Etude Ufapec décembre 2013 par D. Houssonloge

34.13/ET 2 - L’impact des relations école-famille dans la réussite scolaire quand les parents ne lisent pas et n’écrivent pas.
Le point de vue des enseignants.

Téléchargez l'étude complète (41p.) ci-dessus

 

C’est essentiel de rendre une partie de l’école aux parents qui n’ont pas à être mis sous tutelle, essentiel de leur donner ou de leur redonner confiance dans leur sentiment de compétence parentale.
Un directeur

Introduction

« Malgré l’implication très forte de tous les acteurs de l’éducation, au premier rang desquels se trouvent les enseignants, le fossé reste encore trop grand entre les ambitions que l’on a  pour l’école et la réalité quotidienne de notre enseignement. Il est en effet inacceptable que des jeunes quittent l’enseignement obligatoire démotivés et sans aucun diplôme. Selon toutes les recherches menées, notre système éducatif reste un des plus inégalitaires : l’échec scolaire et les relégations de toutes sortes frappent d’abord et plus fortement les élèves issus de milieux fragilisés. »[1]

Parmi les élèves des milieux fragilisés, le cas des élèves de parents qui ne lisent pas ou n’écrivent pas est particulièrement préoccupant. Or notre pays comprend encore environ 10 % d’analphabètes ou illettrés. Trop souvent, l’analphabétisme se reproduit de génération en génération devant une école impuissante à enrayer cet analphabétisme qui traverse les générations.

Aujourd’hui, l’analphabétisme représente un facteur d’exclusion et devient dès lors un problème de société. Au vu des préjugés encore nombreux, précisons d’emblée qu’illettrisme ou analphabétisme n’est pas synonyme de handicap.

Notre étude de 2012, intitulée « Les relations école-famille quand les parents ne lisent pas et n’écrivent pas. Le point de vue des parents », a dressé le portrait de l’analphabétisme d’adultes « autochtones » qui, bien que scolarisés en Belgique, ont des difficultés à lire et à écrire ; avec toutes les  incidences que cela implique pour leur vie sociale et professionnelle. Cette étude a également présenté la réalité quotidienne des parents analphabètes et leurs difficultés à accompagner leur enfant dans sa scolarité. L’étude a enfin abordé leurs représentations de l’école, de l’enseignant et de la relation école-famille.

Voici en quelques lignes ce qui s’en dégageait concernant les représentations des parents qui ne lisent pas et n’écrivent pas. Tout d’abord, la représentation de l’école par les parents qui ne maitrisent pas la culture écrite est fortement influencée, d’une part, par leur propre vécu scolaire, souvent difficile et soldé par l’échec, et, d’autre part, par des savoirs domestiques, c’est-dire des compétences en lien avec l’univers familier de la maison.

Les avis sur l’école sont nuancés : certains parents ou enfants de milieu analphabète aiment l’école, d’autres pas. La plupart des parents interrogés pensent que l’école est indispensable pour être intégré socialement, mais ils sont conscients également que l’école n’est pas faite pour tous. Elle doit se remettre en question en étant plus accueillante et plus intégratrice quel que soit le milieu socio-culturel de l’élève. Les parents participants prônent une pédagogie différenciée, des renforcements positifs et un plus grand respect des différences.

Mais d’abord, ils demandent à l’école une reconnaissance de chacun dans sa parentalité, quelles que soient ses compétences à lire et écrire, quel que soit son niveau de diplôme ou son statut social : « La prise de conscience de l’exclusion liée à la non-maitrise de la langue fait son chemin... C’est la dénonciation d’une forme de « normalisation » qui passe par les standards linguistiques et conduit à juger de la valeur d’une personne à partir de ses résultats scolaires et de ses capacités de communication.»[2]

Les parents qui ne lisent pas et n’écrivent pas plaident aussi pour une déstigmatisation de l’analphabétisme. Tant que l’analphabétisme sera un tabou et une honte pour les parents comme pour leurs enfants, l’école leur sera hermétique, voire ennemie.

Comme pour notre étude de 2012, rappelons que nous aborderons ici l’analphabétisme. La question de  l’immigration ne sera pas traitée, même si les deux problématiques se rejoignent à certains moments.

Par rapport à la thématique de l’analphabétisme, une mise en garde s’impose : on ne peut commencer à agir sur la question des parents analphabètes et de leur rapport à l’école que lorsqu’on a compris que chaque situation est individuelle, avec des paramètres différents pour chaque famille et par conséquent des solutions personnalisées et adaptées à chacun. Il n’y a pas de recettes toutes faites mais il y a des dénominateurs communs, des pistes, des bonnes pratiques à partager.

On peut dire qu’il y a quatre formes d’analphabétisme chez les parents vis-à-vis de l’école :

  • je ne connais pas le français
  • je ne connais pas le français écrit
  • je ne comprends pas l’école, ses attendus ; pour moi, elle est d’abord un lieu d’échec
  • je ne comprends pas pourquoi il faut aller à l’école

Dans la présente étude, nous abordons la question de l’analphabétisme et des problématiques qui y sont liées à travers, cette fois, le prisme des enseignants et plus exactement des directions. Nous aborderons tout spécialement l’impact des relations école-famille sur la réussite scolaire de l’élève de l’enseignement primaire. Un sujet complexe mais incontournable pour l’Ecole de la réussite pour tous !

Quelle réussite scolaire pour les enfants de milieux défavorisés et tout spécialement analphabètes ? Peut-on mettre des choses en place pour une intégration via l’école obligatoire ou faut-il se résigner à une reproduction de génération en génération de l’analphabétisme ?

Quelles représentations les enseignants ont-ils des élèves des milieux défavorisés analphabètes, de leurs parents, de la relation école-famille précarisée, de l’égalité à l’école et du rapport au savoir et à la culture ? Quelle représentation les enseignants ont-ils de leur métier et du champ des possibles en termes de réussite scolaire des élèves de milieux précarisés ?

La première partie de l’étude sera théorique et consacrée à une mise en débat de la problématique et à une présentation de l’état de la recherche.

La seconde partie sera pratique et donnera la parole à des directions qui travaillent avec des familles de milieux analphabètes.

Notre étude s’achèvera par des pistes et des bonnes pratiques pour améliorer la relation école-famille précarisée et analphabète pour plus de réussite de l’élève.

 

Dominique Houssonloge

Téléchargez l'étude complète en Pdf (41p.) ci-dessus.



[1]Gouvernement de la fédération Wallonie-Bruxelles, Projet de déclaration de politique communautaire 2009-2014, p. 17

http://www.federation-wallonie-bruxelles.be/fileadmin/sites/portail/upload/portail_super_editor/Docs/declaration_
politique_communautaire.pdf

[2]Anne Godenir, A quoi sert l’alpha in Journal de l’alpha, n° 180. Septembre-octobre 2011, p. 48

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