Analyse UFAPEC décembre 2020 par A.Pierard

20.20/ Double journée des EBS, bénéfique pour leurs apprentissages ?

Introduction

Après leur journée de travail à l’école, les élèves à besoins spécifiques n’en ont pas forcément fini avec les efforts et la concentration. Vu leurs besoins, ils prennent parfois plus de temps pour faire leurs devoirs et étudier la matière vue en classe. Certains ont aussi des séances de suivi kinésithérapeutique, logopédique ou autre à placer dans leur horaire. C’est pour cela qu’on peut parler de double journée. Quelle place pour le repos et les activités de loisirs dans ce cadre bien chargé ?

Cette réalité a été plusieurs fois mise sur le tapis lors de réunions du regroupement des parents de l’enseignement spécialisé en 2019 : variété des suivis, lourdeur des séances, trajets, épuisement, etc. Lors de notre réunion du 24 novembre 2020[1], une maman a parlé du suivi de ses deux enfants à besoins spécifiques. Jean a trois séances de kinésithérapie par semaine. Juliette, elle, en a cinq et trois séances de logopédie par semaine. Comme cette maman l’explique, cela les épuise et limite leurs possibilités d’activités extrascolaires.

Comment envisager le rythme de ces enfants et de ces jeunes ? A partir de quand leur suivi paramédical les pénalise-t-il ?

Il faut effectivement penser à leurs apprentissages, leur certification, leur développement et leur autonomisation. Mais à quel prix ? Leur bien-être, leur santé physique et mentale sont tout aussi importants. Qu’est-ce qu’on leur impose ? Jusqu’où pousser ces enfants et ces jeunes ? Est-ce pertinent de leur concevoir un horaire hebdomadaire aussi lourd ?

Le suivi paramédical d’un élève à besoins spécifiques

  • Qui et quoi ?

Selon les besoins de l’élève, le suivi paramédical pourra prendre des formes très variées et les profils des professionnels sollicités sont divers. On pense rapidement aux logopèdes et aux kinésithérapeutes. Le champ est plus large : psychomotricité, neuropsychologie, ergothérapie, graphothérapie, orthoptie[2], etc.

Les exemples concrets sont toujours plus parlants. Voici les suivis des enfants de nos parents témoins dans le cadre de cette analyse :

  • Manon (11 ans) est TDAH[3], dyslexique, dysorthographique et dyscalculique. Elle est suivie par une neuropsychologue (45 minutes, une semaine sur deux) et une logopède (30 minutes par semaine en plus d’un suivi en classe, puisqu’elle est en intégration).[4]
  • Jean (18 ans) et Juliette (14 ans) ont le syndrome d’Ehlers-Danlos. Juliette est aussi dysphasique. Jean a trois séances de kinésithérapie par semaine. Il a arrêté la logopédie, car cela n’était pas possible de la continuer en distanciel. Juliette a cinq séances de kinésithérapie et trois séances de logopédie par semaine.[5]
  • Kévin (15 ans), est dysphasique, dyspraxique, TDAH et HP. Son suivi paramédical comporte deux séances de kinésithérapie, une séance d’hydrothérapie et une séance de logopédie par semaine. Loïc (15 ans), intégré dans la maison depuis qu’il y est en famille d’accueil, est atteint d’un retard mental modéré et souffre de trouble dysexécutif sévère, d’un TDAH et d’un trouble du comportement. Son suivi paramédical comporte une séance de kinésithérapie, une séance d’art thérapie et une séance de psychothérapie par semaine. Loïc a aussi eu des séances d’apprentissages en habilité sociale en soirée, mais ce n’était pas l’idéal.[6]
  • Quand ?

Si l’élève à besoins spécifiques est dans l’enseignement spécialisé, il pourra bénéficier d’un encadrement paramédical durant le temps scolaire, mais cela dépendra de la composition de l’équipe pluridisciplinaire de son école. Par exemple, des logopèdes sont actifs auprès des élèves ayant des troubles d’apprentissage dans l’enseignement de type 8. Les écoles de type 4 sont parfois rattachées à des centres thérapeutiques et les kinésithérapeutes de ces centres peuvent intervenir auprès des élèves ayant une déficience physique durant le temps scolaire. Selon les besoins de l’élève, ce qui lui sera apporté à l’école y répondra intégralement ou en partie.

