Analyse UFAPEC novembre 2018 par F. Baie

22.18/ Féminisation de la fonction enseignante : causes et impacts pour les élèves ?

Introduction

A l’école, nos enfants côtoient plus d’enseignantes que d’enseignants. La féminisation de la fonction enseignante prend de l’ampleur. « Les indicateurs de l’enseignement 2017 » confirment également cette augmentation de la proportion des femmes dans la profession : L’enseignement poursuit sa féminisation, à tous les niveaux d’enseignement et plus particulièrement dans les fonctions d’inspection et de direction ou sous-direction ; toutefois la représentation des femmes y reste la moins importante, en particulier au niveau de l’enseignement secondaire. La fonction de surveillant-éducateur est plus équilibrée et très stable depuis 10 ans[1].   

Cette féminisation de la fonction enseignante a été progressive. Souvenons-nous des « maîtres masculins » qui incarnaient l’autorité et le savoir au XIXe siècle. Une étude (2014) de la Ligue de l’Enseignement et de l’Education permanente nous rappelle que depuis le début du XXe siècle, la fonction d’instituteur semble progressivement se féminiser. Auparavant, le rapport quantitatif entre instituteurs et institutrices était égal. Ce rapport s’inverse au début du XXe siècle.  En 1911, le corps enseignant compte 54 % de femmes pour 46 % d’hommes [2].

Quelles sont les causes de cette féminisation ? Est-elle le signe d’une émancipation des femmes, d’une valorisation ou d’une dévalorisation d’une profession ? Quels sont les enjeux sociétaux liés à cette féminisation et notamment pour les élèves et les écoles ?  

Quelques chiffres

Selon les indicateurs de l’enseignement 2017[3] :

  • Au niveau maternel : le personnel enseignant est à 97 % féminin
  • Au niveau primaire : le personnel enseignant est à 82 % féminin
  • Dans l’enseignement secondaire ordinaire : le personnel enseignant est à 63 % féminin
  • Dans l’enseignement spécialisé : le personnel enseignant est à 68 % féminin

Au niveau des surveillants et des éducateurs (dans l’enseignement ordinaire) : le personnel est à 58 % féminin

Au niveau des surveillants et des éducateurs (dans l’enseignement spécialisé) : le personnel est à 51 % féminin

En 2017, au niveau des postes d’inspection et de direction (sous-direction), dans l’enseignement fondamental ordinaire, 55 % de femmes détiennent le poste d’inspectrice et 62 % de femmes occupent des postes de direction.

On peut constater une progression puisqu’en 2007, 51 % de femmes détenaient le poste d’inspectrice et 55 % de femmes étaient directrices.

Dans l’enseignement secondaire, pour les postes d’inspection et de direction, les femmes sont moins bien représentées mais prennent aussi progressivement une place puisqu’en 2007, nous avions 35 % d’inspectrices et 32 % de directrices (sous-directrices) et qu’en 2017, elles sont 43 % à être inspectrices et 44 % à être directrices (sous-directrices).

Ces chiffres témoignent de la féminisation manifeste de la profession. Le tableau ci-dessous reprenant les chiffres des indicateurs 2017 est parlant.

représentation du personnel enseignant féminin

Causes de cette féminisation

Pour certains sociologues, cette féminisation de la profession enseignante est liée de près à l’émancipation des femmes et est signe du progrès de la condition féminine :  Les filles se sont emparées du diplôme comme « arme des faibles » (T. Poullaouec, 2010), et ont investi la profession enseignante comme levier de conquête du marché du travail, dans un contexte social de rapports sociaux inégaux (D. Kergoat 1991, R. M. Cacouault-Bitaud, 2007, R. Pfefferkorn, 2007)[4].

Les enseignantes dans l’histoire contemporaine sont des figures historiques et sociologiques exemplaires du progrès de la condition féminine, en effet ces femmes ont très tôt compris que les clés de leur émancipation se trouvaient dans l’école (C. Baudelot, R. Establet, 1992) [5].

