Analyse UFAPEC décembre 2012 par A. Floor

34.12/ Prendre la parole : un apprentissage crucial à tout âge, en tout lieu

 

Etre parent, c’est être conscient que la maîtrise de la langue conditionne le destin scolaire et le destin social de ses enfants ; c’est prêter aux conditions de son développement une attention sans faille faite autant de tendresse que de fermeté.

A.Bentolila

Introduction

La capacité à prendre la parole en classe, dans la cour de récréation, à la maison, dans des magasins, lors d’examens oraux et encore plus tard dans sa vie professionnelle et sociale est primordiale. Exprimer ses idées de manière claire, pouvoir défendre son point de vue, argumenter sont autant d’atouts grâce auxquels chacun prend sa place dans la société. Sans la parole, il y a fort à parier que la violence prenne finalement le pas. Avec ceux qui nous sont proches, avec nos semblables s’installent une sorte de connivence, une compréhension mutuelle qui peut compenser un parler chaotique (relation mère-enfant, relation gémellaire…). Mais, comme le dit Alain Bentolila, la langue est faite pour parler à celui qui est différent, qui pense et vit autrement. En effet, le langage tire sa réelle raison d’être dans la confrontation avec celui qui est autre, celui qui ne pense pas comme moi.La langue n’est pas faite pour parler à ceux que j’aime ; elle est faite, j’ose le dire, pour parler à ceux que l’on n’aime pas, pour leur dire des choses qu’ils n’aimeront sans doute pas, mais qui nous permettront peut-être de nous reconnaître « hommes de parole »[1].Apprendre à parler, à s’écouter, à communiquer participe à une des missions de l’enseignement qui est depréparer tous les élèves à être des citoyens responsables, capables de contribuer au développement d’une société démocratique, solidaire, pluraliste et ouverte aux autres cultures[2].Nous allons dans cette analyse explorer ce que veut dire communiquer, maîtriser la langue orale et cerner les missions de chacun, parents et enseignants, par rapport à cet apprentissage.

C’est sur le terrain du langage que tout se joue

L’enfant, en arrivant en maternelle, sait parler et écouter. Il va pourtant faire d’énormes progrès, dont nous ne sommes pas toujours conscients en tant que parent, en tant qu’enseignant, tant cela peut sembler naturel, aller de soi. Et pourtant, l’enfant va enrichir son vocabulaire chaque jour, va s’exercer à transmettre en mots ses activités de la journée, à organiser sa pensée, à expliquer, à reformuler si l’adulte n’a pas compris. Et cette première expérience de parler du monde, de ses composantes invisibles, de formuler un commentaire intelligible de sa vision des événements nécessite des auditeurs attentifs et bienveillants. Tout adulte ou parent a encore en mémoire les difficultés ressenties à comprendre le récit d’un enfant, à en retrouver le fil rouge. Quel éducateur a oublié la patience nécessaire pour guider et encourager l’enfant à ordonner et à réorganiser sa pensée ? L’exemple donné par Alain Bentolila est très marquant à ce niveau-là : une petite fille de 3 ans et demi rentre de l’école et relate à sa maman l’histoire racontée par sa maîtresse durant la journée : « Eh bien, tu vois, ils l’ont vue, alors ils l’ont suivie. Et puis, ils l’ont rattrapée et ils l’ont enfermée là-bas dedans. Heureusement, les autres, ils l’ont su ; alors ils sont venus la libérer et il l’a épousée[3]. »  La mère est face à deux alternatives, soit elle ne dit pas à sa fille qu’elle ne l’a pas comprise, soit elle lui dit et lui signifie par là-même qu’il lui importe de la comprendre. En lui disant : « Je n’ai pas compris », la mère fait comprendre à sa petite fille une chose essentielle : elle qui n’a que 3 ans et demi sait des choses que sa mère ne sait pas encore ; et la langue est justement faite pour dire à quelqu’un d’autre ce qu’il ignore encore. Et là démarre la tâche complexe de dénouer les fils de l’histoire, d’interroger l’enfant à propos des éléments manquants de son récit et ce travail va exiger un véritable travail pour l’une et l’autre, travail qui aboutira à mieux assurer sa parole pour lui donner plus fermement prise sur les autres et sur le monde. L’enfant en sortira grandi et raffermi dans sa capacité à avoir prise sur ce qu’elle vit et expérimente  simplement avec des mots. Comme le souligne Alain Bentolila, la mère transmet à son enfant les armes du pouvoir linguistique et l’invite à les exercer d’abord sur elle en lui montrant qu’il sait ce qu’elle ne sait pas encore et qu’elle brûle de savoir. Repoussant une illusoire communion pour entrer en communication, elle met entre elle et son enfant une distance propice au tissage de liens infiniment plus riches et plus explicites[4].