Corinne explique avoir choisi l’enseignement spécialisé, parce qu’on lui avait « vendu » un encadrement paramédical dans le cadre scolaire. Jean et Juliette sont tous les deux dans l’enseignement spécialisé, dans l’optique d’avoir leur suivi logopédique et kinésithérapeutique à l’école. Mais ce qu’ils peuvent avoir comme encadrement paramédical à l’école ne correspond en rien à un suivi personnel. Ils ont donc tous les deux des séances en dehors du temps scolaire.[7] Sophie abonde dans le sens de Corinne. L’argument selon lequel mettre l’enfant dans le spécialisé résoudra la question n’est pas valable. Kévin et Loïc sont dans le spécialisé, mais ils n’y trouvent pas tout le suivi dont ils auraient besoin.[8]

Pour l’élève en intégration dans l’enseignement ordinaire, selon l’aide pédagogique dont il bénéficie de la part de l’enseignement spécialisé, cela pourra aussi lui être bénéfique au niveau paramédical. Une logopède de l’enseignement spécialisé pourra aider un élève dysphasique au niveau de sa scolarité et de ses problèmes liés au langage.

L’élève fréquentant l’enseignement ordinaire ne bénéficie pas du soutien d’un professionnel à l’école. Des aménagements raisonnables peuvent l’aider dans sa scolarité (s’il répond aux conditions fixées par le décret), sans que cela n’empêche la nécessité d’un suivi paramédical hors temps scolaire.

Beaucoup d’élèves à besoins spécifiques, qu’ils soient dans l’enseignement spécialisé ou ordinaire, sont outillés par des paramédicaux afin de compenser leurs besoins dans le cadre d’un suivi mis en place en dehors du temps scolaire.

  • Comment ?

Le professionnel paramédical travaille avec l’élève à besoins spécifiques, lors de séances programmées selon un rythme défini avec le médecin et la famille, pour lui donner des outils et méthodes, afin de contourner ses difficultés propres et de vivre le mieux possible avec ses besoins spécifiques. Il peut s’agir, par exemple, de stratégies pour freiner un enfant impulsif, d’une fiche outil pour lire attentivement les consignes, d’un cache visuel pour éviter de sauter des lignes lors de la lecture.

Dans l’idéal, un partenariat école-famille-thérapeute se construit au bénéfice de l’élève à besoins spécifiques. Cette collaboration peut se créer, en restant chacun dans son rôle :

  • le thérapeute agissant sur les besoins spécifiques ;
  • l’enseignant étant source d’apprentissages pour l’élève ;
  • le parent accompagnant son enfant dans son développement global.

Il n’est pas question que le logopède devienne le professeur particulier, il est là pour outiller l’enfant afin qu’il compense son trouble. Son rôle n’est pas de réaliser de la remédiation scolaire. Le thérapeute peut proposer des pistes d’aménagement à mettre en place à l’école et à la maison. L’enseignant n’a pas à poser un diagnostic ni à rééduquer. L’enseignant est là pour enseigner et adapter son enseignement en fonction des besoins de l’enfant pour qu’il soit toujours en situation d’apprentissage. Par exemple, priver un enfant dyspraxique d’un ordinateur, c’est le contraindre à consacrer toute son énergie cognitive sur l’acte d’écrire et non sur l’acte de compréhension du cours. Le parent est là pour veiller à ce que le partenariat école-famille-thérapeute soit bienveillant et soutenant pour l’enfant. Il a un rôle indispensable à jouer en termes de confiance en soi, d’encouragements, de soutien et d’amour au-delà des notes scolaires. [9]

Les objectifs du suivi doivent permettre d’agir de manière préventive, de déterminer des buts précis, adaptés au besoin spécifique et de voir des bénéfices au bout d’un temps donné. Définir le cadre avec les parents (Pourquoi ? A quel rythme ? Comment ? Où ?) et pouvoir moduler, adapter le suivi en fonction de la situation permettra de viser le bien-être de l’enfant. Dans ce sens, parler avec l’enfant pour comprendre ses difficultés, ses attentes et ses besoins est tout aussi judicieux. Virginie, kinésithérapeute, explique qu’elle s'adapte toujours à la vie de l’enfant. C'est une discussion avec l'enfant, lorsqu'il en est capable, et les parents et en réadaptation constante lorsqu'il y a de la fatigue ou des difficultés.[10]

Les impacts sur l’élève à besoins spécifiques

  • Stimulant mais énergivore

Il faut mettre en balance les bénéfices en faveur de ou pour la scolarité, la confiance en soi et l’autonomisation de l’élève à besoins spécifiques par rapport à la fatigue liée au nombre de séances, à la concentration demandée, au manque de loisirs et de repos.

