Analyse UFAPEC juin 2019 par A. Pierard

10.19/ Les enfants et les écrans : comment accompagner et autonomiser l'usage du numérique ?

Introduction

Dans la société techno dépendante dans laquelle nous vivons, il est difficile de se passer des technologies et outils numériques. Nous les utilisons au quotidien. Les écrans ont envahi notre vie, ils sont partout et paraissent nécessaires pour effectuer la moindre tâche. Quelles en sont les conséquences pour nos enfants ?

Après avoir étudié l’effet des écrans sur le développement des enfants dès leur plus jeune âge[1], nous souhaitons nous pencher sur la question de l’utilisation de ces écrans par les enfants de 3 à 12 ans. Avec l’âge, l’enfant va diversifier ses usages : regarder la télévision, utiliser l’ordinateur familial, jouer sur des tablettes et consoles de jeux, etc.

Or même nous, les adultes, nous ne maitrisons pas tout ce qui est accessible via le numérique et internet. Quelle information transmettre aux enfants en tant que parents ? Comment leur donner les moyens de se positionner face aux contenus diffusés ?

En tant que parents, quelle place donner aux écrans dans la vie des enfants ? Comment les rendre autonomes et responsables de leurs usages ?

Quel rôle l’école a-t-elle à jouer dans l’éducation aux médias ? Les établissements scolaires sont un lieu important des apprentissages durant l’enfance et l’adolescence. Les enfants y passent beaucoup de temps. L’utilisation des outils numériques doit-elle faire partie des apprentissages scolaires ?

Les balises « 3-6-9-12 », qu’en penser aujourd’hui ?

Ces règles proposées par Serge Tisseron, psychiatre et psychanalyste français, sont devenues les balises de la campagne de Yapaka (programme de prévention de la maltraitance de la Fédération Wallonie-Bruxelles). Serge Tisseron et la Fédération Wallonie-Bruxelles ne sont pas opposés aux écrans. Ces balises sont des pistes pour permettre un accompagnement et un usage réfléchi des écrans afin de se les approprier. Les technologies numériques sont un bel outil, il semble donc important d’en accompagner l’usage et de ne pas laisser trop vite seul l’enfant avec ces outils comme on lui apprend à utiliser des couverts pour manger, des ciseaux pour bricoler, etc.

Des parents questionnent l’usage du numérique par leurs enfants. Les parents interrogés indiquent s'inquiéter des effets néfastes d'une surconsommation d'écrans. Ainsi, 58 % ont constaté que cela influe sur la qualité de sommeil des enfants, 44 % ont peur que les smartphones impactent leur aptitude à se sociabiliser et 33 % leur santé mentale. Cependant, ils sont 44 % à indiquer que c'est un support utile en matière d'apprentissage, 45 % de créativité, et 42 % de bien-être. Par ailleurs, ils sont 74 % à estimer que posséder son propre appareil donne aux plus jeunes le sens des responsabilités.[2] Les parents reconnaissent donc les intérêts et les risques du numérique. Leurs inquiétudes et réflexions peuvent trouver réponses dans des balises comme celles de Serge Tisseron.

  • Pas de télévision avant 3 ans

Cette balise a déjà évolué, car au départ, Serge Tisseron disait « pas d’écran avant 3 ans ». Divers éléments peuvent expliquer cette évolution : l’apparition des tablettes, de programmes et d’applications interactifs… l’évolution générale de notre société de plus en plus numérique. En sera-t-il de même pour les autres balises dans un futur plus ou moins proche ?

Serge Tisseron précise au sujet de la télévision que 80 % des programmes regardés par les enfants de 3 à 12 ans ne leur sont pas spécifiquement destinés, car les enfants sont souvent seuls devant l’écran. Or, certaines images peuvent engendrer une très forte charge émotionnelle et peuvent ne pas être comprises.[3] D’où l’importance de parler avec l’enfant de ce qu’il voit à la télévision (ou sur un autre écran). Certaines images peuvent être choquantes pour des enfants. La violence de ces images ne vient pas seulement du contenu objectivement violent des images (guerre, combat, etc.), mais aussi de la possibilité pour des images de réveiller un traumatisme personnel (décès ou maladie grave dans la famille, chute, etc.), du montage et de l’utilisation de bandes-son agressives et de la capacité des images à bousculer les repères et provoquer la confusion.[4]

  • Pas de console de jeu avant 6 ans

L’enfant doit continuer à découvrir son potentiel, ses capacités et toutes ses possibilités. Il reste important qu’il ait des activités engageant ses dix doigts et lui permettant d’utiliser ses cinq sens, pour développer son habileté motrice, et surtout son cerveau. Il ne faut pas laisser les écrans capter toute son attention, prendre tout son temps de loisirs.