Dans un article écrit par Marie-Noëlle Lovenfosse, journaliste au SeGEC (Secrétariat Général de l’Enseignement Catholique »), Bernard Fusulier[6], directeur de recherches au FNRS, professeur de sociologie à l’UCL et président du Comité Femmes et Sciences de la Fédération Wallonie-Bruxelles, explique que certains métiers sont plus prisés par les femmes que par les hommes parce qu’ils sont associés à des qualités dites « féminines » (le soin, l’écoute, l’aide aux personnes, l’expression des émotions, etc.). Les métiers du « care » sont encore exclusivement réservés aux femmes. Combien de jeunes hommes osent d’ailleurs se lancer dans des études d’instituteurs maternels ou de puériculteurs parce que notre société nous renvoie une image « féminisée » de ces métiers ?

Dominique Houssonloge, dans une étude de l’UFAPEC[7], rejoint l’idée de Bernard Fusulier quant au cantonnement des femmes dans leurs choix par rapport à certains métiers : Alors que les femmes réussissent mieux à l’école dans tous les niveaux d’enseignement, elles choisissent des options et professions principalement dans le secteur des services et soins aux personnes, moins valorisées socialement , avec moins de responsabilités et moins bien rémunérées; elles optent plus souvent pour des temps partiels et des aménagements de carrière - réduisant ainsi leur salaire et leur pension- de façon à assurer une grande part des soins aux enfants, aux proches et au ménage au détriment de leur temps de loisirs ,inférieur à celui des hommes. Il en va de même en politique où au fur et à mesure que l’on monte dans la hiérarchie, se retrouvent de moins en moins de femmes. Le fameux plafond de verre est encore bien présent et maintient les femmes dans des rôles subalternes.

Bernard Fusulier s’interroge encore : La féminisation accrue dans l’enseignement, comme dans le reste du non-marchand (ex : infirmières), peut-elle signifier que l’enseignement devient plus un métier où on soigne qu’un métier où on transmet ? Pour ce sociologue, le soin semble devenir une composante importante du métier : Dans le milieu scolaire et universitaire, on entend dire qu’il faut trop biberonner, voire materner les étudiants. Plus fondamentalement, ils sont devenus objet d’attention en tant que personne ayant sa propre histoire, ses conditions d’existence spécifiques ainsi que des potentialités qui lui appartiennent. Il faut alors différencier les approches, les soutenir, les accompagner, éviter de les heurter… En ce sens, la féminisation de l’Ecole ne renvoie pas seulement à la quantité de femmes, mais aussi à la qualité de la relation pédagogique attendue (prendre soin). Je ne suis pas certain que la féminisation démographique du corps enseignant soit la cause de la féminisation de la relation pédagogique, j’aurais même tendance à penser le contraire : c’est parce que les qualités dites féminines ont été institutionnellement valorisées dans la relation pédagogique que le métier a attiré et attire plus de femmes et moins d’hommes. [8]

Certains vous diront que les femmes choisissent davantage le métier d’enseignants parce que cette profession leur permet de concilier plus facilement vie familiale et vie professionnelle. Affirmer que les femmes recherchent des métiers où elles peuvent concilier leur vie familiale et leur vie professionnelle n’est-il pas réducteur ? Est-ce là leur réelle motivation ? Pour ces femmes, la soif de transmettre un savoir n’est-elle pas la priorité ?

Certains vous diront que le métier d’enseignant est un métier alléchant pour les femmes, car il libère plus de temps extraprofessionnel que la plupart des autres métiers. Certains vous diront que c’est biologique, que la femme est ainsi faite, qu’elle a dans sa nature même le désir de materner et de veiller sur ses enfants, que cela l’arrange bien d’être présente pour ses enfants et que ses choix professionnels se font en fonction de cet héritage génétique. Certains vous diront que le côté biologique n’est pas à nier, d’autres vous diront le contraire. Est-ce vraiment la génétique qui influence les choix des femmes ou est-ce la société tout entière qui attribue de manière stéréotypée aux femmes ce côté maternel ? N’y a-t-il pas des femmes moins maternelles et des hommes « maternels » ? Malgré tous les messages d’égalité hommes-femmes actuels, de nombreuses femmes mettent encore aujourd’hui leur carrière de côté et cherchent désespérément le métier qui pourra faire l’affaire en matière de conciliation. Est-ce aux femmes à devoir libérer de leur temps pour leur famille ? Y a-t-il une évolution en la matière ? Aujourd’hui, n’y a-t-il que les femmes qui désirent concilier leur vie professionnelle et familiale ? Les hommes n’en n’ont-ils pas aussi envie ? Ainsi s’interroge, Dominique Houssonloge dans son étude[9] : Ne serait -ce pas aussi le père moderne qui pourrait réconcilier l’homme avec toute la dimension de son être ? Certes, il ne faut pas être père pour être homme mais les nouveaux pères ou pères modernes sont sans nul doute des témoins heureux de nouveaux visages de la masculinité.

