Analyse UFAPEC mars 2013 par A. Pierard

05.13/ Processus d’individualisation de soi à l’adolescence

Plus un enfant, pas encore un adulte, le jeune a le plumage fragile des oiseaux qui muent.
NATANSON Madeleine
 

Introduction

Plus un enfant, pas encore un adulte, l’adolescent se cherche. Cette période de la vie demande des repères, la découverte et la construction de soi.

Dans notre société actuelle, l’importance n’est plus donnée au groupe, et plus spécifiquement à la famille, mais à l’individu en lui-même, pour lui-même. Il est demandé à celui-ci de se définir dans le regard de l’autre, de construire son identité dans un objectif de reconnaissance sociale.

L’adolescence, phénomène banal ou capital ? Dans ce contexte, comment percevoir l’âge de l’adolescence ? Quels sont les impacts de l’individualisation de la société sur l’adolescence ?

N’est ce qu’une crise qu’il faut laisser passer ou fait-il être particulièrement attentif au jeune et à la construction de son identité ? Quelle place la famille, l’école et les pairs ont-ils auprès des adolescents ?

Un cadre : la société moderne individualiste

Transformation du lien social

Société traditionnelle

Société moderne

Société holiste (la communauté, le tout)

Société individualiste

Importance de la famille, cellule de base de la société

Importance de l’individu, cellule de base de la société

Définition par les liens de filiation

èLiens hérités

Définition par soi-même (classe, genre, réussite professionnelle,…)

èLiens électifs et contractuels

 

Nous sommes passés d’une société traditionnelle holiste à une société moderne individualiste.

« Le holisme (du grec λoς(holos) : entier) est un système de pensée pour lequel les caractéristiques d'un être ou d'un ensemble ne peuvent être connues que lorsqu'on le considère et l'appréhende dans son ensemble, dans sa totalité, et non pas quand on en étudie chaque partie séparément. Ainsi un être est entièrement ou fortement déterminé par le tout dont il fait partie (…) Le holisme, issu d'Emile Durkheim, appliqué aux systèmes humains, par essence complexes, consiste à expliquer des faits sociaux par d’autres faits sociaux. La société exerce une contrainte (pouvoir de coercition) sur l’individuqui doit intérioriser (ou " naturaliser ") les principales règles et les respecter. Les comportements individuels sont donc socialement déterminés.[1] »

« L’individualisme, même du point de vue sociologique, n’est pas un processus qui détruit la société au profit de l’individu, mais c’est un processus qui conduit à la formation d’une nouvelle société, une société plus individualiste, une société dans laquelle l’individu a une place centrale. C’est l’idée défendue par Norbert Elias dans La Société des individus. Il explique que l’homme naît en tant qu’individu dans la société, l’origine de son individualité est le produit de cette société qui délimite, dès sa naissance, le cadre d’élaboration de son identité propre. Il réfute donc toute position qui tend à séparer et surtout à opposer l’individu à la société.[2] »

Dans la société traditionnelle, l’importance était donnée au collectif et l’individu était défini par les liens de filiation. La définition de soi a évolué dans la société moderne, l’individu est reconnu pour sa personne en tant que telle et se définit par ce qu’il réalise. Dans notre société moderne, il faut se définir soi-même pour se faire sa place. Il y a un objectif social de réalisation de soi au sein de la société.

Même s’ils ne sont plus l’élément le plus important de l’identité de la personne, les liens familiaux gardent une place prépondérante, car ils aident à la construction de l’identité personnelle. La famille est une base importante qui apporte de la stabilité à l’individu dans une société marquée par la fragilité (relations interpersonnelles, crises économiques,…) comme le disent toutes les enquêtes sur les valeurs réalisées auprès de jeunes en Europe.  

Individualisme

Dans notre société moderne, l’individu est donc reconnu pour lui-même avec sa liberté, ses droits et ses intérêts. « Ces dernières décennies ont vu l’avènement de l’individualisme et le sacre des droits de l’homme comme fondements de l’action politique. Au cœur de cette évolution, un nouvel âge de la personnalité et de la socialisation s’est développé : l’autonomie de la personne s’est affirmée, l’autorité s’est affaiblie, la famille s’est désinstitutionnalisée et diversifiée, le déclin de la figure du père s’est accentué au profit de la mère, la négociation et le contrat sont préférés aux normes et aux traditions, les entraves qui empêches d’être soi-même sont rejetées, la tolérance croît envers les minorités, la sphère publique est envahie par les identités privées, la contestation et la protestation sont préférées à l’engagement.[3] »

L’individu doit se définir lui-même pour se faire sa place et de faire reconnaitre au regard des autres dans la société, quelle que soit sa filiation. On doit de définir en dehors de la famille.