A partir de 6 ans, Serge Tisseron conseille aux parents d’établir des règles claires sur les temps d’écrans, de paramétrer la console de jeux du salon. A partir de 8 ans, il propose un usage accompagné d’Internet sur l’ordinateur familial.[5] Comme expliqué sur le site de la Fédération-Wallonie Bruxelles, il est important d’accompagner l’utilisation des outils numériques. Avant 9 ans, l’enfant continue à mettre en place les différentes formes de son intelligence. Internet risque de brouiller les repères qu’il est en train de se construire. (…). Sentez-vous le droit de fixer des limites.[6] Ce qui semble important est de se réapproprier ces pistes, d’établir ses propres règles selon les valeurs et le contexte familial et de les expliquer aux enfants. Jouerait-on à des jeux vidéo avec un enfant de 7 ans en laissant son petit frère ou sa petite sœur sur le côté s’il ou elle s’y intéresse aussi ?

Les consoles de jeux peuvent avoir un avantage. En mode multijoueur, cela permet d’en faire un support occasionnel de jeu en famille ou avec des amis, un outil de socialisation voire d’apprentissages accompagnés, si les parents partagent cette activité avec leurs enfants. Si les parents sont des joueurs invétérés, initier leur enfant aux jeux vidéo peut être une occasion de partager leur passion.

  • Pas d’internet seul avant 9 ans

Une fois que l’enfant peut surfer sur internet, la campagne incite les adultes à accompagner l’utilisation d’internet. Dans ce sens, il parait judicieux de lui rappeler les trois règles de base concernant internet : tout ce que l’on y met peut être rendu public ; tout ce que l’on y met y reste éternellement ; tout ce que l’on y trouve est sujet à caution.

Comme la Fédération Wallonie-Bruxelles, l’UFAPEC pense qu’il est important de s’intéresser aux jeux vidéo et aux autres activités des enfants, sur les écrans ou non, afin de connaitre leurs centres d’intérêt, d’accompagner leurs pratiques sans les dénigrer, d’installer un climat de confiance, de pouvoir en discuter avec eux, de les amener à en parler s’il y a un souci dans l’utilisation d’un outil numérique. Familiarisez-vous avec les jeux vidéo, les films et les feuilletons que vos enfants peuvent regarder. Il ne s’agit pas seulement de contrôler que leur âge correspond à la préconisation des concepteurs, mais également d’avoir des éléments pour pouvoir parler avec eux de ce qu’ils y voient.[7]

  • Pas de réseau social avant 12 ans

L’adolescence, c’est l’âge des réseaux sociaux. Ceux-ci familiarisent les jeunes avec les mondes numériques, mais constituent aussi un nouvel espace d’expérimentation sociale qui leur permet de se définir et de définir le monde qui les entoure. L’adolescent qui fréquente les réseaux sociaux renforce ses compétences sociales.[8]

Les pratiques évoluent très rapidement et de nouveaux outils apparaissent, comme Tik Tok, application de partage de vidéos avec musique et effets spéciaux plébiscitée auprès des filles à partir de 9 ans. Cette application peut être considérée comme un réseau social. Il semble y avoir contradiction au niveau des âges, contrairement à des réseaux sociaux comme Facebook où il faut treize ans accomplis pour créer un compte…

Quelle souplesse adopter avec ces balises ? Celles-ci doivent-elle évoluer pour s’adapter aux nouveaux outils et aux pratiques familiales ?

