Analyse UFAPEC avril 2016 par D. Houssonloge

06.16/ L'école maternelle, un levier pour éviter la reproduction de la pauvreté?

Introduction

 

Dans notre pays, la pauvreté a augmenté et les enfants, plus que d’autres tranches d’âge de la population, sont touchés : 1 enfant sur 5 est concerné avec des chiffres encore plus élevés à Bruxelles et en Wallonie.[1]

L’école et tout spécialement l’école maternelle peut-elle être un levier contre la pauvreté infantile ? L’école peut-elle contribuer à sortir les enfants de la précarité, leur donner les ressources et les compétences nécessaires pour avoir une chance sur le marché de l’emploi arrivés à l’âge adulte ?

Tout commence en maternelle ! Alors, comment faire pour que notre école maternelle permette le passage, en douceur, de la petite enfance à l’école primaire, obligatoire et certificative ? Comment l’école maternelle peut-elle accrocher les enfants et tout spécialement ceux de milieux précarisés ? Comment l’école maternelle gère-t-elle la diversité dans les classes pour offrir un enseignement différencié selon les besoins de chacun ? Cette différenciation est-elle souhaitable ? Les instituteurs maternels sont-ils préparés et soutenus dans cette mission ?

Enfin, les enfants de milieux précarisés sont parmi ceux qui fréquenteraient moins l’école maternelle. Cela va rendre la suite de leur scolarité plus difficile et cela augmente le risque d’échec scolaire. Faut-il légiférer sur l’obligation scolaire à 5, 4, 3 ans « et/ou » inciter à la fréquentation de l’école maternelle ? Si oui, comment et en avons-nous les moyens ?

 

Réussite scolaire et élèves précarisés : constats et chiffres

Les études et statistiques sont sans équivoque : l’école en Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) est défaillante par rapport à sa mission de faire réussir tous les élèves, en particulier ceux des milieux précarisés. Elèves précarisés riment trop souvent avec écoles ghettos, échec scolaire, manque de maitrise de la lecture et de l’écriture, relégation vers l’enseignement spécialisé dès le primaire, vers le qualifiant ou les CEFA (Centres de Formation en Alternance) en secondaire, décrochage, pour autant qu’il y ait eu accrochage, et enfin abandon ou exclusion scolaire ! [2]

Comme nous l’avons abordé dans une précédente analyse[3], notre système scolaire reste un des plus ségrégatifs d’Europe. Les Indicateurs de l’enseignement de la FWB montrent également que les élèves issus des milieux socioculturellement défavorisés réussissent moins bien que les autres.[4]

Pour ce qui est de l’école maternelle, même si la grande majorité des enfants y sont inscrits[5], ils ne la fréquentent pas pour autant de façon régulière tout spécialement dans les milieux précarisés où les conditions de vie sont difficiles et où le décalage entre le milieu familial et le milieu scolaire est grand.

Fréquentation régulière des élèves de milieux précarisés ?

 « Il n’est plus allé. Il ne voulait plus parce que d’autres enfants lui ont tiré les cheveux. » 

Le plus souvent, on nous dit que les enfants vont à l’école régulièrement (des journées complètes, en tout cas à partir de 3 ans et tous les jours) mais des éléments fournis dans la suite des entretiens portent à croire que ce n’est pas toujours le cas : « Quand il était plus petit, il se réveillait pas le matin. » …

« Dans la nouvelle école, il est rentré à 4 ans, mais vu que j’étais en déprime, il allait pas souvent. On restait à la maison. » … « En 3e (maternelle), on m’a obligée. La prof a dit qu’il avait du retard, il a un problème pour tenir son crayon », « Quand j’étais enceinte du 3e, je n’arrivais plus à porter les deux autres, monter les escaliers, la rue pour aller à l’école, alors le docteur m’a dit qu’il fallait que je me repose », « Quand mon compagnon travaillait, vu que je n’ai pas de voiture et que le car ne passe plus, il est arrivé que les enfants restent au camping avec moi ». « La majorité des mamans interrogées ne travaillant pas, il est effectivement possible pour elles de garder leurs enfants s’ils ne vont pas à l’école, cela ne pose pas de difficulté particulière »[6]

Voici une des conclusions du Rapport McKinsey[7], relayée par le Cahier des charges du groupe de travail « Renforcer l’investissement dans l’enseignement maternel du Pacte pour un enseignement d’excellence initié par la Ministre de l’Education en 2015 et dans lequel l’UFAPEC est investie : si les dépenses d’enseignement sont plus élevées en FWB que dans la moyenne des pays de l’OCDE[8], notre système d’enseignement investit moins dans l’enseignement maternel que la moyenne des pays OCDE, et beaucoup moins que les pays voisins or « l’enseignement maternel joue un rôle particulièrement important afin de contrer les mécanismes de différenciation».[9]

