Analyse UFAPEC décembre 2022 par F. Baie

19.22/ Végétaliser les murs et les toits des écoles : plus qu’un esthétisme ?

Introduction

Aujourd’hui, dans nos écoles, la sensibilisation à la nature et à l’écologie semble remporter un franc succès. La crise et le réchauffement climatiques que nous connaissons y sont pour quelque chose. L’éducation des enfants pour réduire notre empreinte écologique et les sensibiliser au respect de la nature par des ateliers pédagogiques est souvent un défi pour les écoles.[1] On déminéralise les cours de récréation en enlevant le béton. On voit apparaître de nombreux potagers[2] et des espaces verts dans les cours de récréation. Les familles[3] et les associations de parents s’y intéressent également. Rapprocher les enfants de la nature, les faire vivre dans un environnement plus vert et les sensibiliser à l’écologie sont des préoccupations de certains parents. Les enseignants sont également parfois prêts à donner de plus en plus souvent cours dehors[4]. Certaines écoles deviennent « passives » et s’interrogent sur le fait de rendre les élèves plus éco-citoyens[5]. Les murs et toits végétaux, eux, ne sont pas encore très nombreux et pourtant ils paraissent bien pratiques quand les cours sont réduites et que la terre dans les cours de récréation manque. Les écoles se situant dans les grandes villes et où le béton règne dans les cours de récréation pourraient envisager d’utiliser leurs murs et leurs toits comme supports à cette végétalisation. Pourrait-elle apporter quelque chose aux écoles, aux bâtiments, aux élèves et surtout à notre société ? Quels peuvent aussi être les freins à cette démarche ?

Origine du concept

Le français Patrick Blanc biologiste, botaniste et chercheur au CNRS, invente les murs végétalisés. Il réalise un premier mur végétal en 1986 à la cité des Sciences de La Vilette à Paris et dépose un brevet sur les murs végétaux en 1988.

Cet homme qui veut transformer les murs en jardins s'inspire d'une revue d'aquariophilie allemande pour utiliser des racines de philodendron qui extraient les excès de sels minéraux et d'azote. Cette plante d'intérieur étant grimpante, il a l'idée de la fixer au mur recouvert d'une planche feutrée (feutre de fibres de noix de coco, laine de roche, sphaignes puis finalement feutre synthétique imputrescible) afin de développer au maximum ses racines. Devenu botaniste, il découvre en 1972 les plantes tropicales épiphytes, saxicoles et myrmécophytes et les adapte à ses murs.[6]

Ce type de réalisation évoque les notions de génie écologique[7].

Ce pionnier français qu’est Patrick Blanc a créé une véritable ferveur pour la végétalisation des murs et des toits des bâtiments et aujourd’hui d'autres techniques voient le jour. On voit, en effet, apparaître une déclinaison de la végétalisation des parois qui prend différentes formes et on utilise différentes technologies pour y parvenir. Dès lors, ne doit-on pas nous attendre à davantage de végétalisation sur les façades et toits des murs de nos maisons et de nos écoles dans les années à venir ?

Des techniques très sophistiquées peuvent être proposées par de grandes firmes et il faut peut-être également se méfier de celles qui surfent sur la vague pour offrir aux clients de la marchandise « bonne pour la planète ». Il y a aussi, semble-t-il, moyen d’élaborer ces murs et toits végétalisés de manière plus simplifiée.

L’artiste et architecte belge Luc Schuiten[8] pense qu’il est possible et même urgent de végétaliser nos villes, nos maisons et nos murs. L’artiste imagine des alternatives au travers de ses dessins et nous présente des villes telles que Bruxelles, Strasbourg ou encore Shangaï complètement vertes, transformées sans qu’aucune destruction ne soit nécessaire. Il végétalise l’existant et parle alors de « ville résiliante »[9].

Aujourd’hui, notre société et certaines écoles questionnent les fondamentaux architecturaux en accueillant le vivant sur leurs bâtiments parce que végétaliser est aussi un moyen d’insuffler un élan communautaire dans l’espace urbain, de repenser l’expérimentation et le partage[10].

Quelques exemples…

En France, dans les Vosges, l’école Saint-Rémy[11] a opté pour une formule assez simple à mettre en place. L’école, avec les enfants, a installé sur un de ses murs plusieurs gouttières où se trouvent des plantes grasses. Cette installation est un formidable outil pédagogique et de partage.