Apports des écrans pour nos enfants

Comme expliqué dans la présentation des balises de la campagne de la Fédération Wallonie-Bruxelles, l’utilisation des outils numériques par les enfants comporte des risques, mais présente aussi des effets bénéfiques pour eux. Il s’agit de développer des habiletés sociales, d’améliorer la communication, d’acquérir un accès à l’information, de développer des apprentissages, de faire preuve de créativité, de s’approprier les outils, etc. Tout au long de l’enfance, les diverses formes d’intelligence continuent à se mettre en place et les écrans peuvent y contribuer. Les stratégies que le joueur est invité à mettre en jeu peuvent stimuler l'apprentissage de certaines compétences : capacité de concentration, d’innovation, de décision rapide et de résolution collective des problèmes et des tâches. Ils préparent donc les enfants à une société de l'information dans laquelle la réflexion stratégique, la créativité, la coopération et le sens de l'innovation sont des facultés essentielles.[9]

Yves Collard, expert et formateur en éducation aux médias chez Média Animation, partage l’exemple de sa fille (14 ans) qui a développé son apprentissage de l’anglais et créé ses propres vidéos (histoire, mise en scène, dessins, etc.) en utilisant Tik Tok.[10]

Comme le souligne le pédopsychiatre Marcel Rufo, les outils numériques sont aussi des ressources intéressantes pour les élèves à besoins spécifiques dans la mise en place d’aménagements raisonnables et la recherche de réponses à ces besoins. [11] Il se demande d’ailleurs s’il ne deviendrait pas plus pertinent qu’à l’école les enfants apprennent à taper plutôt qu’à écrire, car le numérique prend de l’importance par rapport au papier. Les élèves devront-ils bientôt aller tous en classe avec un ordinateur ou une tablette plutôt qu’avec un plumier et des cahiers ? [12]

Les pédopsychiatres soulèvent la nécessité d’accompagner l’usage du numérique des enfants pour leur avenir dans une société multi connectée. Rendre les enfants et adolescents responsables de leurs usages, c’est aussi leur permettre d’expérimenter, de faire des essais-erreurs, de s’adapter aux outils à leur disposition. Nous sommes déjà nous-mêmes, à l’heure actuelle, des utilisateurs quotidiens des écrans et autres outils technologiques. Qu’en sera-t-il quand nos enfants seront adultes ?

Et en pratique ?

Comme l’explique Yves Collard, faire reculer l’entrée du numérique dans la vie de nos enfants ne va pas les aider. Selon lui, il faut plutôt lui donner sa place en s’appropriant des repères.[13] Notre rôle de parents est alors de protéger l’enfant en servant de filtre et en apportant, par le dialogue, des éléments d’explications à ce qu’il voit. Une bonne transmission des interdits fondamentaux (inceste - meurtre - cannibalisme) et des règles de vie sociale est indispensable tant en paroles qu’en actes.[14]

L’Office de la Naissance et de l’Enfance (ONE) explique aussi qu’il est important de prendre le temps de discuter avec lui de ce qu’il a vu, ce qu’il en a retenu ou ressenti l’aide à développer son esprit critique et à prendre du recul par rapport au contenu visionné. Comme déjà évoqué, l’objectif est d’éviter que la télévision empiète sur le temps d’activités propices à son développement : jeux, sports, bricolages, lecture, dessin... Ces occupations pourront lui apporter plaisir et épanouissement. Elles vont développer ses capacités créatrices et relationnelles.[15]

  • Questions de parents

Comment faire quand les enfants, et surtout les adolescents, ne respectent pas les règles établies ? Cette question, même si elle n’est pas propre aux écrans et aux usages d’internet, est souvent amenée lors de nos soirées et conférences sur l’éducation aux médias. Selon Marina Blanchart, psychologue et psychothérapeute de l’ASBL Virages, il faut pouvoir lâcher prise, au profit de la relation parent-enfant. « Il faut changer de stratégie et passer par la responsabilisation : on les laisse gérer et assumer les conséquences (…) Ça ne marche pas toujours… ». Cela impose aux parents de lâcher prise. « Si on continue à vouloir imposer des règles, on risque de détériorer la relation. En protégeant celle-ci, on garde les échanges et une forme d’influence sur les enfants. Quelque chose peut peut-être changer. »[16] Il peut alors être jugé intéressant de discuter ensemble des règles et limites et de leur raison d’être.

S’il est difficile de faire accepter les règles, on peut envisager d’accompagner la frustration et, peut-être, d’avoir moins de règles, mais de les faire respecter, de prévoir de la souplesse si les règles de base sont respectées.