Comme l’explique Amélie, cela allonge évidemment les journées et demande une organisation pour les activités, devoirs et tâches ménagères. Mais on voit que cela l’aide beaucoup, elle progresse, prend confiance en elle et commence à pouvoir faire ses devoirs seule. Elle ne me parait, par contre, pas plus fatiguée qu’un enfant qui va à l’école et fait des activités extra-scolaires [11] Corinne aborde aussi la question de la fatigue qui semble réelle pour ses enfants, au contraire de Manon. Juliette était moins fatiguée avec l’arrêt des prises en charge pendant le confinement, mais elle n’avançait plus. Il est important de maintenir les séances pour lui permettre d’avancer. Jean éprouve beaucoup de fatigue. Il a souvent du mal à terminer sa journée et son travail scolaire. Avant le confinement, il travaillait parfois jusqu’à minuit. Cela a d’ailleurs été source de burn out.[12]

Selon Ludivine Halloy, conseillère pédagogique au SEGEC, l’épuisement des élèves correspond à une hypermédicalisation et une vision très segmentée de l’accompagnement de l’enfant. Ces élèves sont constamment en double tâche. Le travail scolaire leur demande plus de temps qu’aux autres. Ils ont peu de temps pour se reposer, se décharger cognitivement.[13]

Judith, kinésithérapeute, reconnait que les enfants qu’elle reçoit peuvent être fatigués. Je le remarque surtout lors de séances durant les vacances où je vois tout ce qu’ils peuvent faire dans ces conditions. Cela n’empêche pas que je pense qu’ils en retirent un bénéfice pour leur autonomie, leur confiance en eux, etc.[14]

Perrine, logopède, voit aussi une différence selon le moment des séances. Le moment de la semaine où les séances ont lieu a un impact sur la réceptivité de l’enfant et du travail possible avec lui. Je travaille le samedi et je trouve les séances détendues et productives car cela ne se passe pas après une journée d’école. Le mercredi après-midi est aussi un assez bon moment car il n’y a eu qu’une demi-journée d’école. Les séances entre 15 et 18h, les autres jours de la semaine peuvent bien se passer si cela est intégré de façon adéquate dans l’organisation de la semaine de l’enfant. Ce qui me semble important, surtout pour les enfants ayant des séances entre 15 et 18h, c’est que l’école et les familles prévoient et organisent le travail scolaire à domicile en tenant compte de ces séances. Si l’enfant a des activités extrascolaires, il vaut mieux ne pas mettre les séances le même jour afin de ne pas trop lui en demander et le fatiguer. Il faut penser à la disponibilité psychique de l’enfant pour les séances afin qu’elles soient productives.[15]

Virginie ne voit pas d’impact négatif. Parfois de la fatigue, mais les enfants sont très souvent super motivés ; donc cela ne se marque pas trop, surtout qu'il ne s'agit pas d'autant de demandes mentales qu'à l'école finalement, car je les fais "travailler" sans qu'ils ne s'en rendent compte, en s'amusant, la plupart du temps.[16] 

Pour donner du sens au suivi, mettre en lumière les progrès de l’élève à besoins spécifiques, être à son écoute et faire du lien entre les différents domaines de la vie permet d’en voir les bénéfices. L’enfant peut être plus à l’aise pour certains apprentissages et s’épanouir selon les buts atteints grâce au suivi. Imaginons un enfant dyslexique plus confiant pour ses rédactions, un élève dysphasique à l’aise lors d’expressions orales en cours de langues, un élève autiste faisant avec plaisir des travaux de groupe.