En Belgique, à l’Institut Saint-Joseph[12] à Jambes, les enseignants ont écarté les pots de peinture pour décorer un grand mur de 26 m2 et ont opté pour un mur végétal plus en harmonie avec la nature. Ce sont des messages écologiques que l’équipe éducative veut faire passer aux enfants. Pour cela, ils ont mis les élèves à contribution pour réaliser également des nichoirs et contacter les pépiniéristes.

Quels bienfaits pour les écoles et les élèves ?

La végétation veut souvent retrouver ses droits en essayant de recouvrir les murs, les briques, le béton. Les châteaux, les temples, les maisons, les différentes architectures sont souvent envahis par les lierres, les vignes, la mousse, etc. Même si cela donne parfois une touche romantique et très esthétique, nous craignons souvent que cette végétation pleine de vitalité abîme les bâtiments, décolle le ciment, le mortier, les briques, soulève les tuiles, favorise l’humidité et attire des insectes. Mais les murs et les toits végétaux, comme on les conçoit aujourd’hui, avec des techniques particulières, n’ont apparemment pas ces effets néfastes sur les bâtiments. Outre l’aspect décoratif et esthétique, les murs et toits végétaux peuvent améliorer l’isolation thermique (grâce à la vapeur d’eau dégagée) et sonore et améliorer la qualité de l’air, en absorbant les particules fines et en stockant le CO2. Les murs et toits végétaux peuvent donc faire chuter la facture énergétique des écoles. Par ailleurs, la présence de végétal en toiture va favoriser la rétention d'humidité et créer un halo de fraîcheur qui va agir sur l'air ambiant. Un atout précieux dans les zones plus urbanisées, qui va permettre de lutter contre le phénomène des îlots de chaleur. [13] Des chercheurs anglais de l’université de Plymouth montre dans une étude[14] que les murs végétaux peuvent être une solution pour mieux isoler les bâtiments. Les murs végétalisés sont environ 30 % fois plus efficaces pour retenir la chaleur dans les bâtiments[15].

Le magazine Symbioses[16] déconstruit certaines idées reçues selon lesquelles les murs végétalisés sont humides, l’entretien des murs végétalisés sont longs et coûteux, les végétaux détériorent les murs. Pour Joëlle Van Den Berg, secrétaire générale du Réseau IDée, le feuillage protège le mur des pluies battantes et empêche l’eau de ruisseler sur celui-ci et c’est seulement lorsque, par défaut d’entretien, la plante grimpante déborde dans la gouttière que l’effet est inversé. Seuls les vieux murs mal rejointoyés pourraient subir des dégâts. Des études ont même montré qu’un mur végétalisé se détériorerait moins vite qu’un mur nu[17].

Pour les élèves, c’est aussi un sacré atout, car les murs et toits végétaux peuvent remplacer les espaces verts se trouvant habituellement dans les cours des récréations. Pour les enfants privés de nature (qui vivent en appartement ou dont l’école se situe en ville), cela peut être bénéfique. Les enfants sont apaisés par les murs verdoyants, cela peut même avoir un effet anti-stress. Vivre à l’école dans un environnement scolaire vert contribue au bien-être des enfants et donc à leur réussite scolaire. L’attachement au lieu qu’est l’école semble jouer dans la réussite de l’élève. L’élève se nourrit principalement des capacités d’appropriation offertes par cet environnement (comme par exemple l’agencement spatial de l’établissement, la présence d’espaces verts et de lieux de convivialité), ainsi que des sentiments d’appartenance et de bien-être qu’il génère[18].

Les murs et toits végétaux participent à la biodiversité et assurent le développement de la nature en ville. Les murs et toits végétalisés peuvent devenir des supports aux apprentissages scientifiques et être des atouts au niveau pédagogique. En effet, les enfants avec leurs professeurs peuvent observer la nature, les insectes, les petits mammifères et les oiseaux qui y habitent, la croissance des plantes, effectuer des plantations à la verticale et en hauteur.

Les parents et les associations de parents peuvent accompagner les enseignants dans cette démarche pédagogique. Certains parents ont la main verte et aident à la concrétisation d’un potager à l’école, d’espaces verts, mais aussi à l’entretien des toits et murs végétalisés. Pour ceux qui ont des connaissances scientifiques plus pointues, qu’ils soient agronomes, biologistes ou simplement amoureux des jardins, des espaces verts ou attentifs à l’écologie, c’est l’occasion de rendre service à l’école et de partager leur passion avec les enfants. Un tel projet peut être discuté et élaboré en conseil de participation avec tous les acteurs de l’école.