Le langage est bien à la base de la pyramide des apprentissages. Tout le reste (lecture, écriture, raisonnement,…) repose sur une acquisition réussie du savoir parler. Selon Marcel Gauchet et Marc Crommelinck, l’école escamote la question du langage et de son maniement en privilégiant le modèle de la science en tant que moteur du développement intellectuel. C’est dans la prime acquisition du maniement du langage, de la signification que va se décider le destin scolaire d’un individu. Apprendre, c’est d’abord apprendre l’usage du langage, que la famille assure pour l’essentiel. Ensuite, l’école introduit à ce que le langage a permis comme développement d’une culture et de savoirs d’un type nouveau à partir du moment où il est devenu écrit. (…) Or, nous n’aurons jamais qu’une maîtrise très relative du langage, cet instrument qui est le plus puissant dont nous disposions, mais qui nous dépasse. Nous avons là la racine à la fois des difficultés scolaires majeures, mais aussi du conformisme langagier à la base de toute vie sociale[5].

Le jeune enfant, l’enfant et l’adolescent ont donc tout à gagner à être accompagnés par des auditeurs attentifs et bienveillants sur le chemin du langage. Laisser les enfants et les jeunes s’exprimer approximativement, comprendre à moitié, utiliser un mot pour un autre ont clairement des conséquences pour toute la suite des apprentissages.  Et c’est de la responsabilité des adultes référents (qu’ils soient parent, enseignant, animateur, éducateur…) que de prendre le temps de parler et d’apprendre à parler judicieusement. Le risque existe de basculer dans l’excès en reprenant l’enfant à chaque mot prononcé ce qui peut provoquer l’inverse de l’effet désiré ; à savoir bloquer l’enfant dans sa bonne volonté à parler. Tout est question de mesure et d’équilibre.

Quelle place pour l’oral à l’école ?

L’enseignant ou le distributeur du temps de parole

Les élèves sont plusieurs heures par jour et pendant des années baignés dans un univers de paroles en milieu scolaire.  En général l’enseignant parle beaucoup plus que ses élèves et, même si ceux-ci ont la parole, l’enseignant reste l’organisateur des conversations légitimes. Il décide du contenu et du statut des conversations, c’est lui qui distribue le temps de parole et qui décide qui parle. On se trouve donc dans un système de communication très inégalitaire.

L’oral est rarement objet d’apprentissage à part entière

L’oral est, selon Philippe Perrenoud, le parent pauvre de l’enseignement. Car si l’oral est utilisé en classe pour communiquer et comme moyen de faire acquérir d’autres compétences, il est rarement objet d’apprentissage à part entière. Ce qui ne veut pas dire que l’apprentissage de l’oral doive passer par des activités scolaires au sens étroit du terme, mais plutôt par une éducation au sens large. En effet, on ne pratique pas l’oral qu’au cours d’expression orale ou de français. De même que d’écouter l’enseignant et répondre simplement à ses questions n’est qu’une forme d’échanges parmi d’autres, elle ne devrait pas être la seule.