Dans une revue française de pédagogie[10], les chercheurs Jean-Louis Berger et Yannick D’Ascoli expliquent les motivations extrinsèques des futurs enseignants à choisir cette profession : Les avantages offerts par la carrière enseignante sont probablement l’une des raisons pour lesquelles certaines personnes choisissent cette carrière. La possibilité de concilier vie de famille et vie professionnelle est offerte par le métier d’enseignant, ce qui peut attirer, selon certaines études et au contraire des croyances populaires, tant les hommes que les femmes (Richardson & Watt, 2005). La recherche d’une profession socialement valorisée n’est par contre, selon d’autres études, qu’une motivation très secondaire (Huberman, 1989 ; Postic, Le Calve, Joly et al., 1990).

En suivant les idées de Jean-Louis Berger et de Yannick D’Ascoli, les personnes qui choisiraient le métier d’enseignants ne chercheraient donc pas à disposer d’une profession valorisée. Les femmes plus nombreuses à choisir le métier d’enseignant n’ont-elles pas besoin, elles aussi, de reconnaissance sociale ? Les hommes auraient-ils encore besoin, aujourd’hui, d’un métier valorisé et « viril » où ils peuvent affirmer les qualités masculines stéréotypées de notre société (affirmation de soi, technique, force) ? Ou au contraire est-ce la féminisation de cette profession et le « trop plein de femmes » qui dévaloriserait le métier d’enseignant ?

Pour Antoine Prost[11], spécialiste des questions d'éducation, la féminisation de la fonction enseignante “témoigne d’un statut social diminué” et “de la mutation du métier qui apparaît comme un métier parmi d’autres, et non plus comme une vocation supérieure à laquelle se consacraient des intellectuels désintéressés[12].

Il n’est pas le seul à penser cela : Les hommes se sont détournés de ce métier parce qu'il s'est dévalorisé, les élèves venant de milieux de plus en plus hétérogènes. Et les disciplines universitaires plus volontiers scientifiques dans lesquels s'inscrivent les jeunes hommes leur ouvrent des possibilités professionnelles plus rémunératrices que le professorat[13].

Certains affirment que la féminisation d’une profession fait baisser son prestige. Dans le même esprit, les analyses de Pierre Bourdieu induisent l’idée que la capacité d’une profession à résister au déclassement se mesure à son pouvoir d’endiguer le flot des candidatures féminines. Il met en exergue le cas des professions libérales qui “au prix d’une politique délibérée de numerus clausus, ont pu limiter l’accroissement numérique et la féminisation [14]

Pour Bernard Fusulier, il est probable que la baisse de prestige soit une des causes de ce « manque d’hommes » dans la profession enseignante : Qu’on le veuille ou non, un ordre genré prévaut toujours dans nos sociétés ; cet ordre distingue et hiérarchise le « masculin » et le « féminin » et continue à assigner des rôles différenciés aux hommes et aux femmes. Et il reste socialement attendu d’un homme qu’il joue le rôle de « Monsieur gagne-pain » en assurant le bien-être matériel et le statut social de sa famille. Or, si le métier d’enseignant est vu comme un métier « féminin », qu’il perd de son prestige social, et qu’il est décrié au niveau de la rémunération, il réduit logiquement son attractivité auprès de la gent masculine. Nous sommes pourtant là dans des représentations sociales partiellement tronquées, car le métier d’enseignant continue à être axé sur la transmission de connaissances et l’apprentissage d’une démarche rationnelle ; l’autorité professorale est érodée, mais n’a pas disparu ; si ce n’est plus une profession d’exception (notamment face à l’augmentation du nombre de personnes diplômées de l’enseignement supérieur et au volume d’enseignants), elle livre un statut professionnel qui n’est certainement pas relégué au bas de la stratification sociale ; et les conditions d’emploi ne sont pas indécentes.