Quels enjeux pour aujourd’hui et demain ?

Installer des murs et toits végétaux à l’école répond à plusieurs enjeux majeurs :

  • L’enjeu premier est la lutte contre le réchauffement climatique. La terre brûle ! Que faisons-nous avec ce constat ?
  • Le second enjeu est la crise énergétique que l’on traverse. Les écoles vont être asphyxiées sous les coûts de l’énergie… Les murs et toits végétalisés peuvent-ils être une partie de la solution pour diminuer la consommation ? Ne faut-il pas rendre les bâtiments plus résilients aux changements de températures ?
  • Le troisième enjeu est d’amener de la biodiversité et de la nature dans nos espaces bétonnés et dans nos villes.
  • Le quatrième enjeu est de saisir l’opportunité de faire de nos murs et toits d’école des jardins pédagogiques pour apprendre de nouvelles choses et créer des terrains d’expérimentation. L’éducation à l’environnement peut-elle prendre une place ici ?
  • Le cinquième enjeu est le bien-être des élèves et de l’équipe éducative. Evoluer dans un environnement plus vert apporte de la sérénité et peut réduire certaines inégalités vis-à-vis d’élèves privés de tout contact avec la nature.

Parce que les murs et toits végétalisés offrent de nombreux atouts à notre société tels que l’augmentation des espaces verts, la sensibilisation des individus au respect de la nature, au respect de la biodiversité, à la collaboration des uns et des autres autour d’un projet commun, à l’isolation thermique et à l’insonorisation des bâtiments, à la qualité de l’air, au bien-être des individus et des enfants dépourvus de nature, certaines villes telles que Liège organisent des appels à projets pour végétaliser les façades des maisons. On a reçu 1100 demandes au total, environ 600 individuelles et près de 500 rentrées collectivement par des Liégeois qui habitent une même rue. Notre volonté, c'est de végétaliser la ville au travers de son Plan Canopée et la plantation de 24000 arbres à l'horizon 2030, mais aussi de verduriser les habitations de certains quartiers où il est plus difficile de planter des arbres. Les objectifs sont identiques : faire face aux défis climatiques, au réchauffement de la planète, et lutter contre les îlots de chaleur. Il s'agit aussi d'améliorer la biodiversité et le cadre de vie en ville[19].

Certaines associations et organisations, telles que la Fondation Roi Baudouin, incitent les citoyens à rejoindre ce mouvement en proposant des fonds pour végétaliser les bâtiments publics. Cette végétalisation des murs et toits contribue à la transition durable des villes, au bien-être des habitants et à la biodiversité dans les espaces urbains[20]. De plus en plus de monde est convaincu que cette végétalisation pourra amener quelque chose d’intéressant à notre société. Mais qu’en est-il des écoles ? Sont-elles aussi intéressées par cette démarche ?

L’asbl GoodPlanet[21] a, depuis plusieurs années, lancé un appel à projets en invitant les écoles à recréer leur cour de récréation de manière plus végétale. Certaines écoles ont répondu à la demande en créant des potagers, en installant des bacs avec des plantes, en réinventant des espaces de détente, mais aussi en aménageant parfois leurs murs et toits. Ce projet « Ose le vert, recrée ta cour »[22] a eu beaucoup de succès et montre que notre société et nos écoles ont besoin de plus de « vert » !

Freins à cette démarche

Si les enjeux environnementaux sont de plus en plus présents dans les écoles, certaines freinent des deux pieds à l’idée d’installer des murs végétaux dans leur enceinte pour des raisons diverses.

Le coût de cette opération varie en fonction de la formule et des techniques que l’on choisit pour mettre en place un mur ou un toit végétal. Dans certains cas, ce coût n’est tout de même pas négligeable et on sait que des écoles, entre autres, du réseau libre catholique ont plus de difficultés financières pour mettre en œuvre leurs projets.

Le poids que représente cette végétalisation peut également être un frein. Tous les toits et tous les murs ne sont pas toujours propices à ce genre d’installation.

La principale contrainte de l’ajout d’un substrat de culture et de végétaux sur un toit est le poids. En effet, une terrasse entièrement recouverte de plusieurs centimètres de terre doit présenter une structure suffisamment forte du toit pour résister au poids sec, mais aussi au substrat détrempé. Chaque installation s’accompagne obligatoirement d’une membrane d’étanchéité ainsi que d’une couche de drainage et de filtration. Seuls les toits parfaitement plats ou présentant une pente d’un maximum de 35° peuvent être végétalisés[23].

