Etude UFAPEC Novembre 2023 par F. Baie

10.23/Et3 - Parents présents dans l’AP et le CoPa : partout ?

LA VISION DES PARENTS DANS LE SECONDAIRE A ENCADREMENT DIFFERENCIE SUR LEUR PLACE DANS LES ORGANES DE PARTICIPATION ET DE REPRESENTATION

- On ne connaît que les choses que l'on apprivoise, dit le renard. Les hommes n'ont plus le temps de rien connaître. Ils achètent des choses toutes faites chez les marchands. Mais comme il n'existe point de marchands d'amis, les hommes n'ont plus d'amis. Si tu veux un ami, apprivoise-moi !
- Que faut-il faire? dit le petit prince.
- Il faut être très patient, répondit le renard. Tu t'assoiras d'abord un peu loin de moi, comme ça, dans l'herbe. Je te regarderai du coin de l'œil et tu ne diras rien. Le langage est source de malentendus. Mais, chaque jour, tu pourras t'asseoir un peu plus près.

Antoine de Saint-Exupéry

Introduction

La participation des parents à l’école est une préoccupation essentielle de l’UFAPEC. A l’école, participer, pouvoir poser des questions, donner son avis, exercer sa citoyenneté, s’inscrire dans un processus démocratique et agir pour le bien commun, sont des principes de base qui ne devraient pas être des privilèges réservés à certains, mais bien des droits pour tous les acteurs de l’école, y compris les parents. TOUS les parents doivent avoir voix au chapitre et pouvoir donner leur avis, quels que soient leur origine, leur culture, leur niveau socio-économique., etc.

La démocratie scolaire et la citoyenneté résonnent à nos oreilles quand on parle de participation à l’école et sont, toutes deux, des enjeux importants. Si les techniques démocratiques sont importantes, elles ne sont cependant rien sans la culture du débat démocratique. Encore plus que par la représentation, c’est par l’échange des idées, par l’empathie inhérente au dialogue, par l’intelligence collective que le bien commun peut émerger. Dans un espace citoyen, il est dès lors essentiel qu’il y ait de réels lieux de discussion collective et que les acteurs soient préparés à les utiliser au mieux [1].

Pour que nos écoles deviennent de réels espaces citoyens, les différents acteurs doivent y travailler sérieusement. L’association de parents (AP) et le conseil de participation (CoPa) sont des lieux où la démocratie et la citoyenneté peuvent voir le jour et, lorsqu’ils sont pleinement effectifs et donc efficaces, c’est une chance de pouvoir compter sur ces organes démocratiques au sein des établissements scolaires. Néanmoins, malgré la mise en œuvre des plans de pilotage, précisons que les conseils de participation ne sont pas encore présents ou effectifs partout, bien que l'UFAPEC s'engage à soutenir leur création et leur mise en route. Dans un certain nombre d’écoles, soit le CoPa n’existe pas, soit il est en veille, soit il s’agit d’un simulacre de démocratie où les représentants des parents, mais également des élèves, sont priés d’avaliser ce qui leur est présenté, sans jamais pouvoir exprimer leur avis.

La citoyenneté à l’école, c’est aussi permettre à chacun de vivre ensemble de manière harmonieuse dans la société et de se déployer à la fois comme personne et comme citoyen, sujet de droits et de devoirs, libre, responsable, solidaire, autonome, inclus dans la société et capable d’esprit critique et de questionnement philosophique[2]. Ne pas pouvoir compter sur la présence et la participation des parents dans les organes officiels de participation et de représentation, dans toutes les écoles quelles qu’elles soient, est un frein au partenariat école-familles et à la démocratie scolaire en général. Réceptionner les avis des parents au sein de l’école et pouvoir en tenir compte est donc capital.

Or, certains parents issus de milieux moins favorisés ne sont pas toujours enclins à se proposer ni à s’engager dans les organes officiels de participation et de représentation. On ne leur fait pas de place ou ils n’y prennent pas toujours une place. C’est un état de fait même si, nous le verrons, ce constat est souvent explicable. Ce n’est d’ailleurs pas parce que c’est compréhensible que nous ne pouvons rien y changer. En effet, certains parents se désolent de ne pas pouvoir attirer les autres parents plus précarisés dans ces structures de participation. Cette préoccupation rejoint aussi celle de nombreux directeurs et enseignants. Nous le verrons plus loin.

Face à ce constat, nous désirons nous interroger sur ce qui peut freiner ou améliorer la présence et l’implication des parents moins favorisés dans ces sphères de démocratie, afin qu’ils prennent réellement leur place à l’école. Pour percevoir ces freins et ces leviers, nous nous sommes penchés sur la littérature scientifique. Nous avons aussi interrogé quelques experts, quelques acteurs scolaires. Nous avons surtout donné en primeur la parole aux principaux intéressés : les parents dont les enfants fréquentent des écoles secondaires à encadrement différencié.