Des garçons qui ont du mal à s’identifier et à se construire ?

Certains pédopsychiatres tel que Stéphane Clerget pensent qu’il faut réintroduire des hommes à l’école et que c’est un enjeu sociétal important. Pour ce médecin qui a travaillé sur les différences « hommes-femmes », le corps enseignant est trop féminin et les garçons ont du mal à s’identifier et à se construire quand ils sont confrontés quotidiennement à des sujets exclusivement féminins. Pour lui, les garçons sont en danger : il faut réintroduire des hommes à l'école ! Pour Stéphane Clerget, l'école est trop féminine, ce qui peut entrer en contradiction avec la construction de l'identité masculine. "L'école ne devrait pas être le prolongement des jupes de la mère !", affirme-t-il[15].

Dans un article du Figaro[16], Stéphane Clerget affirme encore que : L’école n'est plus adaptée aux garçons. Il y a plusieurs explications à cela, mais la principale est que le corps enseignant est majoritairement féminin, surtout dans le primaire et au collège, et les garçons ont du mal à s'identifier à des « sujets supposés savoir » féminins. D'autant qu'à la maison, ce sont les mères qui s'occupent des devoirs la plupart du temps. Ce qui n'était pas le cas autrefois, lorsque les pères vérifiaient les notes et punissaient. On voit bien dans ce cas le rôle capital que joue l'environnement. Stéphane Clerget y va fort : Si nous ne faisons pas cette révolution, si nous ne réintroduisons pas les hommes à l'école, nous courons à la catastrophe[17].

De même pour le chercheur, historien et écrivain Jean-Louis Auduc[18], les garçons ont besoin d’enseignants masculins pour forger leur identité et combattre l’échec scolaire : Il y aurait lieu de se féliciter de la diversification des personnels intervenant devant les élèves, notamment pour travailler à éviter les échecs des jeunes garçons à l’école primaire. Il y a dans ce domaine un effort à faire pour que l’égalité et la diversité de genre garçons-filles soient une réalité parmi les enseignants permettant ainsi de mieux donner des repères identitaires aux jeunes[19].

Certains pensent que l’augmentation de la proportion de femmes dans la profession enseignante ne donne qu’une image parcellaire de la société aux enfants. Selon eux, il faut veiller à éviter une féminisation totale. Jean-Louis Auduc, dans son essai « Sauvons les garçons ! » pense encore que : Toutes les professions qui interviennent autour de l'enfance et de l'adolescence se sont massivement féminisées. Et, pendant leur scolarité, les garçons ne rencontrent plus de modèles masculins, auxquels ils peuvent s'identifier [20].

Féminisation et impact sur l’égalité de genre à l’école

Les enseignants et les enseignantes vont-ils traiter différemment les garçons et les filles en ayant des idées bien préconçues à leurs sujets ? Les stéréotypes vis-à-vis des filles et des garçons vont-ils se créer en fonction du « genre » du professeur ? La féminisation croissante de l’enseignement a-t-elle également des impacts sur la problématique d’égalité de genre à l’école ? Interrogée par Dominique Houssonloge[21] à ce sujet, Catherine Lemaitre, coordinatrice du CEF (Comité des Elèves Francophone pour le secondaire) répond à cette question : L’école n’est pas consciente qu’elle reproduit et renforce les stéréotypes de genre. En survalorisant les valeurs masculines, on ne permet pas aux filles d’oser, elles n’ont pas confiance en elles ni dans leur potentiel et choisissent des options où elles sont sûres de réussir alors que les garçons sont invités de façon implicite à prendre des risques, à être créatifs et entreprenants. De même, on ne permet pas non plus aux garçons de choisir des filières « plus féminines ».