Le temps d’élaboration, la mise en place du projet et l’entretien de ces murs et toits végétaux sont également à prendre en considération.

Dans le cadre du projet « Ose le vert, recrée ta cour »[24] proposé par l’asbl GoodPlanet[25], l’école Saint-Louis à Olne (école fondamentale) a créé sur le toit plat de ses sanitaires d’une superficie de 12 m2 une plateforme végétalisée qui donne une touche de verdure dans la cour de récréation, mais qui néanmoins met en évidence quelques inconvénients. En effet, outre le côté esthétique, les toits végétalisés ne permettent pas toujours de mener des actions pédagogiques avec les enfants et ne répondent pas aux normes de sécurité. Ivan Baguette, directeur de l’école, explique : C’est très joli mais nous n’osons faire monter plusieurs enfants sur cette plateforme. L’idéal serait de faire monter les enfants avec une personne ressource sur le toit pour l’entretien, mais ce n’est pas suffisamment sécurisé. Nous n’y faisons donc pas d’ateliers pédagogiques non plus. Cela reste juste esthétique[26].

La question énergétique est importante pour les écoles, mais apparemment elles préfèrent utiliser la surface de leur toiture pour poser des panneaux photovoltaïques plutôt que de la végétaliser, les deux étant difficilement compatibles.

Option architecturale encore futuriste : du pour et du contre

Les avis divergent sur les bienfaits de murs et de toitures végétalisés, sans doute aussi parce que c’est relativement nouveau et qu’il n’y a pas encore beaucoup d’écoles qui se sont lancées dans une telle expérience. Il n’y a pas encore beaucoup de retours non plus des écoles sur cette question. J’ai seulement une expérience dans une école à Enghien (collège Saint-Augustin). On commence à rencontrer certains problèmes. A la limite, si le but est de retenir l’eau de ruissellement lors de pluie, le substrat végétal la retient de trop avec montée des eaux en cas de gros orages. Je n’ai pas d’informations d’autres écoles. Pour les murs végétaux, c’est coûteux avec une influence sur la structure du bâtiment et des questions d’entretien qui engendrent des frais supplémentaires. Je ne connais pas de réalisation et il y a sûrement des possibilités où l’entretien est limité, avec certaines essences ou variétés de plantes. Je préfère dix fois plus que le budget (si c’est possible) soit mis dans une cour végétalisée avec de petites réalisations modestes, mais de nature à améliorer le cadre de vie et augmenter le bien-être[27], affirme Guy Lattenist, ingénieur architecte au SIEC (Service des investissements de l’enseignement catholique) -SeGEC.

D’autres au contraire, regrettent qu’il n’y ait pas plus d’incitants financiers pour motiver les écoles à se lancer dans cette aventure de végétalisation plus globale. Il ne suffit pas de se satisfaire d’une cour de récréation plus verte et de repenser les abords, on peut également se pencher sur le bâtit.

Du côté des subventions, les écoles ne reçoivent pas encore beaucoup de propositions à ce sujet. Lorsqu’on doit calculer le gain énergétique d’une paroi, on ne calcule pas encore comment on peut intégrer un élément végétal en therme de gain comme on le ferait avec n’importe quel autre matériau. Ce n’est pas facile de le valoriser. Or, je crois qu’un enjeu important serait de le valoriser et de reconnaître ses qualités. La végétalisation n’est pas une thématique inscrite en tant que telle dans les subventions. Or, à titre personnel, je crois vraiment à la végétalisation des sites pour une question de micro-climat, pour la gestion de l’eau, pour la gestion de la chaleur, pour la gestion de l’ombrage, pour la biodiversité, etc. Il y a assez d’arguments pour donner une place à la nature[28], explique Marie Vander Meulen, architecte, conseillère au service des investissements de l’enseignement catholique (SIEC) – SeGEC.

Accueillir le vivant sur les supports que sont les murs et les toits de nos écoles n’est cependant pas toujours évident, car le végétal est un matériau qui évolue. Son système racinaire n’est pas le même à son installation qu’après x années. Son évolution au fil des saisons, au fil du temps demande une gestion différente d’un matériau qui ne bouge pas. Le système racinaire n’est pas toujours un ami des fondations. Comment faire cohabiter un matériau vivant qui a son système racinaire avec une fondation qui doit être pérenne ? Pourtant les deux, ensemble, peuvent être gagnants. Les arbres et la végétation près d’une fenêtre peuvent jouer le rôle d’une casquette. Un arbre en été donne de l’ombrage et en hiver, en perdant ses feuilles, laisse passer la lumière, que demander de plus. C’est le store intelligent par excellence ! ajoute Marie Vander Meulen.

