Etude UFAPEC décembre 2020 par A. Floor

16.20/Et3 - Impact des nouvelles pratiques de communication numérique sur les relations familles-école

Introduction

La communication numérique parents-école prend de l'ampleur depuis quelques années, que cela soit par l'intermédiaire des courriers électroniques, des sms, de logiciels ou de plateformes collaboratives. L'arrivée du coronavirus aura accéléré le mouvement. L'objectif de cette étude est de prendre un temps d'arrêt et d'observation en écoutant les différentes parties concernées par ces nouveaux modes d'interaction : direction, enseignants, parents, élèves, conseillers techno-pédagogiques… Cette étude s'étend sur plusieurs périodes significatives : avant le confinement, pendant l'interruption des cours et après la rentrée de septembre. Le but ici n'est pas d'examiner l'enseignement à distance en tant que tel, mais plutôt de cerner les impacts de ces nouveaux modes de communication numérique sur les relations entre les parents et l'école.

De plus en plus d’écoles ont franchi le pas et ont mis en place une plateforme numérique dans leur école. La partie visible de cette plateforme pour les parents sera très variable d'une école à l'autre ; parfois les parents n'y auront pas accès ou elle permettra simplement d'échanger des messages avec les enseignants, la direction et les éducateurs. En revanche, dans certaines écoles, tout se retrouve sur la plateforme : le journal de classe, les points, les bulletins, certaines notes de cours, le dossier disciplinaire de l'élève… Les plateformes collaboratives sont, par ailleurs, de plus en plus utilisées dans les écoles et le récent décret sur l’organisation de la charge de travail des professeurs, incluant le travail collaboratif, renforce encore un peu plus l’intérêt pour ce genre d’outil.

L'arrivée du coronavirus aura accéléré l'implantation ou accentué l'utilisation de nouveaux outils de communication numérique. Mon étude a démarré avant le confinement par la réalisation d'interviews d'enseignants, de directions d'école et de parents à propos des effets de cette communication numérique sur les liens école-familles. J'ai ensuite prolongé mes investigations par une enquête en ligne au mois de juin auprès de parents, pour poursuivre avec une analyse à chaud de la rentrée de septembre et de la mise en place de l'enseignement à distance pour l'enseignement secondaire fin octobre. J'ai également profité de l'apport de nombreuses études post-confinement pour alimenter mes réflexions et mes questionnements, en particulier la question de la fracture numérique.

L'idée de cette exploration des outils numériques est née du terrain et des constats faits, au début de cette année 2020, des politiques très diverses des écoles en termes de communication numérique avec les élèves ou les parents. En tant qu'animatrice, chargée par l'UFAPEC de la thématique des élèves à besoins spécifiques (EBS) dans l'enseignement ordinaire, je recevais des témoignages très positifs sur l'utilité de ces plateformes pour le suivi de la scolarité de ces élèves : journal de classe en ligne, cours accessibles en format PDF, communication beaucoup plus directe des élèves et des parents vers les enseignants… Le partenariat école-familles semblait mieux se dérouler. Pourquoi, alors, certaines écoles restaient-elles frileuses par rapport à ces plateformes ? N'y a-t-il pas là un risque d'écoles à deux, trois, quatre vitesses ? Ne faudrait-il pas imposer ces plateformes à toutes les écoles ? Est-ce réellement envisageable avec tous les publics de parents ? Et, dans le même temps, j'avais encore en tête des interviews[1] d'enseignants prônant les rencontres en chair et en os avec les parents et refusant ces modes de communication numérique. Ces deux dimensions (numérique et physique) pouvaient elles co-exister dans un partenariat école-familles ? Ne risquait-t-on pas de perdre la dimension relationnelle et les interactions que permettait le contact direct ? Quels étaient les points d'attention pour éviter qu'un mode de communication ne supplante l'autre ? Il me semblait surtout important que l'UFAPEC, en tant qu'organisation représentative des parents et des associations de parents, prenne le temps d'analyser cette mutation vers le numérique afin de veiller à ce que TOUS les parents et TOUS les élèves y gardent une place. Comment va évoluer le partenariat école-familles à l'ère du numérique ? Quels sont les points d'attention à relever pour éviter certaines dérives de notre société vers le tout au numérique ? Certaines franges de la population sont déjà clairement laissées sur le côté. Citons, entre autres, les personnes âgées avec les transactions bancaires qui ne se réalisent plus au guichet des banques, mais en ligne, ou les demandeurs d'allocations d'études qui se perdent dans les arcanes des demandes électroniques et qui peinent à recevoir de l'aide via un numéro vert indiqué…

Comment veiller à ce que ce partenariat école-familles qui se construit numériquement n'en vienne pas à exclure une certaine frange de parents ? Cette nouvelle communication supplante-t-elle, complète-t-elle ou enrichit-elle les rencontres en chair et en os avec l'équipe pédagogique ? Qu'est-ce que cela induit aussi en termes de relations entre élèves et professeurs ? Entre parents et enseignants ? Ou entre parents et enfants ? Et en temps de confinement, quels sont les plus de ces plateformes ? Faudrait-il les généraliser dans l'urgence de la situation sanitaire actuelle ? Ou, alors faudrait-il faire preuve de discernement et de prudence en analysant les expériences passées ? Est-ce vraiment la panacée ? Voici donc les questions auxquelles cette étude veut répondre.

 

Anne Floor

 

(télécharger l'étude complète - 54p. - ci-contre)

 

[1] FLOOR Anne, Ce serait quoi une « bonne » réunion parents-enseignants dans le secondaire ?, UFAPEC, analyse 28.19, décembre 2019. http://www.ufapec.be/nos-analyses/2819-reunions-parents.html

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