Pour ce qui est de la situation bruxelloise, où le boom démographique conduit à un manque de place criant dès la maternelle, l’étude du Centre d’Expertise et de Ressources pour l’Enfance (CERE) consacrée à la fréquentation de l’école maternelle dans le croissant pauvre de la Capitale est éclairante. Cette étude montre que si une majorité de parents ont inscrit leur enfant en maternelle et si une toute grande majorité considère que l’école maternelle est importante, 36% des enfants n’ont pas du tout fréquenté l’école maternelle ou l’ont fréquentée de manière irrégulière et tardive[10].
 

Une école maternelle de qualité, une obligation morale mais aussi un argument économique

Une étude[11] a été menée en Angleterre et financée par le Ministère de l’Education[12]. Cette étude menée de 1997 à 2014 sur une cohorte de 3000 enfants a tenté de comprendre l’influence de l’école maternelle sur la réussite scolaire et plus tard sur l’intégration et l’évolution des personnes sur le marché de l’emploi.

Il ressort, mais ce n’est pas une nouveauté[13], que les résultats en langage sont déjà différents à 3 ans selon le milieu socio-économique de l’élève. Cet écart (social class) va encore se creuser au cours de la scolarité de l’enfant. Il ressort également de l’étude que plus la qualité de l’école maternelle est grande, meilleures sont les compétences en pré-lecture à 5 ans, les compétences relationnelles et la socialisation avec les pairs. A 7 ans, ce qui choque le plus c’est que les enfants non-scolarisés à l’école maternelle n’atteignent même pas le niveau minimum au Test national. L’étude montre que la qualité de l’enseignement maternel reçu a encore autant d’influence à 11 et 16 ans.

Outre une obligation morale, les chercheurs avancent des arguments économiques pour investir dans un enseignement maternel de qualité accessible à tous les enfants visant à réduire l’exclusion sociale. Investir dans un enseignement maternel de qualité permet de réduire plus tard le risque d’exclusion sociale, d’éviter que ces élèves une fois adultes soient des assistés sociaux ou, encore adolescents ou jeunes adultes, prennent la voie de la délinquance. En 2005-2006, l’étude montre que pour 1 dollar investi pour les enfants de 3 à 6 ans, le « retour sur investissement » sera de 7 fois supérieur à l’âge de 21 ans (entrée dans la vie active) et de 16 fois supérieur à l’âge de 40 ans (milieu de la vie active). Si ces chiffres représentent des moyennes et même si une inégalité de revenus subsiste en fonction de l’origine socio-économique, ils sont éclairants sur le bénéfice pour la société à investir dans une école maternelle de qualité. C’est-à-dire ? L’étude définit les critères pour une école de qualité :

  • une interaction de qualité entre l’enseignant et l’élève ;
  • une bonne compréhension du programme et une maitrise du processus de réalisation des apprentissages par l’enseignant (enseignement réflexif) ;
  • une compréhension de l’aide que l’enseignant peut apporter à un enfant en difficultés ;
  • un soutien aux parents pour leur permettre de s’impliquer dans les apprentissages (co-éducation).

 

Diversité des publics, différenciation des apprentissages ?

Pour beaucoup d’acteurs s’exprimant sur l’échec scolaire, ce qui semble faire problème c’est l’hétérogénéité des classes. Aujourd’hui, bien plus qu’il y a 10 ou 20 ans, les classes sont composées d’élèves avec des bagages, des cultures, des capitaux scolaires forts différents. Face à autant de diversité, comment enseigner de façon efficace de sorte que tous les élèves aient des chances égales d’émancipation sociale ?

 

Le point de vue de Piet Van Avermaet, directeur du « Steunpunt Diversiteit en Leren » de l’Université de Gand alimente la réflexion et offre certainement une piste pour l’avenir : pendant plus de 40 ans en Europe, explique-t-il, nous avons nié le fait que la migration était un phénomène permanent. Le multilinguisme et la multiculturalité sont et resteront une réalité générant des classes hétérogènes. Nous ajoutons que ceci concerne aussi les publics de milieu populaire « belgo-belge » qui ont une autre culture, un autre langage et un autre savoir que ceux de l’école.[14] Pour Piet Van Avermaet, nous devrons apprendre à gérer le multilinguisme et la multiculturalité et les utiliser comme des outils plutôt que comme des problèmes.