Une autre question souvent évoquée est celle de savoir comment décoller les enfants des écrans. Pour cela, il semble essentiel de permettre aux enfants de s’ennuyer, de leur proposer d’autres activités, de passer du temps avec eux. « Le rôle de parent, c’est aussi les contraindre à d’autres plaisirs pour les couper de la solution de facilité. » Juste les laisser s’ennuyer un peu ou leur proposer de faire du jogging ou du foot avec les gamins du quartier, d’aller jouer chez les cousins, de faire du skateboard, de gratter une guitare. Ou les emmener, même s’ils grommellent, en balade en famille. En évitant surtout, au retour, la morale gâche-plaisir du genre : « Tu vois que c’était chouette, cette promenade dans les bois »...[17]

Comme évoqué précédemment, des parents s’inquiètent des effets néfastes d’une consommation excessive des outils numériques pour leurs enfants. Mais se questionnent-ils aussi au sujet de leur propre consommation ? Les enfants semblent être plus nombreux à s’en préoccuper… 61 % des mineurs ont déjà reproché à leur père ou à leur mère ne pas être capable de se déconnecter. D'ailleurs, les adultes reconnaissent eux-mêmes qu'ils passent beaucoup de temps sur Internet, puisque 57 % d'entre eux estiment que la durée qu'ils y passent est trop longue, et 40 % le regrettent.[18]

Marina Blanchart, psychothérapeute, évoque le cas d’une maman séparée qui surveillait l’activité du portable de sa fille en vacances au soleil avec son père (via une application comme Webwatcher ou Spyzie). À son retour, elle lui fait la leçon : huit heures par jour sur Facebook et compagnie, c’est tout de même exagéré ! Réplique de l’ado : "Ben, papa, c’était quinze heures…" Sur WhatsApp avec sa nouvelle copine.[19]

Si l’on veut faire respecter des règles par nos enfants, cela sera peut-être plus facile si nous les mettons en pratique nous-même… Pourquoi un adolescent limiterait-il son usage des écrans s’il voit ses parents rivés sur leurs smartphones dès qu’ils le peuvent ? Est-il facile de faire respecter le cadre établi si nous ne le suivons pas ? « Fais ce que je dis, pas ce que je fais ! », est-ce assimilable par les enfants ?

Marina Blanchart et Yves Collard se rejoignent pour dire que l’essentiel n’est pas d’avoir des règles communes à faire respecter par toutes les familles, mais de définir les règles que nous voulons faire respecter au sein de notre foyer, en tant que parents. « Les parents doivent clarifier leurs propres valeurs. Si elles sont claires, ce sera plus facile pour eux de s’y tenir et plus facile pour les enfants de les accepter. » En gardant dans un petit coin de la tête que l’interdit augmente l’envie. Les familles doivent donc elles-mêmes définir leurs règles. Il peut s’agir d’une limite de temps et/ou des créneaux horaires : pas avant ou pas après telle heure… On peut décider d’interdire le smartphone à table (pour autant que les parents fassent de même). Et/ou pas de GSM dans la chambre pendant les examens - c’est moins tentant quand le smartphone n’est pas sous les yeux. Et/ou pas d’ordinateur personnel avant 18 ans et/ou que la machine reste dans une pièce de vie... On peut aussi établir des conditions préalables : les devoirs doivent être faits, la chambre rangée, le piano répété…[20]

  • Outils à disposition des parents

L’UFAPEC, en collaboration avec Média animation, vu la prédominance des questions liées à l’usage des outils numériques, a créé deux outils (brochure et site internet) :

  • Internet à la maison en 10 questions[21] (2012)
  •  1, 2, 3 clic[22] (2019)

Il s’agit de réflexions et réponses toujours d’actualité concernant l’usage d’internet pour le premier et de ressources pour soutenir les parents dans l’accompagnement des jeunes enfants dans leurs pratiques et usages numériques (conseils, idées d’activités, pistes pour aller plus loin) afin de développer des réflexes d’usage raisonné pour le deuxième.

Le Conseil Supérieur de l’Education aux Médias, dont l’UFAPEC fait partie, a réalisé une série de brochures, la collection Repères[23] afin d’outiller et d’informer de façon succincte et concrète les familles et les professionnels de l’éducation.

Les six dossiers déjà conçus traitent de l’identité numérique, de la liberté d’expression, de l’information en ligne, de la désinformation, du cyberharcèlement et des influences du big data et des algorithmes.

