Etude UFAPEC août 2021 par M. Lontie

12.21/Et2 - Vers une orientation réfléchie et positive

REPENSER ET REINVESTIR L'ORIENTATION SCOLAIRE ET ULTERIEURE DANS LE CADRE DES REFORMES DU PACTE

Introduction

L’UFAPEC a déjà publié plusieurs analyses autour de la question de l’orientation. Vaste sujet, pour ne pas dire inépuisable ! Nous prévenons le lecteur que nous n’épuiserons pas ce champ dans ces pages. Il nous a cependant semblé important de nous pencher plus longuement sur la question de l’orientation telle qu’elle se présente aujourd’hui. En effet, le moment nous apparaît tout à fait décisif. Tout d’abord, les travaux du pacte pour un enseignement d’excellence et les points d’accord réunis dans l’Avis n°3[1] du groupe central du pacte en mars 2017 (avis adopté ensuite comme plan de réforme par le gouvernement) ont intégré la définition de l’orientation établie en 2008 par le Conseil de l’Europe et s’inscrivent dans une perspective éducative de l’orientation qui tranche sensiblement avec ce qui en était dit jusqu’ici dans le décret missions[2]. Après avoir défini et contextualisé l’évolution de l’orientation entre la fin du XIXe et le début du XXIe siècle, nous observerons en effet que le code de l’enseignement[3] modifie déjà sensiblement les perspectives. L’intégration de l’orientation comme huitième domaine des compétences à acquérir au cours du tronc commun est aussi un signe fort du gouvernement dans le cadre du pacte. Les référentiels de compétences[4], en cours de finalisation, intègrent donc l’orientation comme domaine transversal aux disciplines, ceci dans la perspective de l’approche orientante (que nous présenterons ici, en lien avec le contexte préalablement présenté). Toute la question est de savoir si et comment les intentions de l’Avis n°3, retranscrites à travers le code de l’enseignement et les référentiels de compétences vont effectivement pouvoir changer la manière de faire de l’orientation dans le cadre scolaire. Aujourd’hui, l’orientation s’effectue essentiellement de manière directive, par le conseil de classe, sur base des résultats de l’élève dans les disciplines proposées durant l’année. Le tronc commun[5], mis en place dans le cadre du pacte, oblige à changer la donne. Mais la vraie question demeure : à l’issue de celui-ci, l’élève sera-t-il effectivement en mesure d’opérer un choix mûri, réfléchi et consenti pour la suite de son parcours ? Et pour ceux qui auront opté pour la filière de transition en vue de faire des études supérieures, y aura-t-il une préparation à la mesure des besoins quand on sait combien la faiblesse de l’orientation telle qu’elle est proposée aujourd’hui conduit à l’échec un trop grand nombre d’étudiants et à des réorientations ultérieures ?

Mais si nous pensons que le moment présent est un moment charnière pour l’orientation, c’est aussi parce que nous connaissons, depuis la déclaration de politique communautaire 2019-2024, les intentions du gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB) de mettre en place de véritables « assises de l’orientation » afin d’étudier et de généraliser des approches innovantes en termes d’orientation[6]. Elles auront lieu ce 25 novembre 2021. Enfin, nous pourrons observer que la question de l’orientation est également brûlante à d’autres niveaux puisque le conseil d’orientation de l’académie de recherche et d’enseignement supérieur (ARES) s’est penchée récemment dessus et a rédigé une note à destination des universités et des hautes écoles dont nous ferons écho. Nous évoquerons également la note émanant de la Wallonie, de la Fédération Wallonie-Bruxelles et de la Commission Communautaire française (COCOF) fin 2020, laquelle établit les modalités de mise en œuvre du dispositif d’orientation tout au long de la vie (OTLAV).

Dans la perspective de la présente étude, l’UFAPEC a réuni un groupe de travail (GT) constitué de membres de notre assemblée générale (AG), de mandataires et de parents actifs dans des comités d’association de parents intéressés par la démarche. Ce GT s’est réuni à plusieurs reprises en mars, avril et mai 2021 sur base d’un travail préalable réalisé en AG début 2020. Durant ces travaux, nous avons pu rencontrer de nombreux acteurs de l’enseignement et de l’orientation qui ont pu présenter leurs axes de travail, leurs questionnements et leurs perspectives. Vous retrouverez dans ce texte des extraits choisis qui nourrissent le propos. Dans une démarche d’éducation permanente, ce GT a permis aux parents de se forger une opinion enrichie par les nombreux échanges, le partage d’expériences de terrain multiples, des lectures et d’autres apports théoriques ou politiques. Nous avons pu questionner en profondeur le concept d’orientation dans un spectre large au fil des rencontres et des débats, révisant peut-être nos propres préjugés. Le groupe de travail s’est clôturé à la mi-mai avec la rédaction commune d’un positionnement validé fin mai par l’AG de l’UFAPEC. Vous trouverez celui-ci dans son intégralité au chapitre 10, soit juste avant nos conclusions.