« Je ne suis pas que le fils ou la fille de quelqu’un, je suis avant tout moi, un individu à part entière. »

L’adolescence, un moment important

Comme la définit Alain Meunier, « L’adolescence, c’est le moment où sont remis à zéro tous les compteurs de la vie, les horloges biologiques, le grand chantier psychique qui va faire de l’enfant un adulte. C’est le moment des questions sans réponse, de la rencontre avec les autres en dehors du cocon familial, du besoin de modifier ses états de conscience pour supporter la réalité[4] ».

Dans le processus de construction de l’identité personnelle, l’adolescence est effectivement une période décisive permettant de se chercher et de s’affirmer.

Cette période de la vie humaine est marquée par beaucoup de changements pour les adolescents :

  • Des transformations physiques
  • Des transformations psychiques
  • La découverte des autres, l’intégration à la société
  • L’irruption de la sexualité

Cette phase de vie est donc marquée par des remises en question, des doutes, du trouble, de l’embarras,… Ce qui peut expliquer, comme le dit Catherine Potel Baranes, la crise d’adolescence : « Tout adolescent passe plus ou moins par une mise en doute. C'est ce qu'on appelle la crise d'adolescence. Un certain nombre d'entre eux vivent des crises qui les mettent à mal car il y a alors condensation entre cette nouvelle réalité du corps et les enjeux de l'adolescence (notamment une identité et un questionnement autour du sexuel qui s'était apaisé lors de la période de latence) et des conflits, des étapes antérieures qui ressurgissent et mettent à mal le sentiment même d'existence et d'identité.[5] »

L’adolescent va développer de nouveaux désirs d’indépendance et de liberté dans une volonté d’affirmation de soi.

Comme en témoigneSylvie, « C’est une étape qu’on passe, une étape transitoire entre l’enfant et l’adulte.  C'est-à-dire qu’à l’adolescence, on commence à vouloir prendre des responsabilités, à avoir plus de liberté vis-à-vis de la vie familiale. On a envie de sortir pour découvrir un peu ce qui nous entoure et puis on commence aussi à regarder les adultes avec un autre œil, à les critiquer et à voir comment ils réagissent…[6] »

Les changements psychiques et physiques, le questionnement, les désirs de liberté,… Tout cela peut expliquer la fragilité de l’adolescent.  Fragilité qui peut provoquer la prise de risque[7], élément fondamental de l’adolescence. « A cette période charnière de la vie, le risque est un moyen, un passage obligé, vers un but qui le dépasse : la quête identitaire. Celle-ci s'organise dans une dialectique perpétuelle entre le jeune et son univers social, dans lequel il recherche des référents identitaires, adultes avant tout. Ces référents seront crédibles s'ils reconnaissent et respectent leur rôle d'adulte.[8] »

Pour rester crédible en tant que référent, il faut avoir conscience de l’écart de vision entre les adolescents et les adultes, notamment concernant le risque, et pouvoir discuter, entre autres au sujet des comportements à risques, avec le jeune. « Parce que le risque contient des pouvoirs particuliers aux yeux du jeune qui se forge une personnalité : il est une opportunité dans la constitution de son identité et dans la définition de ses relations sociales. Le risque, pour lui, est un moyen plutôt qu’une fin. Cette perception est une pierre d’achoppement entre l’adolescent et l’adulte, qui pour sa part est en quelque sorte (et en règle générale) obnubilé par le risque, en particulier lorsqu’il s’agit de son enfant (et parce qu’il s’en sent responsable). Au contraire de l’adolescent, l’adulte voit d’abord les risques, et puis éventuellement les opportunités.[9] »