Tout est question de dosage et de respiration, car un suivi est énergivore. Durant les séances, l’élève à besoins spécifiques reste concentré et fournit des efforts. Cela peut le fatiguer, l’empêcher d’avoir du temps pour des activités de loisirs, le retarder dans ses travaux scolaires. De plus, selon son besoin spécifique, les travaux scolaires peuvent prendre plus de temps que pour un autre élève.

Comme l’explique Stéphanie, il faut penser la combinaison de la prise en charge avec la gestion des devoirs. Ces enfants ont parfois plus de travail que les autres ou du moins prennent plus de temps pour réaliser les devoirs. Si un élève « normal » s’exerce deux fois sur la dictée, un élève dyslexique s’exercera au moins dix fois. Selon leurs horaires, avec les séances, certains font parfois leurs devoirs tard. Ce sont donc des enfants qui sont exténués. Il faudrait pouvoir dire aux enseignants « devoir non terminé à cause de la séance de logo ». L’enfant n’est pas toujours en état de faire ses devoirs. Quand l’enseignant dit que la séance ne pose pas de problème et que l’enfant pourra justement en profiter pour faire son devoir avec la logopède, il ne comprend pas le but des séances. Ce n’est pas le rôle du logopède de faire les devoirs avec l’enfant.[17]

Le suivi est aussi énergivore pour les parents. Ils donnent de leur temps pour les séances et les déplacements nécessairement associés. Certains ont réduit leur temps de travail afin d’accompagner au mieux leur enfant.

Comme l’explique Corinne, tout le suivi paramédical mis en place pour Jean et Juliette est épuisant pour eux, comme pour moi. Il faut aussi penser au suivi de la pathologie en dehors des séances paramédicales. Cela implique des rendez-vous chez le neuropédiatre deux fois par an, chez un neuropsychologue une fois par mois. C’est épuisant pour les jeunes comme pour les parents. C’est lourd de courir d’un rendez-vous à l’autre.[18]

Stéphanie appuie l’intérêt des séances à domicile. Cela n’implique pas de perte de temps de trajet et donne la possibilité de faire d’autres choses à la maison pour le boulot ou avec les autres enfants.[19]

  • Que retenir de ces témoignages ?

Les suivis paramédicaux des élèves à besoins spécifiques sont énergivores pour eux, surtout s’ils comportent plusieurs séances par semaine et empêchent des moments de loisirs et de détente pour ces élèves. Dans l’organisation hebdomadaire de ces jeunes, il est essentiel de leur octroyer aussi des moments de répit.

Mais il ne faut pas pour autant arrêter ces suivis paramédicaux, car ils sont bénéfiques pour les élèves à besoins spécifiques. Les bénéfices peuvent prendre des formes variées et toucher la scolarité, mais aussi les différents domaines de la vie :

  • Un suivi logopédique peut aider l’élève au niveau scolaire, mais surtout dans sa communication de manière générale ;
  • Un suivi kinésithérapeutique, en travaillant sur les muscles, les articulations et les os, peut aider à évacuer le stress et les tensions nerveuses de l’élève qui sera dans des conditions favorables pour les autres activités de son quotidien ;
  • Un suivi psychologique peut aider l’élève, par un travail sur lui-même, pour son intégration dans la société, dans l’école, dans le groupe classe.

L’école n’est pas toujours au courant du suivi paramédical des élèves et demande aussi du travail en dehors des heures de classe. Comment concilier travail scolaire et séances de suivi paramédical ? Comment tenir compte du temps pris avec les thérapeutes pour ne pas imposer aux élèves de travailler jusque tard le soir pour l’école ?

Pour que l’enseignant se rende compte de tout ce que le suivi paramédical de son élève implique, il est important d’avoir des moments de discussion à ce sujet avec les parents et le thérapeute. Cela permettra de programmer le travail scolaire, d’adapter ses méthodes selon les besoins de l’élève et d’appuyer le travail fait en séance.