Pour Catherine Lemaitre, ces stéréotypes ne sont pas liés aux « genres » des professeurs, mais au système scolaire tout entier : Je pense que cette féminisation est effectivement une réalité mais qu'a priori, c'est la structure scolaire, le système scolaire, qui reproduit et renforce les stéréotypes. Que les professeurs soient des hommes ou des femmes, ils ou elles n'auront connu que ce système reproducteur d'inégalités, de leurs 3 ans à leurs 65 ans. Si à un moment, le système scolaire ne se remet pas en question et ne dit pas "stop, il faut que ça change radicalement", c'est compliqué de reprocher aux professeurs de reproduire ce qu'ils connaissent sans leur donner les outils pour déconstruire toutes ces inégalités.

Une féminisation responsable du décrochage scolaire ?

Stéphane Clerget et Jean-Louis Auduc lient tous deux les échecs scolaires des garçons à la féminisation des enseignants. Mais les chercheuses canadiennes Michèle Asselin et Gisèle Bourret nous mettent en garde et nous conseillent de ne pas tomber trop vite dans un amalgame d’affirmations qui se présentent comme des causes au décrochage scolaire des garçons du style : il y a trop de profs féminins, l’école véhicule des valeurs féminines, le féminisme a détruit l’estime de soi des garçons et des hommes, et c’est pour cette raison qu’il y a tant de décrochage chez les garçons ! Pour les chercheuses, le problème réel du décrochage ne se situe pas seulement là et ce discours nous éloigne du cœur de la question. Serait-ce pour cette raison qu'ils réussissent moins bien que les filles à l'école ? Rien n'est moins simple. Des études réalisées dans plusieurs pays montrent qu'il n'y a pas de lien entre le sexe du personnel enseignant et la réussite scolaire. Ce qui compte avant tout, c'est la qualité de la relation entre le professeur et l'élève[22], affirment les chercheuses canadiennes.

Des garçons en manque d’autorité ?

Isabelle Collet, maîtresse d’enseignement et de recherche en sciences de l’éducation à l’Université de Genève et à l’Institut universitaire de formation des enseignants, relève le fait que beaucoup de personnes pensent qu’avec cette féminisation des enseignants, les garçons se voient privés d’une autorité : Autre conséquence supposée de la féminisation du métier, la disparition de l’autorité et donc du respect que les élèves doivent au « maître ». Les femmes n’arriveraient pas à se faire respecter des élèves aujourd’hui, jugés bien pires que ceux d’hier (et probablement meilleurs que ceux de demain). Pour restaurer l’autorité en classe, David Cameron[23] déclare avec assurance en 2011 qu’il est urgent de renforcer dans les classes la présence d’hommes, capables de montrer à la fois « force et sensibilité » ![24]

Mais n’est-ce pas là faire encore un raccourci ? Les hommes seraient doués d’une autorité naturelle alors que les femmes non ? Et d’ailleurs, est-ce vraiment l’autorité qui est importante ? Ne faut-il pas plus se focaliser sur la formation à la gestion d’une classe ? Faut-il encore aujourd’hui avoir des figures de pater familias pour se faire respecter ?

Pour Isabelle Collet Déplorer la disparition de l’autoritarisme à l’école est tout simplement hors sujet… et éventuellement sexiste[25].

Conclusion

Aujourd’hui, des efforts sont déployés pour attirer les femmes dans les métiers qui autrefois étaient catégorisés comme des « métiers d’hommes » : policiers, ingénieurs, électriciens, etc. Mais qu’en est-il des mesures prises pour faire du métier d’enseignant un métier valorisant qui pourraient également attirer les hommes ? Il est vrai que « l’argumentaire est moins simple à fabriquer pour le professorat que pour l’ingénierie : ni les hauts salaires, ni la carrière, ni la reconnaissance sociale ne peuvent être mis en avant[26], nous dira Isabelle Collet. Les attentes parfois démesurées de certains « parents clients », les difficultés à gérer des élèves difficiles, les nombreuses compétences à posséder pour mener la barque des savoirs des élèves à bon port ne font rien pour arranger l’affaire. L’enseignement consiste en une expérience relationnelle complexe qui comporte de multiples facettes. Le métier d’enseignant est devenu une profession éprouvante et dévalorisée.