A l’adolescence, comme l’explique le pédopsychiatre Philippe Van Meerbeeck, « On entre dans un autre monde, un monde nouveau qui comporte une « inconnue ». On est confronté à l’angoisse. Ce ne sont plus les peurs d’enfant : l’enfant a peur du noir, peur d’être seul. L’adolescent peut encore avoir ces peurs-là mais, en plus, il doit affronter une angoisse existentielle, il se demande « qu’est ce qui m’arrive ? » Cette question est impossible à partager immédiatement avec ses proches. On qualifie souvent cette période d’ « âge bête ». Le jeune garçon et la jeune fille s’isolent, pensent, écrivent, refont le monde, jouent au « jeu de la vérité » avec les copains… Ils veulent aussi vivre des expériences initiatiques de tous ordres. L’adolescence : c’est quand on ouvre un cahier vierge, qu’on l’appelle « journal » et qu’on y écrit « je m’appelle Untel et voilà ce qui m’est arrivé aujourd’hui ». L’adolescence serait peut-être bien le « je pense, donc je suis » : l’âge de la vie où l’on a ce sentiment fascinant et pourtant illusoire de devenir quelqu’un.[10] »

L’adolescent va nouer de nouvelles relations qui vont l’aider dans le processus d’individualisation de soi.

Construction de l’identité

Les trois grandes questions que se posent les adolescents sont les suivantes :

  • D’où je viens ?
  • Qui suis-je ?
  • Ou vais-je ?

Durant cette période de la vie, le jeune passe du monde de l’enfance à celui des adultes et se construit une identité propre.

« L’adolescence (…) est considérée de manière classique comme une étape difficile de la vie. Beaucoup de parents, et avec eux l’opinion publique, considèrent l’adolescence comme la période la plus critique du développement de l’individu. Cette idée est nourrie par le travail d’Erikson, mondialement connu pour sa description systématique des différentes étapes de la vie. L’adolescence doit, selon lui, principalement développer la formation de l’identité. Ceci peut s’accompagner de crises d’identité. L’adolescent ressent de nombreux changements physiques et émotionnels. D’une part, il a des difficultés à les comprendre et ils lui procurent un sentiment d’insécurité, mais d’autre part, ils lui offrent la sensation de pouvoir conquérir le monde… et le changer d’une manière radicale. Simultanément, l’adolescent doit apprendre à se distancier de ses comportements infantiles. Il se trouve devant des choix importants au niveau des études, de son futur métier, de ses relations et de sa sexualité. En outre, il doit réussir à intégrer tous ces éléments dans une nouvelle vision cohérente de sa personnalité.[11] »

La présence d’autres personnes dans notre vie permet le dialogue, la validation de notre moi profond. L’adolescent a donc besoin de parler avec ses pairs, mais aussi avec des adultes, pour obtenir la reconnaissance sociale dont il a besoin.

Les instances de socialisation

La construction de son identité personnelle demande la présence d’autrui. L’adolescent a besoin des autres pour se construire, révéler et stabiliser son identité.

Il y a une réelle demande de reconnaissance, car le jeune manque de confiance en lui. Le regard de l’autre permet à l’adolescent de se définir et de lui donner une identité.

« L’adolescent, en quête d’identité et de reconnaissance, va trouver des repères en s’identifiant à des personnes significatives pour lui et, en tout premier lieu, ses parents, mais aussi dans son groupe d’appartenance, son groupe de pairs. Les différences culturelles, physiques, sociétales, d’appartenance sexuelle, peuvent venir complexifier cette période charnière. Il est important que l’adolescent puisse connaître ce que pensent ses parents, même si les positions divergent. Le dialogue qui s’établit permet au jeune de se construire, de trouver son chemin.[12] »

La famille, le groupe d’amis et l’école ont donc une place primordiale dans le processus d’individualisation de soi à l’adolescence.

La famille[13]

La famille apporte de la stabilité à l’adolescent dans sa recherche identitaire. Les jeunes ont une réelle attente de soutien de la part de leurs parents dans cette période de mutation où beaucoup de choses changent pour eux. « Plus on est en insécurité, plus on a besoin des parents pour se sécuriser mais moins on est disposé à recevoir. Il y a toujours ce besoin de dépendance affective et, en même temps, cette irrésistible nécessité de prendre ses distances.[14] »

Même si l’adolescent n’exprime plus son attachement à ses parents de la même manière que quand il était enfant, il les aime toujours et a besoin d’eux auprès de lui. Il ne recherche plus forcément des câlins, mais plutôt la possibilité de passer de bons moments ensemble comme rigoler devant un film comique.