Aujourd’hui, nous accordons de la valeur à la diversité, mais comme quelque chose qui dévie de la norme, comme une déficience. Si nous gardons cette posture, tout spécialement dans le chef des enseignants, il y aura d’autant plus d’exclusion et on continuera encore à laisser beaucoup d’élèves sur le carreau.

Piet Van Avermaet recommande d’opter franchement pour un modèle social où le «conflit» est un élément moteur du changement. Un modèle qui est basé sur la négociation et un dialogue continu, où la différence et la diversité sont une valeur ajoutée. Ce changement de modèle a un énorme impact sur nos pensées, notre conscience, nos discours, nos attitudes, nos politiques, nos actions et la posture des enseignants en classe.[15]

 

Face à l’hétérogénéité des publics, la pédagogie différenciée apparait depuis plusieurs décennies comme la démarche d’enseignement la mieux adaptée. Le Décret Missions de 1997 la définit ainsi : consiste à varier les méthodes pour tenir compte de l'hétérogénéité des classes ainsi que de la diversité des modes et des besoins d'apprentissage des élèves.[16]

 

Mais la pédagogie différenciée ne fait pas l’unanimité. Pour Sabine Kahn, chercheuse à l’ULB, la pédagogie différenciée, tout comme l’approche par compétences, est une véritable auberge espagnole dans laquelle se retrouvent des mises en pratique divergentes. Certaines mènent au creusement des écarts entre les élèves.

Sabine Kahn estime que la base d’un enseignement de qualité réside d’abord dans la capacité à mobiliser les élèves : avec le travail par compétences, on a tourné le projecteur. L’important n’est plus comment le maitre enseigne, mais ce que l’élève apprend. Mais il y a des pratiques enseignantes qui contribuent, plus que d’autres, à rendre compétents les élèves, c’est-à-dire les rendre capables de réutiliser ce qu’ils apprennent dans des situations nouvelles et complexes, ce qu’on appelle la « mobilisation.[17]

 

Si la pédagogie différenciée est parfois mal comprise, mal appliquée ou bricolée par manque de formation ou de moyens, faut-il pour autant la jeter aux oubliettes ? Et est-elle en contradiction avec la capacité à mobiliser les élèves ? A chacun de se faire sa propre opinion ! Pour l’UFAPEC, l’école et ce dès la maternelle représente une, si pas la plus grande, chance d’émancipation sociale pour de nombreux enfants. Cela passe par la prise en compte de leurs besoins et rythmes respectifs !

 

Abaisser l’âge de l’obligation scolaire, bénéfique ?

Face à ces chiffres et à la discrimination qui touche les enfants de milieux précarisés dès la maternelle, il y a lieu de s’interroger et de mettre en place des mesures pour renforcer la fréquentation de l’école maternelle pour tous les enfants.

 

Rendre l’école obligatoire à 5 ans et sensibiliser les familles à l’importance pour l’enfant de fréquenter l’école maternelle est nécessaire ! L’UFAPEC le demandait déjà dans son Mémorandum en 2014 et le gouvernement va dans ce sens d’autant plus que cela donnerait toute sa cohérence au cycle 5-8 ans.[18] Mais cela sera-t-il suffisant ?

 

L’avis du CERE prête à réfléchir : abaisser l’âge de la scolarité à 5 ans est nécessaire mais insuffisant, l’école doit aussi reconnaitre la langue et la culture des familles et réduire le choc culturel que vivent certains enfants lors de leur entrée à l’école en allant vers les familles, en s’inspirant des milieux d’accueil de la petite enfance et des acteurs du quartier. Ceci rejoint l’idée que l’enseignant est un passeur culturel et non un assimilateur. Par ailleurs, l’école maternelle ne doit pas tendre à la « primarisation » (devenir une sorte d’école primaire avant 6 ans), elle est le lieu pour apprendre la socialisation, la créativité et l’expression de soi.[19]

 

Et à Bruxelles et dans tous les lieux où il y a un manque de places et d’écoles, que fait-on ?

Comment faire pour que tous les enfants fréquentent l’école maternelle alors qu’il y a un manque de places, que les milieux d’accueil de la petite enfance sont saturés et contraints à pousser les enfants de 3 ans vers la sortie ? Autre inégalité du système : les enfants de parents de milieux défavorisés ont moins de chance que les autres d’être inscrits. Car, dans une situation de pénurie où les premiers à se manifester sont les premiers servis, il faut être informé, avoir conscience de la situation de pénurie et avoir les ressources pour faire des démarches d’inscription bien à l’avance, pousser les portes et se faire entendre.