Pourtant, nous le savons tous, cette profession est essentielle, car l’éducation constitue la base de notre société. Redonner du « peps » à ce métier mais aussi changer nos représentations en matière de genre pour permettre aux hommes de travailler dans la petite enfance sont des conditions sine qua non pour faire naître des vocations parmi les jeunes. Dans son mémorandum 2014, l’UFAPEC insistait pour veiller à mettre en place un système adéquat pour répondre à la pénurie d’enseignants et au remplacement des professeurs absents. Aujourd’hui encore, l’UFAPEC est convaincue de cette nécessité. La formation initiale et continuée des enseignants est également à repenser afin de mieux coller à la réalité des classes et des écoles. Comme pour dans de nombreuses professions, avoir davantage de parité hommes-femmes parmi le personnel enseignant semble, pour l’UFAPEC, être une bonne chose tant pour l’épanouissement des enfants que pour la diversité et la richesse des échanges entretenus au sein des équipes éducatives.

 

France Baie

 


[1] http://www.enseignement.be/index.php?page=0&navi=2264– pp. 48 et 49 – Lien vérifié le 7/09/2018

[3] http://www.enseignement.be/index.php?page=0&navi=2264--pp. 48 et 49– Lien vérifié le 7/09/2018

[5] Op. cit.

[6] LOVENFOSSE M-N., « Enseigner, un métier féminin ? » in Entrées libres n°128/avril 2018, p. 9.

[7] HOUSSONLOGE D, Cinquante ans après mai 68, l’égalité hommes-femmes en tension. Entre envies égalitaires et résistances conservatrices. Etude UFAPEC, octobre 2018/15.18. p. 25.  http://www.ufapec.be/nos-analyses/1518et2-egalite-hommes-femmes.html

[8] LOVENFOSSE M-N., Enseigner, un métier féminin ? in Revue Entrées libres N°128/avril 2018, p. 9.

[9] HOUSSONLOGE D, Cinquante ans après mai 68, l’égalité hommes-femmes en tension. Entre envies égalitaires et résistances conservatrices. Etude UFAPEC, octobre 2018/15.18. p. 44.  http://www.ufapec.be/nos-analyses/1518et2-egalite-hommes-femmes.html

[10] BERGER Jean-Louis et D’ASCOLI Yannick, Les motivations à devenir enseignant : revue de la question chez les enseignants de première et de deuxième carrière, in Revue Française de pédagogie – Recherches en éducation - Point 9 /Avril-Juin 2011. Voir : https://journals.openedition.org/rfp/3113#tocto1n2 – Lien vérifié le 8/10/2018

[11] Antoine Prost est un historien de la société française au xxe siècle à travers notamment l'étude des groupes sociaux, des institutions et des mentalités. Spécialiste des questions d'éducation, il collabore à plusieurs reprises à la définition des politiques d'éducation depuis 1964. Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/Antoine_Prost - Lien vérifié le 10/10/2018

[17] Idem

[18]Jean-Louis Auduc est directeur adjoint de l'IUFM de Créteil. Agrégé d'histoire, il dirige une collection de manuels d'éducation civique et poursuit des recherches sur l'enseignement aux publics difficiles, les relations parents-enseignants et les évolutions du système éducatif. Il a écrit « Sauvons les garçons ! » aux Editions Descartes et Cie.2009.

[21] HOUSSONLOGE D, Cinquante ans après mai 68, l’égalité hommes-femmes en tension. Entre envies égalitaires et résistances conservatrices. Etude UFAPEC, octobre 2018/15.18. pp. 72 et 73.  http://www.ufapec.be/nos-analyses/1518et2-egalite-hommes-femmes.html

[22] Idem

[23] David Cameron est un homme d'État britannique, membre du Parti conservateur et Premier ministre du Royaume-Uni de 2010 à 2016. Voir : https://fr.wikipedia.org/wiki/David_Cameron -Lien vérifié le 10/10/2018

[24]COLLET Isabelle, L’école apprend-elle l’égalité des sexes ? Egale à Egal, Editions Belin, 2016, p. 55.

[25] Idem., p. 56

[26] Idem, p. 57.

Vous désirez recevoir nos lettres d'information ?

Inscrivez-vous !
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de Cookies pour vous proposer des publicités adaptées à vos centres d'intérêts, pour réaliser des statistiques de navigation, et pour faciliter le partage d'information sur les réseaux sociaux. Pour en savoir plus et paramétrer les cookies,
OK