  • Des pistes d’adaptation

Comme l’explique Ludivine Halloy, après tous les efforts fournis à l’école, ces élèves font encore des efforts de concentration lors des séances. Il faut pouvoir leur trouver des échappatoires, des compensations pédagogiques. Un exemple dans la vie quotidienne des adultes est celui de l’utilisation du GPS qui nous permet de ne pas devoir chercher notre chemin, de se décharger avant ou après une réunion intensive. On peut se poser la question : « Quel est le GPS qui soulagera l’élève ? » (un clavier pour un élève avec dyspraxie, un lecteur vocal pour un élève avec dyslexie, …). Il est donc important de penser une coordination, un projet global réfléchi avec les professionnels et les parents. Parmi la masse d’activités, qu’est ce qui est réellement important pour l’enfant et soulage ses besoins ? Quelles sont ses ressources et les moyens pour répondre à ses besoins ?[20]

Ludivine Halloy pointe ici quelque chose d’important. Le thérapeute et l’enseignants peuvent se concerter pour définir ensemble quels sont les outils et méthodes qui peuvent soulager l’élève à besoins spécifiques.

La collaboration avec l’école semble essentielle. Perrine explique travailler aussi durant le temps scolaire. Je vais dans une école ordinaire pour des séances de logopédie. C’est intéressant, l’enfant est concentré car c’est intégré dans sa journée de travail. Cela permet de mettre en place une collaboration avec les instituteurs. De nouveau, il faut bien choisir le moment, faire attention à leur laisser du temps de récréation. Ce qui me semble intéressant est de réaliser, chaque semaine, une séance à l’école et une séance au cabinet, pour atteindre un bon équilibre au niveau de l’horaire (on limite le risque de manquer des cours ou de perdre du temps de récréation) et cela permet une collaboration à la fois avec les enseignants et les parents.[21]

Une solution pourrait être de penser les suivis et rééducations dans l’école, durant le temps scolaire. Cela soulagerait l’élève, surtout s’il y a adaptation des apprentissages. Mais cela est-il réaliste ? Avec quels bénéfices et quels risques ? Jusqu’où peut-on aménager la scolarité d’un élève à besoins spécifiques ?

Stéphanie aimerait qu’il y ait des thérapeutes dans toutes les écoles. L’idéal serait d’avoir un logopède dans l’école pour répondre aux besoins des élèves de l’établissement. Cela permettrait aussi une meilleure collaboration entre professionnels. On peut aussi, dans ce cadre, combiner avec un travail en demi-groupe, un travail en autonomie en classe.[22]

Une piste pour ceux qui, pris par leur suivi, sont limités dans les activités extrascolaires, serait de leur proposer une activité adaptée à leur besoin spécifique et leur apportant des bénéfices. On pourrait diminuer la fréquence d’un suivi logopédique pour un enfant dyslexique s’épanouissant en faisant du théâtre. Même chose pour le suivi neuropsychologique d’un jeune TDAH intégré avec bienveillance dans un club sportif.

Amélie explique avoir choisi de ne pas empiéter sur les activités extrascolaires de Manon, car elle en a vraiment besoin sinon tout tourne autour du « scolaire ». Elle parvient à faire ses dix heures de gym par semaine, c’est sa passion. En ce qui concerne le travail scolaire, tout est planifié à l’avance et donc la logopédie n’empiète pas sur le travail scolaire. Cependant, parfois elle n’a pas envie de travailler pour l’école, car elle a déjà l’impression de le faire avec la logopédie.[23]

De son côté, Stéphanie a fait le choix de diminuer le nombre de séances pour permettre à ses jeunes une vie sociale et des loisirs. Il est important de permettre à ces enfants d’avoir des activités en dehors de l’école et du suivi paramédical. Pour certains, toutes ces séances ne leur laissent pas le temps de se poser, de s’ennuyer, de jouer. Il est important de leur permettre des loisirs, comme les mouvements de jeunesse, qui peuvent aussi apporter des choses à ces enfants hyperactifs ou autistes.[24]

Conclusion

Le suivi paramédical des élèves à besoins spécifiques est une réelle source de dépense de temps et d’énergie pour eux. S’il porte ses fruits, il peut être bénéfique pour leur scolarité, leur autonomie, leur estime de soi, pour leur développement personnel.