La situation démographique toute particulière à Bruxelles demande d’urgence la création de nouvelles places et écoles sur le territoire bruxellois. Mais pas n’importe comment : en donnant des chances égales d’accès à tous les enfants et en tenant compte aussi des spécificités liées aux besoins des tout petits. On ne peut pas installer des enfants de classe d’accueil ou de 1ère maternelle dans des caves, des ailes éloignées ou des containers ! Comme l’explique une étude du FRAJE (Centre de Formation permanente et de Recherche dans les milieux d'Accueil du Jeune Enfant)[20], les tout petits ont besoin d’un agencement des locaux (classe, coin sieste, coin change et toilettes qui évitent les ruptures. Celles-ci les perturbent et les rendent moins réceptifs aux apprentissages.

Il est clair que cette question ne dépend pas que de la FWB et que la Région bruxelloise a aussi du pain sur la planche !

 

Joanne de Terwangne, institutrice maternelle attire notre attention sur le leurre, voire le cynisme, d’abaisser l’âge de l’obligation scolaire sans l’accompagner d’autres mesures importantes :

 

Une importante majorité des familles n’attend pas le moment de la scolarité obligatoire pour envoyer leurs très jeunes enfants à l’école car le crédit de celle-ci est très grand surtout auprès des familles populaires. Pourtant, nombreux sont les élèves (de milieu populaire), qui la fréquentent avec régularité, à se retrouver en difficulté voire en échec scolaire. C’est une question fondamentale à affronter, car il s’agit là de l’échec de l’école beaucoup plus que celui des élèves et sa responsabilité est engagée. Il y a une promesse non tenue et avancer l’âge de l’obligation scolaire, sans renforcer les moyens pour en garantir la réussite pourrait s’apparenter à de l’hypocrisie ou même du cynisme. Quant aux familles qui ne parviennent pas à assurer la régularité de la fréquentation scolaire de leurs enfants, peut-on croire qu’il suffit de renforcer la contrainte pour améliorer les résultats ?[21]

 

 

Pour éviter des effets négatifs ou contre-productifs, l’abaissement de l’âge de l’obligation scolaire doit s’accompagner d’une série d’autres mesures essentielles comme : 

  • Investir suffisamment de moyens financiers et humains (d’autant plus si l’école est obligatoire à 4 ou 3 ans cela est débattu à plusieurs niveaux, qu’il s’agisse du Pacte pour un enseignement d’excellence ou du Parlement de la FWB.
  • Ces moyens doivent être proportionnels aux nombres d’élèves inscrits. La FWB et la Région bruxelloise pour la situation de Bruxelles en ont-elles les moyens et la volonté ?
  • Augmenter la gratuité de l’école maternelle pour permettre aux familles précarisées de mettre leur enfant à l’école maternelle sans créer de nouveaux frais dans leur budget précaire. Il s’agit notamment de prévoir de bonnes conditions d’accueil en particulier pour les publics précarisés (matériel, activités payantes, repas…).[22]
  • Selon le principe de réalité, établir un phasage (abaissement de l’obligation scolaire à 5 ans puis 4 ans…) en fonction des moyens et places disponibles[23] sans quoi de nombreuses familles risquent d'en subir les frais. On ne peut pas décréter l’abaissement de l’obligation scolaire du jour au lendemain, il faut des moyens et des aménagements pour pouvoir accueillir les élèves. L’UFAPEC sera extrêmement vigilante sur ce point !
  • Adopter un changement de regard et de posture envers l’élève et sa famille. Cela passe par la formation initiale et continuée des enseignants[24] :

1. Reconnaitre la culture et le savoir des familles populaires, leur faire une place à l’école mais aussi prendre conscience des différences socio-culturelles des enfants à leur entrée à l’école. Il y a des attendus implicites de l’école envers les enfants qui pénalisent d’emblée les milieux populaires comme la familiarisation au monde de l’écrit, la connaissance de mots de vocabulaire, le fait d’attendre son tour, de prendre sa place dans le groupe... Certains de ces attendus sont appris dans les lieux d’accueil de 0-3 ans (or une fois de plus, ce sont les milieux précarisés qui y ont le moins accès et tous les enfants entrant à l’école maternelle ne sont pas forcément familiers avec ces acquis de base).