Une chose est de mettre en place un cadre légal mettant en œuvre des structures de participation à l’école, une autre est de rendre l’exercice de la citoyenneté accessible à chacun. Certains parents ne sont pas souvent présents à l’école et cela pose un problème à l’exercice de cette citoyenneté. Pouvoir questionner les parents qui ne se rendent pas souvent à l’école dans le but d’en faire une étude est un défi difficile, il est vrai, mais qui en vaut largement la peine. Il n’est déjà pas aisé de rentrer en contact avec les parents des écoles fondamentales de l’encadrement différencié, mais il est encore moins facile de rentrer en contact et de consulter les parents des écoles secondaires, parce qu’ils sont souvent « invisibles ». Quelle est leur vision de leur place dans les structures de représentation ? Selon eux, pourquoi certains parents ne viennent-ils pas à l’école ? Comment se sentent-ils à l’école, notamment en termes d’accueil et de légitimité ? Osent-ils entrer dans les débats, donner leurs avis ? Quels sont les freins qui les retiennent à investir ces organes qui les représentent ? Qu’est-ce qui explique l’absence de ces parents ? Qu’est-ce qui pourrait faire en sorte qu’ils puissent exprimer plus facilement leur avis et qu’ils soient plus souvent présents et entendus à l’école ?

L'évolution démocratique de la société et de l'institution scolaire a fait une place aux parents. Leur participation est aujourd'hui officielle et reconnue par le Code de l’enseignement[3]. Cela sous-tend un désir que les parents prennent une place dans ces organes de participation et de représentation que sont l’association de parents et le conseil de participation. Mais les parents sont-ils, pour finir, réellement demandeurs ?

Les représentations de l’école idéale et participative présentes chez les acteurs de culture scolaire (enseignants et professionnels de l’enseignement, mais aussi « bons » parents d’élève) coïncident-elles avec les représentations et la réalité des familles précarisées ? A force de les vouloir à l’école, mais à notre façon, ne les stigmatisons-nous pas en mettant le focus sur leur absence et en les pointant vite comme démissionnaires, désintéressés, transparents, invisibles ?

A notre connaissance, il n’existe pas d’étude qui aborde la question de la place des parents dans les organes officiels de participation et de représentation tout en donnant la parole aux parents dans les écoles secondaires à encadrement différencié en Fédération Wallonie-Bruxelles. De nombreuses études réalisées par des associations, des chercheurs ou par l’UFAPEC[4] portent sur l’enseignement fondamental et les liens que les écoles entretiennent avec les familles populaires, mais on oublie souvent de donner la parole aux parents de l’enseignement secondaire à encadrement différencié, aux parents que l’on voit moins ou que l’on ne voit pas du tout.

Parce que chaque parent ou groupe de parents a le droit de pouvoir s’exprimer librement, d’être entendu et reconnu, l’UFAPEC entend étudier ce sujet important et proposer des pistes d’action pour améliorer la participation de tous et ainsi réduire les inégalités sociales, culturelles, linguistiques, qui existent dans l’exercice de la citoyenneté des parents d’élève. Nous prenons donc, dans cette étude, « le pouls » des parents les plus démunis en prenant le temps de les écouter et de répercuter leurs avis.

 

France Baie

(télécharger l'étude complète -58p.- ci-contre et les annexes -58p.- idem)

 


[1] DERBAIX B., Pour une école citoyenne – Vivre l’école pleinement – Ed. La boîte à Pandore – p.25 – 2018.

[2] Fédération Wallonie-Bruxelles – Pourquoi l’éducation à la citoyenneté ? - http://www.enseignement.be/index.php?page=27451&navi=4105

[3] Communauté française – Code de l’enseignement fondamental et de l’enseignement secondaire - https://www.gallilex.cfwb.be/document/pdf/49466_019.pdf

[4] BAIE F, Comment faciliter le partenariat école-familles dans l’enseignement fondamental à encadrement différencié ? – Etude UFAPEC n°11.18 – Août 2018 - https://www.ufapec.be/files/files/analyses/2018/1118-ET1-partenariat-encadrement-differencie.pdf . Voir aussi : BAIE F, L’émancipation sociale des femmes issues de l’immigration passe-t-elle aussi par leur implication à l’école ? – Analyse UFAPEC n°24.16 -Décembre 2016 - https://www.ufapec.be/files/files/analyses/2016/2416-Emancipation-immigrees-via-ecole.pdf

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