Une collaboration entre enseignants et thérapeutes, afin que les aménagements raisonnables mis en place à l’école et le suivi de l’élève soient efficaces, permet d’adapter les méthodes et l’organisation pour une scolarité réussie. Il est important de ne pas agir aux antipodes en classe et en séance pour que l’élève à besoins spécifiques évolue positivement. Dans ce sens, l’UFAPEC juge essentiel de permettre à l’élève de venir en classe avec ses outils et ses stratégies apprises en séance. Un partenariat école-famille-thérapeute servira l’élève à besoins spécifiques dans son parcours. Nous espérons que la mise en place annoncée de pôles territoriaux chargés d’assister les équipes éducatives dans l’accompagnement des enfants à besoins spécifiques dans l’enseignement ordinaire permettra de mettre en place ou de renforcer ce partenariat.

Un climat de confiance avec le thérapeute et entre les adultes partenaires est source de bienveillance envers l’élève. Il en a besoin pour ses apprentissages, son bien-être et son épanouissement. Comme l’explique Perrine, le suivi peut avoir des effets positifs sur la scolarité. Après avoir proposé un bilan, on établit un projet thérapeutique pour répondre aux besoins de l’enfant. Cela permet souvent de retravailler les bases des apprentissages. On peut donner des pistes pour les devoirs, proposer des outils qui vont aider l’enfant face à certaines méthodes ou matières scolaires. Un travail avec les enseignants peut aussi se mettre en place pour réfléchir aux aménagements à organiser en classe pour répondre aux besoins de l’enfant. Le suivi et la communication sont importants pour s’adapter aux besoins de l’enfant. Des contacts avec les enseignants permettent le partage des observations, une réflexion commune face aux besoins de l’enfant et la proposition d’outils de compensation (ordinateur et logiciels, fiches d’aide, etc.).[25]

Un dosage équilibré avec un suivi à un rythme adéquat, des aménagements raisonnables et une charge de travail scolaire adaptée est ce que nous demandons à l’UFAPEC pour ces élèves afin de diminuer leur fatigue. L’encadrement de leurs besoins au niveau paramédical ne peut être opposé à leurs apprentissages scolaires et leur certification dans un enseignement qui se veut inclusif.

 

Alice Pierard

 

 


[1] Réunion en ligne du regroupement des parents de l’enseignement spécialisé, animée par Alice Pierard, le 24 novembre 2020. Ce regroupement rassemble les parents et associations de parents affiliés à l’UFAPEC.

[2] L’orthoptie consiste à dépister, analyser et traiter les troubles visuels moteurs, sensoriels et fonctionnels.

[3] Trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité.

[4] Témoignage d’Amélie, récolté le 27 novembre 2020.

[5] Témoignage de Corinne, récolté le 16 novembre 2020.

[6] Témoignage de Stéphanie, récolté le 23 novembre 2020.

[7] Témoignage de Corinne, récolté le 16 novembre 2020.

[8] Témoignage de Stéphanie, récolté le 23 novembre 2020.

[9] « Temps 2. Recevoir le diagnostic. 2. Suivi thérapeutique de l’enfant », fiche de la Boîte à outils coordonnée par l’UFAPEC et l’APEDA, mise à jour le 20 septembre 2019, p. 2.

[10] Témoignage de Virginie, récolté le 13 novembre 2020.

[11] Témoignage d’Amélie, récolté le 27 novembre 2020.

[12] Témoignage de Corinne, récolté le 16 novembre 2020.

[13] Témoignage de Ludivine Halloy, récolté le 9 décembre 2020.

[14] Témoignage de Judith, récolté le 28 novembre 2020.

[15] Témoignage de Perrine, récolté le 3 novembre 2020.

[16] Témoignage de Virginie, récolté le 13 novembre 2020.

[17] Témoignage de Stéphanie, récolté le 23 novembre 2020.

[18] Témoignage de Corinne, récolté le 16 novembre 2020.

[19] Témoignage de Stéphanie, récolté le 23 novembre 2020.

[20] Témoignage de Ludivine Halloy, récolté le 9 décembre 2020.

[21] Témoignage de Perrine, récolté le 3 novembre 2020.

[22] Témoignage de Stéphanie, récolté le 23 novembre 2020.

[23] Témoignage d’Amélie, récolté le 27 novembre 2020.

[24] Témoignage de Stéphanie, récolté le 23 novembre 2020.

[25] Témoignage de Perrine, récolté le 3 novembre 2020.

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