Pour tout un chacun, il est nécessaire d’avoir des proches et de prendre du plaisir ensemble.

Face au fossé d’incompréhension séparant les adolescents des adultes, il faut pouvoir discuter ensemble. Il est essentiel de pouvoir s’exprimer, mais aussi d’écouter l’autre, tant pour les parents que pour les jeunes. Cela va dans les deux sens.

Plutôt que d’imposer des règles aux adolescents qui cherchent à s’affirmer et désirent une certaine liberté individuelle,  discuter permet de penser le compromis et la négociation.

« Un parent doit pouvoir observer et écouter son enfant. Il veille à avoir une structure suffisante et n’oublie pas de surveiller son comportement à la maison et à l’extérieur. Il est en mesure d’exiger le respect de son enfant et, de préférence, l’a déjà acquis. Il constitue une autorité saine qui laisse une certaine place pour la négociation. Les parents doivent se concerter et établir une ligne de conduite à suivre concernant les points les plus importants de l’éducation de leur enfant. Si vous voulez arriver à un résultat avec votre adolescent, vous devrez sans cesse le rappeler à l’ordre ou le réprimander, mais n’oubliez pas qu’il a avant tout besoin de l’encouragement des adultes qui lui sont le plus chers, à savoir ses parents.[15] »

Dans son ouvrage, Jos Peeters développe 5 compétences parentales[16] qui peuvent faciliter les relations entre les parents et leurs adolescents :

  • Un engagement positif (préoccupation, attachement)
  • Un renforcement positif (encouragement)
  • Le règlement des problèmes interpersonnels (communication, compromis)
  • La discipline (établissement de règles)
  • La supervision (présence, disponibilité, information)

Le groupe d’amis

Pour l’adolescent, le groupe d’amis a une place importance dans sa vie. « Considérons les copains et les copines de notre enfant comme les piliers indispensables qui vont l’aider à traverser cette période de la vie qu’est l’adolescence. C’est grâce à eux qu’il va prendre la nécessaire distance avec nous et bâtir son propre monde.[17] »

Le processus de construction de l’identité passe d’abord par l’envie de faire comme les copains ou les copines. « En s’intégrant dans un groupe, votre enfant se sent sécurisé. Pour montrer qu’il fait bien partie de la bande, il a tendance à s’identifier à ses copains, notamment en s’habillant comme eux. Il vous donne peut-être l’impression d’être influençable, sans personnalité. Mais n’entravez pas son désir de ressembler aux autres. Au début de l’adolescence particulièrement, les enfants jugent les autres sur des critères que les adultes considèrent comme très superficiels. Les apparences comptent beaucoup. Il est très important pour eux de porter le « bon » vêtement, d’avoir la « bonne » coupe de cheveux ou d’écouter la « bonne musique ».[18] »

L’appartenance à un groupe donne un sentiment de reconnaissance au jeune. « Plus ils grandissent, plus les ados vivent avec leurs amis. 84% disent que passer du temps en groupe, c’est la première de leurs activités. L’important, c’est d’être ensemble. L’amitié est la grande richesse de l’adolescence. Au moment où l’ado sent bien que les parents ne peuvent plus tenir le même rôle qu’auparavant et qu’il va falloir trouver d’autres attachements, les amis deviennent une ouverture. Il trouve avec les amis un partage sans limites : on peut se comprendre sans avoir besoin de tout expliquer, on évite les reproches, on échappe aux conseils…[19] »

Selon l’âge, il s’agira d’abord de groupes de filles ou de garçons et ensuite de groupes mixtes au sein desquels des couples pourront se former.

Rester entre personnes du même sexe permet de dialoguer au sujet des changements qui touchent les jeunes, de chercher ensemble réponse aux questions qui se posent. Comme l’expose Gérard Dhôtel, « A 10-15 ans, les ados aiment aussi se retrouver entre filles et entre garçons. C’est plus facile pour parler de ce qui se passe en eux et notamment des questions qui leur traversent l’esprit, questions qui ne sont pas exprimées de la même façon selon qu’on est du sexe féminin ou du sexe masculin.[20] »

L’école

Première instance de la modernité et lieu où le jeune passe ses journées en semaine, l’école joue un rôle essentiel durant l’adolescence.

