Etude UFAPEC 2010 par A. Floor

20.10/ Le tutorat et le parrainage, de nouvelles manières d'apprendre pour une école de la réussite.

Téléchargez l'étude complète (32p) ci-dessus.

 

Le tutorat et le parrainage, de nouvelles manières d’apprendre pour une école de la réussite

 
Le redoublement n’est pas la solution aux difficultés scolaires d’un enfant, toutes les études le démontrent et pourtant l’idée a encore la dent dure à l’école et en famille. Des alternatives existent, des projets novateurs comme le parrainage et le tutorat font leurs preuves pour contribuer à une école de la réussite pour tous.
 
Durant cette année 2010, l’UFAPEC s’est penchée sur une étude plus approfondie de ce qui se joue lorsqu’on est parrain ou filleul, tuteur ou tutoré. Et de voir ensuite ce qui pourrait être transposable dans la relation enseignant-enseigné et plus largement dans toutes nos relations sociales ? Le tutorat et le parrainage renouvellent le schéma classique de la relation de formation où celui qui sait est debout face à celui qui ne sait pas qui, lui, est assis. Le parrain et le filleul, le tuteur et le tutoré ne se font plus face mais se retrouvent côte à côte dans une relation d’accompagnement et de connivence, chacun apprenant de la situation.
Dans le processus de parrainage, un enfant plus âgé ou du même âge accompagne, soutient un pair du même âge ou plus jeune dans des tâches quotidiennes (aide pendant les repas de midi des plus jeunes, sortie de classes dans le calme en duo parrain-filleul, visite de la bibliothèque avec un parrain qui lit à son filleul en apprentissage, …). Les exemples sont très nombreux et variés, le parrainage prend de multiples formes en fonction des écoles et vise toujours à améliorer le bien-vivre ensemble. Grâce au parrainage, l’adage « un bon exemple vaut mieux qu’une leçon » fonctionne à plein régime ; en effet, en s’identifiant à un aîné, le plus petit se met à adhérer à ce qui met le grand en projet, à savoir devenir un être social. L’enfant parrain en devenant modèle pour le plus jeune fait siennes les règles de vie en groupe et joue le rôle de courroie de transmission des codes et lois de l’école. L’UFAPEC est aussi particulièrement attentive au principe de coopération qui sous-tend le parrainage. En effet, en étant mis en situation d’échanges avec d’autres plus fragiles (enfants plus jeunes, personnes âgées, handicapés, …), l’école favorise une plus grande tolérance entre les enfants, un sens profond de la solidarité et du respect d’autrui et de ses différences.
L’objectif premier du tutorat est bien entendu cognitif, l’idée étant que des élèves apportent un soutien individualisé à d’autres qui sont en difficulté dans certaines matières. Mais toutes les études sur le sujet sont formelles, les acquis sont assurément cognitifs mais pas seulement. En effet, l’enfant en difficulté scolaire, intimidé ou en perte de confiance est mis en contact avec un pair qui pose un regard neuf sur lui. Ce nouveau regard peut modifier sa propre perception de lui-même souvent négative (puisque les échecs, les difficultés lui ont fait perdre de son assurance). Il retrouve alors un certain sentiment de compétence scolaire et /ou de sécurité intérieure. Et ce mécanisme de réassurance joue dans les deux sens, les tuteurs et les parrains acquérant de la sûreté en eux-mêmes d’être ainsi chargés de responsabilité, d’être acteurs de leurs apprentissages. D’où l’intérêt d’alterner les positions, que celui qui est aidé dans une matière puisse être aussi aidant dans un domaine qu’il maîtrise bien. Ainsi il ne se trouve pas tout le temps dans la position de l’assisté.
L’erreur dans le processus du tutorat sert de tremplin à l’apprentissage. Le tuteur et le tutoré vont s’expliquer mutuellement leur raisonnement et essayer de déterminer ensemble là où cela coince, là où il y a fausse route. Or trop souvent encore dans notre société et à l’école en particulier, l’erreur est vécue comme quelque chose de négatif, comme une faute. Du coup les apprentissages deviennent plus complexes car l’apprenant est obsédé par la peur de se tromper.
 
Le tuteur et le parrain ne remplacent en aucun cas l’enseignant, ils sont complémentaires et travaillent sur des registres différents. L’enseignant reste responsable de la réussite de tous ses élèves. D’où l’importance de réaliser au maximum ces séances de tutorat en classe, afin d’éviter que la classe, soulagée des élèves en difficulté, n’avance à toute vitesse alors que les plus faibles comblent lentement leur retard au risque de voir le fossé se creuser et s’agrandir entre les deux.
 
Le tutorat est certainement à inscrire dans le programme de formation des futurs enseignants. En effet, ils apprennent, par l’intermédiaire du tutorat, à être à l’écoute du jeune dans sa globalité et plus uniquement au niveau cognitif. Il est essentiel que les enseignants sachent comment les élèves, et en particulier ceux qui ont des difficultés, apprennent et qu’ils soient aptes à mettre en place des dispositifs pédagogiques et didactiques qui soient porteurs d’un réel soutien et d’une différenciation efficiente. Ils confrontent aussi leurs représentations, leurs stéréotypes d’un élève en difficulté scolaire avec la réalité du terrain.
Le tutorat se met en place de manière assez timide mais l’UFAPEC est optimiste sur son développement dans la mesure où il s’inscrit dans un mouvement de société qui vise à donner à chacun l’occasion d’avoir prise sur son environnement en devenant acteur de son apprentissage. Il faut cependant garder en tête que le tutorat n’est pas automatiquement efficace. Il doit être bien structuré et de qualité pour avoir un réel impact positif sur les apprenants. La création d’un lieu d’échange d’informations, de partages d’expériences, de formations, de promotion et de représentation pourrait vraiment consolider le tutorat dans les différents niveaux d’enseignement (maternelle, primaire, secondaire, supérieur, universitaire).
 
Anne Floor

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