La place de l’école

Tout comme les parents, les enseignants ne sont pas formés à faire de l’éducation aux médias auprès des enfants. « Ces dernières années, il y a une prise de conscience du phénomène des théories du complot et des fake news, observe Daniel Bonvoisin. Il y a aussi une inquiétude chez les enseignants que leurs élèves consultent n’importe quoi sur internet. Le souci étant que les enseignants se demandent comment faire autorité face à cela. » Et c’est là que les formateurs se heurtent au cœur du problème : les enseignants ont de grosses lacunes concernant les médias. « Ce qui est regrettable, c’est que leur formation initiale sur les médias est très faible. Ce n’est pas abordé durant leurs études. Les enseignements sont fragilisés face à ces questions récentes et dépourvus d’outils », estime le formateur. D’où l’importance d’outiller ceux qui éduquent les plus jeunes.[24]

L’ordinateur fait partie de notre environnement immédiat et doit avoir une place appropriée à l’école. Son très grand potentiel d’application et la diversité didactique qu’il offre peuvent faciliter l’apprentissage chez de nombreux enfants. Il ne doit pas déshumaniser la classe, mais plutôt servir d’outil pédagogique dont l’usage est agréable pour les enfants. L’ordinateur informe, l’enseignant forme. Les enfants ont besoin de ce dernier pour trier, classifier, chercher et développer leur sens critique et un esprit de synthèse.[25]

L’école n’est plus la seule fenêtre sur le monde, celui-ci s’ouvre à nous depuis les différents médias. L’enseignant, tout comme le parent, est donc là pour accompagner l’usage des outils numériques. Comment, en tant que parent ou enseignant, accompagner cet usage puisque nous sommes formés sur le tas ?

Utiliser les médias à l’école peut permettre de rendre les apprentissages attrayants et apprendre aux élèves à devenir des utilisateurs actifs et critiques des médias. La question est de savoir comment adapter l’école au numérique.

Les revendications de l’UFAPEC pour permettre cette adaptation sont multiples et complémentaires :

  • Équiper toutes les écoles du matériel nécessaire.
  • Veiller à ce que les élèves aient reçu une formation suffisante à l’utilisation des médias et des TICs requis dans le cadre de leur scolarité.
  • Intégrer davantage l’éducation aux médias dans les programmes, de manière transversale.
  • Préparer les élèves à organiser et structurer l’utilisation des informations via le numérique.
  • Intégrer dans la formation le renforcement du sens critique des élèves par rapport aux contenus disponibles et aux informations diffusées sur le net.
  • Amener à la conscience de chaque élève la question de ses usages et responsabilités sur Internet et les réseaux sociaux.
  • Préparer les enseignants à la bonne utilisation du numérique et au changement de leur rôle associé.[26]

Conclusion

En matière d’éducation aux médias, les parents et l’école ont un rôle éducatif complémentaire à jouer auprès des enfants afin qu’ils deviennent des citoyens conscients, responsables et capables d’analyse critique. Même s’ils ont peu de connaissances et de formation préalables, chaque parent a en lui les ressources pour accompagner son enfant dans sa consommation des écrans. Il n’est pas nécessaire d’être un expert en médias et de s’y former pour s’intéresser aux activités des enfants et développer une relation dans la confiance et le dialogue. Si besoin, des brochures et des organismes peuvent soutenir le parent qui veut aller plus loin en matière d’éducation aux médias. Les parents ont un rôle essentiel à jouer dans cette éducation aux médias. Ils doivent d’abord encadrer les habitudes télévisuelles et l’utilisation des consoles et des ordinateurs. Ensuite, ils doivent familiariser les enfants au langage des images, à ses codes, à ses biais et, ainsi, leur permettre de prendre une distance devant les messages afin de se prémunir contre ses mauvaises influences.[27]

Les points essentiels de l’éducation aux médias sont de (re)donner à l’écran un rôle positif, d’encadrer, d’être disponible pour échanger et développer l’esprit critique, de se former à s’informer et d’encourager l’affirmation de soi et le développement de la sensibilité. Même s’il est parfois seul devant l’écran de l’ordinateur, de la tablette ou de la télévision, l’enfant n’est pas seul face aux contenus et outils numériques. Il vit dans un environnement familial, amical et scolaire… Cet ensemble organise ses attitudes et l’accompagne dans sa découverte, sa familiarisation et son apprentissage du numérique.