2. Sensibiliser les familles à l’importance de la fréquentation de l’école maternelle en créant une relation de confiance entre les jeunes parents et l’école, dans une dynamique de soutien à la parentalité[25] en s’inspirant et en collaborant avec les milieux d’accueil de la petite enfance et les associations de quartier déjà en lien avec les familles populaires. Construire un partenariat avec des parents qui doutent de leurs capacités, c’est d’abord se mettre dans une attitude de bientraitance comme l’explique l’ONE : « le non-jugement, la non-disqualification, l’empathie, l’écoute active et respectueuse, la construction d’un lien de confiance réciproque, la prise en compte des références culturelles de la famille, le respect, la non-stigmatisation, la co-construction des solutions et l’alliance éducative[26] ».

3. Créer du dialogue et construire la coéducation avec les familles[27].

 

Abaisser l’obligation scolaire à 2,5-3 ans ne semble pas pertinent pour l’UFAPEC actuellement vu les différences de développement d’un enfant à l’autre. S’il nous parait utile d’inciter les familles à inscrire leur enfant l’école entre 3 et 4 ans pour un accrochage scolaire en douceur, il faudra développer des structures d’accueil adéquates et en nombre suffisant pour répondre aux besoins des enfants de cet âge. Une prochaine analyse sera consacrée à la question des classes d’accueil.

 

Conclusion

Face à une paupérisation croissante des enfants, oui, l’école maternelle pourrait contribuer à limiter la reproduction de l’exclusion sociale en offrant des chances égales de réussite à tous les enfants.

Une école maternelle de qualité demande d’investir dans la formation et l’accompagnement des institutrices et instituteurs maternels pour permettre une approche interculturelle et sociale de l’enseignement, une approche positive de l’enfant axée sur la promotion de ses potentialités, un soutien à la parentalité et la coéducation avec les familles en collaborant avec les milieux d’accueil de la petite enfance et les associations de quartier.

 

Or, aujourd’hui, on est loin du compte ! Les enfants de milieux précarisés sont encore parmi ceux qui fréquentent le moins l’école maternelle et qui ont le plus de mal à réussir l’accrochage scolaire. L’école qui a pour objectif de faire réussir tous les élèves produit des échecs massifs dès les premières années du primaire et/ou oriente abusivement vers le spécialisé. Notre système scolaire doit se remettre en question ! Il doit permettre et encourager, notamment par plus de gratuité et de soutien aux familles, la fréquentation de l’école maternelle par tous les enfants dès 5 ans. L’abaissement de l’obligation scolaire est certainement une mesure nécessaire que l’UFAPEC soutient en veillant à ce qu’il ait des conditions d’accueil suffisantes, spécifiques et non discriminatoires, à Bruxelles particulièrement et dans toutes les zones appelées à connaître une pression démographique de plus en plus importante.

 

L’école maternelle a besoin d’être enfin reconnue comme une école à part entière ! Il y a là une responsabilité sociétale mais aussi un investissement sur l’avenir !

 

Dominique Houssonloge

 

 


[1] Voir Dominique Houssonloge, Un enfant sur cinq sous le seuil de pauvreté en Belgique. Que fait-on ? Analyse UFAPEC, 06.15. - http://www.ufapec.be/nos-analyses/0615-enfance-pauvrete.html

[2] Dominique Houssonloge, Vivre sous le seuil de pauvreté et espérer réussir à l’école, est-ce bien réaliste ? Analyse UFAPEC n°11.15,  août 2015.

[3] Idem.

[5] Fédération Wallonie-Bruxelles, Les indicateurs de l’enseignement 2014, p. 12 -  file:///C:/Users/Dominique/Downloads/Indicateurs%202014%20-%20document%20complet%20(ressource%2011002)%20(2).pdf

[6] Fondation Roi Baudouin, Ce que des parents en situation de précarité disent de l’accueil et de l’éducation des tout-petits, 2013, pp. 32-33.

[7] Contribuer au diagnostic du système scolaire en FWB.  Ministère de l’Education de la Fédération Wallonie-Bruxelles. Rédigé avec l’expertise et le support analytique de McKinsey & Company 10/06/2015 - http://www.pactedexcellence.be/wp-content/uploads/2015/01/Rapport-final-FWB.pdf.

[8] Organisation de coopération et de développement économique.