Il semble que trop peu de subventions soient destinées à la végétalisation de nos écoles. De plus, quand il en existe, elles prévoient souvent la mise en place de cette végétalisation, mais pas sa maintenance. La végétalisation de nos écoles ne devrait-elle pas être davantage débattue au sein de celles-ci ? En cette matière, les rôles de l’association de parents et du conseil de participation peuvent, semble-t-il, également avoir leur importance… L’idée d’amener plus de végétal à l’école émane souvent d’un groupe de personnes convaincues qui ont envie, par une démarche pro-active, de se lancer dans une telle aventure. C’est peut-être dommage et pas suffisant…. Ne faudrait-il pas plus d’appels à projets ou d’incitants financiers pour concrétiser de tels projets au sein de nos écoles ?

Conclusion

Dans Mission de l’école chrétienne, le respect de la nature est un point important et mis en exergue : Enfin, orientés par le souci des générations futures, nous faisons de la transformation de notre rapport à la nature un enjeu éducatif majeur. Nous désirons contribuer au développement d’une conscience de l’impact de nos comportements et de notre responsabilité humaine à l’égard du reste du monde vivant et de l’environnement naturel. La justice climatique, la défense de la biodiversité, la lutte contre la pollution, la parcimonie dans l’usage des ressources, font partie intégrante de notre projet éducatif dès l’école maternelle, jusqu’aux ultimes degrés du parcours scolaire. [29]

Dans son dernier mémorandum[30], l’UFAPEC encourage aussi les écoles à devenir des écoles citoyennes afin qu’elles développent des projets qui ouvrent sur le monde, dont la philosophie s’inscrit dans le projet d’école et qui s’élaborent en concertation avec le conseil de participation. Les projets peuvent toucher à l’éducation à la citoyenneté, le respect, le civisme, mais aussi l’écologie. Ces projets visent la participation des élèves dans la vie de l’établissement.

Les toits et murs végétaux peuvent faire partie de projets orientés vers l’éducation à l’environnement et au respect de la nature. Embarquer les jeunes dans de tels projets, les outiller pour trouver des solutions, les faire réfléchir de façon globale à une diminution de l’empreinte écologique de leur école (via des murs et toits végétalisés) en construisant avec eux des projets, cela peut devenir un objectif pour former des CRACS (citoyens responsables, actifs, critiques et solidaires) et de futurs adultes qui pourront eux-mêmes affronter et résoudre des problématiques complexes.

Pourtant, les écoles, en Belgique, sont encore frileuses et parfois réticentes à l’idée de créer des toits et murs végétaux. Il existe, nous l’avons vu, certains freins (temps à élaborer le projet et à le mettre en place, sécurité, coûts, entretien, etc.). Les toits et murs végétalisés dans nos écoles sont encore rares, mais ils seront peut-être plus nombreux dans l’avenir, car les bénéfices pour les élèves, les bâtiments et la société sont réels. Tous les acteurs de l’école, parents et élèves compris, peuvent participer à la mise en place de tels projets. Les associations de parents et les conseils de participation peuvent donner une impulsion dans le domaine du respect de la nature, de la biodiversité, des changements climatiques, afin que les choses changent. Dans le contexte de la crise énergétique et climatique que nous connaissons, accueillir le vivant et le végétal à l’école dépasse l’esthétisme et est un enjeu important. Prendre le temps de peser le pour ou le contre d’une démarche de végétalisation au sein de l’école et de sa spécificité n’est-il pas un bon substrat pour susciter le débat ?

 

France Baie

 

 


[1] BAIE France, Réduire notre empreinte écologique, un défi pour les familles mais aussi pour l’école ? , analyse UFAPEC n°10.17, juin 2017 - https://www.ufapec.be/nos-analyses/1017-empreinte-ecologique.html

[2] BAIE France, Potagers à l’école : quelles récoltes sociales ?, analyse UFAPEC n°02.16, février 2016 - https://www.ufapec.be/nos-analyses/0216-potagers.html  

[3] LONTIE Michaël, Intégrer ses enfants dans un projet potager, analyse UFAPEC n°27.19, décembre 2019 -https://www.ufapec.be/nos-analyses/2719-potager.html

[4] BAIE France, Faire classe dehors dans l’enseignement fondamental : une nouvelle approche ?, analyse UFAPEC n°02.19, mars 2019 - https://www.ufapec.be/nos-analyses/0219-faire-classe-dehors.html

[5] BAIE France, Les écoles passives rendront-elles les enfants plus éco-citoyens à travers les projets d’établissements de demain ?, analyse UFAPEC n°18.10 - https://www.ufapec.be/files/files/analyses/2010/1810-ecole-passive.pdf  2010.