Tout comme Serge Tisseron, malgré ses conseils et mises en garde, l’UFAPEC n’est pas contre l’utilisation des écrans. Au contraire, il faut pouvoir leur donner une place dans la vie des enfants en respectant les balises de la campagne Yapaka et en trouvant un juste milieu entre protection (violence, temps) et confrontation (éveil de la curiosité, soutien au développement). Il faut reconnaitre que les écrans et la télévision apporte[nt] également un plaisir qu’il ne faut surtout pas nier. L’idéal serait qu’elle fasse partie d’un ensemble des petits plaisirs de la vie, comme toute autre activité culturelle, sportive ou ludique et pas l’unique source de plaisir.[28] Cela rejoint notre revendication selon laquelle il faut faire attention au tout numérique en limitant son usage aux aspects où il se révèle réellement utile et ne pas oublier les autres dimensions d’apprentissage.

L’UFAPEC rejoint les propos d’Yves Collard lors d’une conférence auprès des parents dans une école de Braine l’Alleud : Ecole et parents, mettons ensemble les bases le plus précocement possible et construisons la protection intérieure de nos enfants face aux médias ! [29]

 

Alice Pierard

 


[1] PIERARD A, A l’ère du numérique, quelle place donner aux écrans dès le plus jeune âge ?; analyse UFAPEC n°09.19, juin 2019.

[2] CAPRONNIER M., « Les enfants sont plus accros aux écrans qu’aux bonbons (et leurs parents aussi) », in Magicmaman.com, publié le 8 novembre 2018. https://www.magicmaman.com/les-enfants-sont-plus-accros-aux-ecrans-qu-aux-bonbons-et-leurs-parents-aussi,3610018.asp

[3] BAIE F., L’enfant et les écrans. Trop… c’est peut-être trop,  analyse UFAPEC n°29.13, décembre 2013, p. 5.

[5] BAIE F., L’enfant et les écrans. Trop… c’est peut-être trop,  op cit., p. 6.

[10] Intervention lors d’une conférence débat « Les écrans et les enfants : quels repères pour les familles et les écoles ? », Braine-l’Alleud, 4 avril 2019.

[11] Pour en savoir plus sur le sujet, lire les analyses :

FLOOR A., L'outil numérique en classe comme support pour les élèves à besoins spécifiques : le jeu en vaut-il la chandelle ?, analyse UFAPEC n°07.17, mai 2017.

FLOOR Anne, L’outil numérique pour contourner les difficultés de l’écrit, analyse UFAPEC n° 28.16, décembre 2016.

[12] Intervention lors d’une conférence « Faut-il donner un smartphone aux enfants ? », Bruxelles, 16 octobre 2018.

[13] Intervention lors d’une conférence débat « Les écrans et les enfants : quels repères pour les familles et les écoles ? », Braine-l’Alleud, 4 avril 2019.

[14] L’enfant et la télévision, pour en savoir plus, brochure de l’ONE, https://www.one.be/fileadmin/user_upload/siteone/PARENTS/Brochures/Lenfant_et_la_tele_Pour_en_savoir_plus.pdf, p. 10.

[15] Idem, p. 7.

[16] HOVINE A., « Comment décoller (un peu) les enfants de leurs écrans », in La Libre Belgique, 9 avril 2019, p. 5.

[17] Idem, p. 5.

[18] CAPRONNIER M., « Les enfants sont plus accros aux écrans qu’aux bonbons (et leurs parents aussi) », op cit.

[19] HOVINE A., « Comment décoller (un peu) les enfants de leurs écrans », op cit., p. 4.

[20] HOVINE A., « Comment décoller (un peu) les enfants de leurs écrans », op cit., p. 4.

[24] LEMAIGRE L., « les formateurs aux médias, plus sollicités que jamais », in Le Soir, publié le 19 mars 2019.

[26] Mémorandum UFAPEC, 2019, p. 18.

[27] BOURSIER S., L’enfant et les écrans, op cit., p 133.

[28] L’enfant et la télévision, pour en savoir plus, brochure de l’ONE, op cit, p 15.

[29] Intervention lors d’une conférence débat « Les écrans et les enfants : quels repères pour les familles et les écoles ? », Braine-l’Alleud, 4 avril 2019.

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