La question de l’orientation est intimement liée à celle de la construction d’un parcours de réussite pour chaque élève en fonction de ses aspirations, de ses motivations et des sacrifices qu’il est prêt à consentir en connaissance de ses capacités et de ses limites. Cette construction nécessite du temps, très certainement, mais pas seulement. Nous verrons que cela réclame aussi des opportunités pour se questionner, se mesurer, mieux se connaître… L’école sème, au travers des apprentissages, des savoirs et des compétences utiles à l’élève pour son futur. Mais cela est-il pensé à la faveur d’une orientation positive durant le parcours scolaires et au-delà ? L’école peut-elle se réinventer pour mieux semer et mieux préparer les élèves à la grande diversité des parcours possibles à la suite du tronc commun ? L’Avis n°3 nourrit une telle ambition, mais cela nécessite un changement de cap radical (nous utiliserons le terme « changement de paradigme[7] »). En page 68 de l’Avis n°3, nous pouvons lire que l’orientation est actuellement essentiellement réalisée de manière négative : Concernant l’orientation, le Groupe central rappelle que si près de 50 % des élèves sont scolarisés dans l’enseignement qualifiant, seuls un tiers d’entre eux choisissent délibérément leur orientation dans la filière qualifiante. La plupart du temps, le qualifiant est un choix par défaut justifié par les échecs scolaires, les élèves suivant un parcours à sens unique en matière de trajectoires d’orientation[8]. Comment modifier fondamentalement la donne et créer les condition d’une orientation positive pour chaque élèves ? Les acteurs de l’école sont-ils prêts à un tel changement de cap et quels moyens leur sont-ils (seront-ils) donnés pour y parvenir ? Vous trouverez ici des éléments de réponse, mais aussi des attentes et des questions qui demeurent aujourd’hui en suspens…

(Téléchargez l'étude complète -59p.- ci-contre)

 

 

Michaël Lontie

 

 

 


[1] Avis n°3 du groupe central du pacte, 7 mars 2017 : http://enseignement.be/download.php?do_id=15735.

[2] Décret définissant les missions prioritaires de l’enseignement fondamental et de l’enseignement secondaire et organisant les structures propres à les atteindre du 24 juillet 1997 : https://www.gallilex.cfwb.be/document/pdf/21557_052.pdf.

[3] Code de l’enseignement, 3 mai 2019 : https://www.gallilex.cfwb.be/document/pdf/47165_000.pdf.

[4] Les référentiels déterminent les compétences et savoirs de base attendus dans une discipline particulière pour une année, un degré ou un cycle. Approuvés par le parlement de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), ces référentiels constituent le contrat de base entre l’école et la société. C’est sur base de ceux-ci que les pouvoirs organisateurs rédigent leurs programmes, lesquels déterminent des contenus et des situations d’apprentissage, des orientations méthodologiques, etc., et sont approuvés par le ministre en charge de l’enseignement obligatoire.

[5] Le tronc commun, c’est l'ensemble des années durant lesquelles les élèves disposent tous des mêmes grilles horaires, toutes disciplines confondues. Avec le pacte, le tronc commun s’étendra désormais jusqu’à 15 ans. Pour en savoir plus au sujet du tronc commun, cf. : LONTIE, M., Les enjeux d’un tronc commun polytechnique et pluridisciplinaire, Etude UFAPEC n°21.20/ET4, décembre 2020 : https://www.ufapec.be/files/files/analyses/2020/2120-ET4-tronc-commun.pdf.

[7] Terme qui doit, dans notre étude, s’entendre dans le sens de « modèle » ou « vision de l’orientation ».

[8] Avis n°3 du groupe central du pacte, 7 mars 2017, p. 68 : http://enseignement.be/download.php?do_id=15735.

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