De réelles situations de communication pour apprendre efficacement

Pour que la pratique de l’oral soit formatrice, elle doit correspondre à un véritable besoin de s’exprimer ou de comprendre ; il faut créer de vraies situations de communication avec de vrais enjeux entre les interlocuteurs. En effet ce qui se joue dans l’acquisition du savoir parler est plus de l’ordre d’un savoir-faire que de l’acquisition d’un contenu, de la compréhension d’une discipline. C’est donc à la fois plus compliqué à enseigner et en même temps plus facile car le matériau est à disposition des élèves et de l’enseignant ; nul besoin de sortir de l’école et de se lancer dans des entreprises extraordinaires pour vivre de réelles situation de communication. Le travail scolaire et la vie en classe, toutes disciplines confondues, se présentent comme une suite ininterrompue de situations de communication.    La principale ressource d’une pédagogie de l’oral, c’estdonc le fonctionnement du groupe-classe, la nature du rapport pédagogique, les modes de coopération institués entre élèves, l’ouverture sur l’extérieur[6].Aménager dans la vie de la classe des moments nombreux et réguliers pendant lesquels les élèves ont l’occasion de s’écouter et de s’exprimer sur toutes sortes de sujets fait partie de cet apprentissage de l’oral. Il faut confronter l‘élève à des réelles situations de communication qui l’obligent à surmonter des difficultés nouvelles avec des enjeux concrets : convaincre, argumenter, négocier, s’expliquer, s’informer. L’élève ne fait donc pas de l’oral qu’au cours de français, il n’en a juste pas toujours conscience quand il se lance dans un raisonnement mathématique, une explication d’observation scientifique ou lors d’une prise de parole en conseil de classe. Selon Philippe Perrenoud, une pédagogie de l’oral n’est rien d’autre qu’une pédagogie active et interactive dans l’ensemble des disciplines, qu’une gestion du groupe-classe et du plan d’études favorisant constamment la participation des élèves, le dialogue, la concertation, le travail en groupe[7].Il n’empêche que d’organiser des jeux de rôles, des jeux d’improvisation, des débats, des exposés oraux participe aussi de cette pédagogie de l’oral. Ceux-ci présentent l’avantage indéniable de confronter l’élève à des situations de communication qu’il ne peut réellement vivre en classe ou comme enfant. Il faut trouver un juste équilibre pour que ces méthodes d’apprentissage de l’oral ne tombent pas dans l’artifice et le superficiel.

A quelles situations de communication préparer les élèves ?

La communication se passe à tous les niveaux, tout le temps et partout. L’école ne saurait pas cependant préparer les élèves à toutes les situations de communication. Il va lui falloir choisir à quelles situations elle souhaite préparer ses élèves. D’autant qu’en matière de communication, on touche aussi au savoir-être ; ce n’est pas un pur savoir-faire. Il est impossible d’apprendre à communiquer en ne mobilisant que des compétences linguistiques et intellectuelles. En normalisant la communication, l’enseignant court le risque de pénétrer dans la sphère privée de l’élève. Selon Philippe Perrenoud, plus qu’à travers la plupart des autres apprentissages, l’école, en touchant à l’oral, contribue à façonner une vision du monde, un rapport aux autres, une forme d’expression des sentiments et des idées. En censurant et en normalisant la communication, on finit par censurer ou normaliser la vie elle-même, car l’oral est inséparable de l’expérience quotidienne, de l’interaction avec autrui, du flux des conversations qui nourrissent les représentations et infléchissent les manières de faire[8]. Il n’existe donc pas de situation de communication neutre. Mais les situations peuvent être plus ou moins privées.

Il importe donc que l’école privilégie la communication publique et ce pour plusieurs raisons. Apprendre à informer, expliquer, argumenter, négocier constitue tout d’abord un atout précieux pour la vie professionnelle et sociale des jeunes. Développer chez les enfants et les jeunes leurs capacités d’expression et de communication leur permettra de prendre une place active dans la société, de se positionner (au sens de prendre position dans le monde dans lequel ils vivent), de se forger une opinion en ayant préalablement compris ce qui était en jeu. L’oral est au cœur des relations de travail et d’embauche, quand on doit réaliser un achat important, se rendre chez le médecin, quand on est en relation avec les administrations, … Dans toutes ces situations, il importe de savoir décoder ce qui est dit mais aussi de construire du sens en interprétant des informations parfois contradictoires ; poser des questions, exprimer son point de vue tout en tenant compte du contexte ; gérer les interactions, maintenir la relation malgré un désaccord,  discuter, argumenter, convaincre… Tout cela ne va pas de soi et l’école a à jouer un rôle pour rendre ces conduites possibles. La maîtrise de l’oral concourt par ailleurs à une acquisition facilitée de l’écrit. En effet, on ne voit pas comment un élève pourrait rédiger des textes s’il n’est pas capable d’exprimer oralement quelques idées cohérentes ou comment sa syntaxe écrite serait correcte si son langage oral est difficilement compréhensible. Marc Romainville[9], Professeur aux Facultés universitaires de Namur, responsable du Service de pédagogie universitaire, pointe de son côté le manque d’articulation entre ce qui est enseigné dans l’enseignement secondaire et ce qui est attendu dans l’enseignement supérieur comme étant une des causes d’échec en 1ère année dans le supérieur. Ce qui est attendu dans l’enseignement supérieur, c’est la maîtrise d’un certain nombre d’outils de langue, à la fois en compréhension et en expression, mais fortement centrés quand même sur le texte qu’on peut appeler « informatif » ou « scientifique ».