[9] Axe thématique II Améliorer le parcours scolaire de l’élève et lutter contre les échecs et les inégalités scolaires GROUPE DE TRAVAIL II.1. « Renforcer l’investissement dans l’enseignement maternel » CAHIER DES CHARGES DE LA PREMIÈRE ÉTAPE DE LA TROISIÈME PHASE DES TRAVAUX 1 ER OCTOBRE 2015 – 15 FÉVRIER 2016 http://www.pactedexcellence.be/wp-content/uploads/2016/02/Axe-2-GT-II-1.pdf

[10] Sarah Bay, La fréquentation de l'école maternelle francophone en Région de Bruxelles-Capitale. Etude du Centre d’Expertise et de Ressources pour l’Enfance, 2010, - http://www.cere-asbl.be/IMG/pdf/La_Frequentation_de_l_Ecole_maternelle_-_etude_dec2010.pdf

[11] Research funded by the UK Department for Education   Effective Pre-School, Primary and Secondary Education Project EPPSE 1997 – 2014 The Benefits of Investing in High Quality Pre-school: Research Evidence. Principal Investigators: Kathy Sylva, Edward Melhuish, Pam Sammons (Oxford), Iram Siraj & Brenda Taggart (UCL Institute of Education).

[12] Cette étude a été présentée lors du Colloque de la Fondation Roi Baudouin, L’école maternelle, une chance à saisir. Mieux préparer les futurs enseignants préscolaires à l’accompagnement des enfants de milieux précarisés, le 16 février 2016 à Namur.

[13] Voir Dominique Houssonloge, L’apprentissage du français à l’école maternelle, un enjeu scolaire et social de taille. Analyse UFAPEC n°26.15 - http://www.ufapec.be/nos-analyses/2615-francais-en-maternelles.html

 

[14] Voir Dominique Houssonloge, Mieux accompagner et soutenir les élèves précarisés en maternelle par une approche interculturelle et sociale de l'enseignement. Analyse UFAPEC n°32.15 - http://www.ufapec.be/nos-analyses/3215-interculturel-et-social-en-marternelle.html

[15] Colloque de la Fondation Roi Baudouin, L’école maternelle, une chance à saisir, Op. cit.

[16] Communauté française, Décret définissant les missions prioritaires de l'enseignement fondamental et de l'enseignement secondaire et organisant les structures propres à les atteindre. 1997, art. 5.12

[17] Cahiers pédagogiques, Présentation de l’ouvrage de Sabine Khan, Pédagogie différenciée, 1ère édition 2010 - http://www.cahiers-pedagogiques.com/Pedagogie-differenciee

[18] Voir notamment Déclaration de Politique Communautaire (DPC) -  http://www.federation-wallonie-bruxelles.be/index.php?id=dpc2014-2019 - Axe thématique II Améliorer le parcours scolaire de l’élève et lutter contre les échecs et les inégalités scolaires GROUPE DE TRAVAIL II.1. « Renforcer l’investissement dans l’enseignement maternel » CAHIER DES CHARGES, op. cit et Parlement de la Communauté française, Rapport sur la pauvreté infantile et juvénile en Fédération Wallonie-Bruxelles, 17 février 2016, Recommandations politiques, p. 80. A notre qu’abaisser l’âge de l’obligation scolaire demandera une révision de la Constitution et donc une décision du gouvernement fédéral.

[19] Sarah Bay, op. cit., p. 59.

[20] FRAJE, La journée d’un enfant en classe d’accueil. Recherche pluridisciplinaire. 2015.

[21] Traces de Changement. D’accueil en écueils, l’école maternelle rame, Joanne de Terwangne, n° 222, septembre et octobre 2015, p. 16.

[22] Voir notamment Parlement de la Communauté française, Rapport sur la pauvreté infantile et juvénile en Fédération Wallonie-Bruxelles, 17 février 2016, Recommandations politiques.

[23] Expliqué par Marie-Martine Schyns, Cheffe de groupe CDH au Parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles  à Midi Première, RTBF le 26 février 2016.

[24] Voir notamment le Colloque de la Fondation Roi Baudouin, L’école maternelle, une chance à saisir. Op. cit.

[25] Note à compléter ?

[26] ONE, Pour un accompagnement réfléchi des familles. Référentiel de soutien à la parentalité, Bruxelles, 2012 - http://www.one.be/index.php?id=2224

[27] Michaël Lontie, La coéducation en maternelle. Analyse UFAPEC, n° 06.14 - http://www.ufapec.be/files/files/analyses/2014/0614-coeducation.pdf - et Dominique Houssonloge, Vivre sous le seuil de pauvreté et espérer réussir à l’école, est-ce bien réaliste ? Analyse UFAPEC n°…, août 2015.

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