[7] Le génie écologique regroupe un ensemble de techniques issues de l'ingénierie classique et de l'écologie et se définit par la finalité des actions menées, qui ont comme objectif de contribuer à la résilience de l'écosystème.-  https://fr.wikipedia.org/wiki/G%C3%A9nie_%C3%A9cologique

[8] Luc Schuiten est responsable de l’Atelier d’Architecture Schuiten sprl et le Président de l’asbl VEGETAL CITY. Il est membre fondateur de Biomimicry Europa et de l’ASBL Archi Human -https://www.vegetalcity.net/luc-schuiten/

[10] DALIX C, Accueillir le vivant : l’architecture comme écosystème, éd Park Books, septembre 2019  -https://www.chartier-dalix.com/fr/ressources/ouvrage-accueillir-vivant-architecture-ecosysteme

[12] GILLAIN Freddy, Un mur végétal dans la cour, L’avenir, 21 octobre 2010 -https://www.lavenir.net/regions/namur/namur/2010/10/21/un-mur-vegetal-dans-la-cour-V4WKZKJ72NEBNJXAOGSFRDXCHI/

[14] FOX Matthew, MOREWOOD Jack, MURPHY Thomas, LUNT Paul, GOODHEW Steve, Building and Environnement -Living wall systems for improved thermal performance of existing buildings – Ed. Elsevier, volume 207,Part A -Janvier 2022 -  https://www.sciencedirect.com/science/article/pii/S0360132321008878?via%3Dihub

[15] RTBF – Les murs végétaux, une solution pour mieux isoler les bâtiments ?, 11 décembre 2021 - https://www.rtbf.be/article/les-murs-vegetaux-une-solution-pour-mieux-isoler-les-batiments-10893317

[16] Symbioses, le magazine de l'éducation relative à l'environnement, est réalisé par le Réseau IDée asbl. 

[17] VAN DEN BERG Joëlle, Végétalisons un mur de l’école, Symbioses n°64 – Automne 2004 - https://www.symbioses.be/pdf/64/dossier/Sy64-15-act.pdf

[18] FLEURY-BAHI Ghozlane, N’DOBO André, GARDAIR Emmanuèle, JEOFFRION Christine, MARCOUYEUX Aurore, Identification au lieu et aux pairs : quels effets sur la réussite scolaire, in les cahiers internationaux de psychologie sociale -2009/1 (n°81) – p. 41 - https://www.cairn.info/revue-les-cahiers-internationaux-de-psychologie-sociale-2009-1-page-97.htm

[19] HILDESHEIM Marc, Végétaliser les façades des habitations : une idée sui séduit les liégeois !, 24 février 2022, RTBF - https://www.rtbf.be/article/vegetaliser-les-facades-des-habitations-une-idee-qui-seduit-les-liegeois-10941796

[20] Fondation Roi Baudouin – Appels à projets -Fonds ING pour des bâtiments durables - https://kbs-frb.be/fr/fonds-ing-pour-des-batiments-durables?utm_source=newsletter&hq_e=el&hq_m=6406957&hq_l=7&hq_v=83bf9c6eb6

[22] https://www.oselevert.be/

[23] Alexandra (Envi2bio), Les toits verts : un concept qui fleurit à grande échelle, le 26 mai 2011 - https://envi2bio.com/2011/05/26/les-toits-verts/

[26] Interview effectuée par France Baie, le 29 juin 2022.

[27] Interview effectuée par France Baie, le 26 octobre 2022.

[28] Interview effectuée par France Baie, le 7 novembre 2022.

[29] Mission de l’école chrétienne – Projet éducatif de l’enseignement catholique – Nouvelle édition août 2021 – p. 17 - https://enseignement.catholique.be/wp-content/uploads/2021/07/mec-2021-def.pdf

Vous désirez recevoir nos lettres d'information ?

Inscrivez-vous !
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de Cookies pour vous proposer des publicités adaptées à vos centres d'intérêts, pour réaliser des statistiques de navigation, et pour faciliter le partage d'information sur les réseaux sociaux. Pour en savoir plus et paramétrer les cookies,
OK