La pédagogie de l’oral a aussi une visée politique dans le sens où elle peut donner à chaque élève les moyens de décoder l’information, de se forger une opinion en ayant préalablement recherché et questionné tous les points de vue, … Savoir décoder ce qui est dit, apprendre à débusquer les préjugés, les stéréotypes, développer un esprit critique face à la masse des informations qui sont véhiculées, … fait aussi partie des prérogatives de l’école pour faire des élèves des citoyens responsables.

Méta-communiquer ou une autre manière d’évaluer l’oral à l’école

Chaque parole d’élève peut donner lieu à une évaluation et une intervention normatives qui  porteront sur la prononciation, le débit, le niveau de langue, la syntaxe, le niveau de vocabulaire, l’originalité du contenu … Cependant, l’évaluation doit ménager les sensibilités afin de ne pas bloquer l’élève. Nous l’avons pointé plus haut ; il se joue dans la communication orale bien plus qu’une énonciation de mots. En effet, l’élève qui s’exprime oralement y met plus de sa personne que lorsqu’il réalise une évaluation écrite en sciences, par exemple. En plus des compétences langagières, l’élève mobilise des compétences socioaffectives et relationnelles (oser s’exprimer), culturelles (parler différemment en fonction du contexte) et intellectuelles (argumenter, agencer ses idées, les hiérarchiser…). L’évaluation est donc une opération délicate, mais qui doit pour autant être réalisée car ne pas l’évaluer voudrait dire que c’est un apprentissage moins important que les autres. La position de Philippe Perrenoud à ce sujet est d’intégrer l’évaluation de l’oral à une appréciation globale de la maîtrise de la langue en définissant une ou deux notes globales de français qui prennent en compte les compétences de communication et d’expression orales. Une observation et une analyse des mécanismes de communication et du fonctionnement de la langue orale peuvent aussi être des voies détournées pour évaluer l’oral. Prendre le temps de revenir sur ce qui n’a pas été dans la communication, comprendre pourquoi une explication n’a pas été comprise, pourquoi une discussion a tourné au conflit… Et de la matière, il y en a dans notre vie de tous les jours. Des dérapages de communication, on en vit quotidiennement lorsqu’on explique la route à quelqu’un, lorsqu’on est pressé et qu’on oublie de donner une information essentielle… C’est face aux ratés de communication qu’il faut prendre le temps de s’arrêter, de s’étonner, d’analyser à chaud, c’est ainsi aussi que l’on donne sens aux mots que l’on prononce, à l’importance du contexte. Et cette prise de recul peut se réaliser à l’école mais en famille aussi.

Et nous, en tant que parent, en famille, que pouvons-nous faire ?

Laisser son enfant s’exprimer sans l’interrompre, réfléchir avec lui aux raisons pour lesquelles il n’a pas été compris ou mal compris et l’aider à reformuler, l’amener à réaliser que dans son récit il manque des éléments importants, tout cela exige patience et fermeté. Mais le jeu en vaut la chandelle, car ne pas savoir communiquer ou ne communiquer que de manière rétrécie, dans un contexte social où la connivence et la familiarité compensent l’imprécision des mots, positionne l’individu dans une relation déséquilibrée. En effet, dans un tel contexte l’enfant s’attendra toujours à être deviné et n’apprendra pas à dire ce qui est important pour lui. Comme le dit Alain Bentolila dans notre introduction, la langue est faite pour parler à celui qui est différent, qui pense et vit autrement. A la maison comme en classe, tout est langage et prétexte à communiquer. Raconter sa journée, parler d’une émission télévisée regardée ensemble, échanger sur ce qui passionne chacun (un livre, un jeu vidéo, un feuilleton…), prendre le temps de jouer en famille, en particulier à des jeux de coopération, sont autant de pistes à exploiter. (…) les jeux coopératifs incitent à l’expression de soi et de ses idées, laissent une place à la créativité, forment à la négociation[10]. Alain Sotto[11] observe que les enfants sont de moins en moins confrontés à l’acquisition de nouveaux mots ; rejet de la lecture, carence de vocabulaire, dégradation profonde de l’orthographe. Même la consommation de la télé a basculé, dans ces classes d’âge, au profit des jeux vidéo, de l’Internet MSN et de Facebook. Et ce n’est pas la pratique des textos, une langue sans syntaxe permettant tout juste de véhiculer émotions et informations express, qui peut favoriser la mémorisation de mots et l’acquisition de sens nouveaux[12]. L’évolution de notre société actuelle laisse aussi peu de temps aux parents pour discuter avec leur enfant (travail à temps plein, place croissante des loisirs, …). On observe en outre sur le net une pléthore d’articles à destination des parents pour apprendre à parler à l’enfant en bas âge puis plus rien, comme si le langage était acquis une fois pour toute. Alors que précisément, celui-ci s’enrichit au gré des interactions verbales  variées que l’enfant, le jeune ou l’adulte pourront avoir tout au long de leur vie. Nombreux sont les parents ne sachant pas rivaliser avec tout ce qui attire l’enfant et ayant moins de temps à consacrer aux discussions avec lui, nécessaires pour transmettre des contenus riches. (…) les parents doivent être conscients de l’importance d’utiliser à la maison un langage riche comportant des mots nouveaux et d’éviter le style télégraphique[13].