C’est là que les adolescents vont se retrouver entre pairs et créer des groupes d’amis.

Devant les grandes questions sur la condition humaine auxquelles les jeunes se coltinent irrémédiablement, l’école est le lieu adolescent par excellence où ces questions se vivent, se socialisent, se mettent en forme (au sens de se formaliser) : le désir, l’amour, la mort, la différence sexuelle et le sens à donner à sa vie. Ce lieu et ce temps passager peuvent être aussi celui d’une transmission, qui ne sera plus celle d’antan, fondée sur une autorité révolue, ni non plus nécessairement celle d’une emprise perverse inspirée par les techniques de publicité et par l’audimat.[21]

Mais c’est là aussi que des adultes peuvent aider les jeunes dans leur recherche, leur construction identitaire.

L’école devrait être un lieu où, comme le disait Philippe Lacroix, un adolescent peut rencontrer quelqu’un qui est animé d’une passion, d’un désir agissant comme un puissant moteur de vie et qui est capable de transmettre cette passion, quelqu’un qui peut donc servir de repère identificatoire et en même temps, à travers ce lien, éveiller cet adolescent à l’envie d’apprendre et de connaître. Ce n’est pas la télévision qui peut faire cela, ni les jeux vidéo ni le « chat » entre copains du même âge. Il faut une différence de génération, quinze ou vingt ans de plus, pour montrer au jeune qu’il est possible de s’humaniser en ayant intégré profondément, au cœur de soi-même, l’interdit du meurtre et de l’inceste. On ne lui a pas assez appris que la culture, la parole et la pensée peuvent l’aider à contrôler son émotion, qu’on peut dire son désir, qu’on peut tenter d’aimer, qu’on peut trouver une place à soi, originale, dans un dessein d’adulte. Chaque professeur peut être un jour cet adulte-là pour ce jeune-là qui, sans lui, aura tendance à rester au stade de l’impulsivité, à agir ce qu’il n’arrive pas à nommer ni à penser ni à dire. Ceux pour qui l’enfance et la famille ont été problématiques, sont plus exposés à en sortir difficilement.[22]

L’école a un rôle à jouer dans le processus d’individualisation de soi à l’adolescence. « Entre le dehors et le dedans, entre l’enfance et l’âge adulte, le lycée pourrait-il jouer le rôle d’un espace de transition en aidant davantage le jeune à faire l’expérience de ses responsabilités de citoyen ? Cela éveille une interrogation quant au fonctionnement, à l’accommodation des lieux et des temps. Seraient à interroger les rythmes imposés, les découpages arbitraires, afin de permettre au milieu scolaire d’être cet espace de transition entre le milieu familial et le monde culturel des citoyens, pour un aménagement et de la satisfaction et de la sublimation.[23] »

Comme Gérard Dhôtel, nous pensons que « Les enseignants ont un rôle à jouer dans l’accompagnement des adolescents, pas seulement en leur dispensant des savoirs mais aussi en les aidant à grandir…[24] »

On peut prendre pour exemple le film Le cercle des poètes disparus[25]. John Keating (Robin Williams), prof de littérature à l’académie de Welton, pousse ses élèves à la découverte d’eux-mêmes, développe leur créativité et laisse libre cours à leur imagination en les faisant écrire des poèmes. Cet enseignant permet à ses élèves d’affirmer leur personnalité en encourageant leur épanouissement et leur donnant le goût de la liberté.

Conclusion

L’adolescence est une période importante de la vie humaine. Beaucoup de choses se jouent à ce moment clef de l’existence. Le jeune quitte le monde de l’enfance pour devenir un adulte. Ce n’est donc pas une crise comme on pourrait le penser, mais une phase importante dans la construction de l’identité personnelle.

