.

[19] CANOPE – Pour faire classe à distance- Aider les enfants à apprendre une leçon difficile grâce au sketchnoting - https://www.reseau-canope.fr/fileadmin/user_upload/Projets/CanoTech/Fiches_pdf/apprendre_lecon_difficile_sketchnoting.pdf - lien vérifié le 29 janvier 2021.

[20] Valentine Anciaux, « Le sketchnoting », une autre façon de prendre note, https://www.enseignons.be/2019/06/12/le-sketchnoting-une-autre-facon-de-prendre-note/ - lien vérifié le 7 janvier 2021.

[22] UFAPEC- Mémorandum 2019 – Janvier 2019 – p. 44 - http://www.ufapec.be/files/files/Politique/memorandum/MEMORANDUM-2019.pdf - lien vérifié le 12 janvier 2021.

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