Conclusion

Face à l’autre qui maîtrise mieux le langage, celui qui ne trouve pas les mots justes pour parler, pour se parler, se sent diminué. Bon nombre de personnes restent sans voix face à un interlocuteur agressif, balbutient devant le guichet de l’administration, acceptent des réparations, des produits qui ne les intéressent pas, ne savent pas se défendre quand elles sont accusées à tort … Des exemples de situations quotidiennes où des adultes sont handicapés faute d’oser prendre la parole, de décrypter les messages de l’interlocuteur, de poser des questions sont pléthore. L’UFAPEC est convaincue qu’en développant chez les enfants et les jeunes davantage de compétences de communication et de confiance en soi, ce « pacifisme verbal » pourrait être enrayé et laisser la place à un savoir et oser parler respectueux des deux protagonistes de la communication. La langue n’annihile pas les différences culturelles et sociales, mais elle les rend audibles les unes aux autres ; c’est ainsi qu’elle contribue à préserver le lien social et à éviter que notre communauté ne devienne un conglomérat de groupes imperméables les uns aux autres, prêts à tous les affrontements, à toutes les violences[14]. A l’école et à la maison, la leçon de langage est permanente. La capacité à prendre la parole aujourd’hui est d’une importance capitale pour chacun et correspond à une véritable exigence de démocratisation de l’école et de la société.

 

Anne Floor

 

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[1]A. Bentotila, op.cit, p. 8.

[2]Article 6 du Décret Missions du 24 juillet 1997.

[3]A. Bentolila, op.cit.,p. 47.

[4]A. Bentolila, op.cit. , p.49-50.

[5]Extraits de l’interview croisée entre Marcel Gauchet et Marc Crommelinck, en marge de l’Université d’été du SeGEC, août 2012, Entrées libres °71, pp. 2 et 3.

[6]P. Perrenoud, A propos de l’oral, Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation, Université de Genève, 1988, p.4.

[7]P. Perrenoud, Bouche cousue ou langue bien pendue ? L’école entre deux pédagogies de l’oral, Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation, Université de Genève, 1991, p. 21.

[8]P. Perrenoud, Bouche cousue ou langue bien pendue ? L’école entre deux pédagogies de l’oral, Faculté de psychologie et des sciences de l’éducation, Université de Genève, 1991, p. 11.

[9]Propos de Marc Romainville recueillis par William Bourton, Pourquoi est-on mauvais en français ?, Le Soir du 24 septembre 2012, p.12.

[10]M. Lontie, Jouer, c’est sérieux Les enjeux des jeux de coopération, Analyse UFAPEC 2012 n°01.12.

[11]Alain Sotto est psychopédagogue, spécialisé dans les stratégies d’apprentissage pour enfants et adultes.

[12]A. Sotto, Que se passe-t-il dans la tête de votre enfant ?, Ixelles Editions, 2011 p.67.

[13]A.Sotto, op.cit., pp. 67-68.

[14]A. Bentolila, Le verbe contre la barbarie, Odile Jacob (poches), 2008, p. 128-9.

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