La recherche de soi et l’affirmation de son identité personnelle sont propres à chacun, même si tout adolescent a besoin de proches autour de lui dans ce processus. Comme le dit Philippe Van Meerbeeck, « l’enfant prend son envol dans la mesure où on l’aide à le prendre ![26] »

Dans cette aventure, ce bouleversement psychique, la présence de la famille, des amis et des enseignants a toute son importance. Les parents apportent un cadre stable au jeune, les amis permettent le dialogue et la compréhension entre pairs, et l’école, en plus de transmettre des savoirs, prépare les jeunes à devenir des adultes, des citoyens responsables.

« Advenir là où on était, devenir soi-même, apprendre à se connaitre est la tâche ardue et fantastique de tout adolescent : ce travail psychique, ce parcours initiatique se vit dans la tension nécessaire entre la formation de la personnalité et la construction du lien social dans le choix amoureux et le choix d’un métier. [27] » A chacun à sa place, dans son rôle, d’aider l’adolescent dans ce processus de construction identitaire. L’important est de reconnaitre la spécificité individuelle de chacun. Il faut donc être attentif au jeune dans sa recherche identitaire, l’aider à dépasser ce cap important et essentiel de la vie.

L’UFAPEC prône la recherche d’un juste équilibre entre dramatiser la situation et se préoccuper de ce que le jeune vit, être vigilant. En tant qu’adulte significatif pour lui, il faut pouvoir être présent au côté du jeune dans ce processus de construction de soi.

 

Alice Pierard

 

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[3]VAN MEERBEECK Philippe, Ainsi soient-ils ! A l’école de l’adolescence, Collection Comprendre, Editions de Boeck, Bruxelles, 2007, p 35

[4]MEUNIER Alain, Ces ados qui nous tracassent. Ils accélèrent, vous freinez. Comment faire la route ensemble ?, Editions Michel Lafon, 2008, p 12

[5]POTEL BARANES Catherine, « Intérêts et risques des médiations corporelles pour les adolescents ». In Site du CHUPS [En ligne] (4 avril 2007). http://www.eao.chups.jussieu.fr/polysPSM/psychomot/mediations3/POLY.Mini.html

[6]NATANSON Madeleine, Des adolescents se disent. Voyage au pays des adolescents ordinaires, Collection Comprendre, Editions de Boeck & Belin, Bruxelles, 1998, p 40

[7]Pour plus d’information, l’UFAPEC a déjà publié une analyse sur ce sujet.

LONTIE Michaël, La notion de risque chez les adolescents, Analyse UFAPEC n°33.12, décembre 2012.

[8]LONTIE Michaël, op cit., p 7

[9]Idem, p 3

[10]VAN MEERBEECK Philippe, Que jeunesse se passe. L’adolescence face au monde adulte, Collection Comprendre, Editions de Boeck & Belin, Bruxelles, 1998, p 21

[11]PEETERS Jos, Les adolescents difficiles et leurs parents, Collection Comprendre, Editions de Boeck, Bruxelles, 2005, pp 12-13

[12]DHOTEL Gérard, Ados. Crise ? Quelle crise ? 20 idées reçues sur les ados, Editions Thierry Magnier, 2010, p 123

[13]Ce point sur la famille, mais aussi les suivants sur le groupe et l’école demandant un plus grand développement, cela sera traité plus amplement dans de prochaines analyses.

[14]Idem, pp 34-35

[15]COMPERNOLLE Théo, LOOTENS Hilde, MOGGRE Rob et VAN EERDEN Théo, Gérer des adolescents difficiles. Comportements impulsifs, excessifs ou agités, Collection Comprendre, Editions de Boeck, Bruxelles, 2004, p 53

[16]PEETERS Jos, op cit., pp 73 à 134

[17]DHOTEL Gérard, op cit., p 158

[18]AUDERSET Marie-José et HELD Jean-Blaise, l’Ado et les autres, Editions de la Martinière, 2010, p 13

[19]DHOTEL Gérard, op cit., p 159

[20]Idem, pp 59-60

[21]VAN MEERBEECK Philippe, Ainsi soient-ils ! A l’école de l’adolescence, op cit., p 20

[22]Idem, p 87

[23]NATANSON Madeleine, op cit., p 127

[24]DHOTEL Gérard, op cit., p 84

[25]Film de Peter Weir, 1989

[26]VAN MEERBEECK Philippe, Que jeunesse se passe. L’adolescence face au monde adulte, op cit., p 105

[27]Idem, p 168

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