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L'inclusion des personnes en situation de handicap : une réalité ou un idéal ?
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26.17/ET2 - L'inclusion des personnes en situation de handicap : une réalité ou un idéal ?
Un jour il [Farid, jeune homme paraplégique] m’a dit : ‘’Tu vas voir, le regard des gens sur un mec handicapé se fait en plusieurs temps. Quand les gens te rencontrent la première fois, tu n’es rien d’autre qu’un handicapé. Tu n’as pas d’histoire, pas de particularités, ton handicap est ta seule identité. Ensuite, s’ils prennent un peu de temps, ils vont découvrir une facette de ton caractère. Ils verront alors si tu as de l’humour, si tu es dépressif… Enfin, ils verront presque avec surprise que tu peux avoir une vraie personnalité qui s’ajoute à ton statut d’handicapé : un handicapé caillera, un handicapé beauf, un handicapé bourgeois…’’ J’ai trouvé ça intéressant et très utile pour la suite. Pour ceux qui n’ont pas l’habitude de le côtoyer, le statut d’handicapé (surtout en fauteuil roulant) est tellement marquant (effrayant, dérangeant) qu’il masque complètement l’être humain qui existe derrière. On peut pourtant croiser chez les personnes handicapées le même genre de personnalités qu’ailleurs : un timide, une grande gueule, un mec sympa ou un gros con. J’ai d’ailleurs rencontré dans mon centre de rééducation un bel échantillon représentatif de cette diversité…
Grand Corps Malade
Introduction
Nous vivons dans une société de plus en plus ouverte à la différence et tentant de permettre à chacun d’y trouver sa place. Il y a déjà eu une réelle évolution en matière d’inclusion des personnes en situation de handicap entre autres grâce aux lois adoptées (décret intégration scolaire, convention ONU, etc.), mais aussi à l’action d’associations et de parents mobilisés.
L’inclusion sociale et le sentiment d’appartenance ne semblent pas encore atteints pour tous. Dans la réalité, les personnes en situation de handicap ne sont pas toutes intégrées de la même manière (scolarité, travail, activités de loisirs, etc.), certaines familles se sentent lésées et en demandent plus. Il y a encore du chemin à faire…
On remarque facilement une différence d’acceptation et d’intégration selon les handicaps. Les handicaps visibles peuvent être plus facilement acceptés, car on voit la différence de l’autre, elle est marquée (chaise roulante, canne blanche, appareils auditifs, etc.) et il est plus aisé de savoir quoi mettre en place pour aider ces personnes. Les handicaps invisibles (handicap mental, maladies invalidantes, troubles d’apprentissage, etc.) posent des questions, car la différence n’est pas toujours perceptible, ces personnes peuvent donner l’impression de ne pas avoir de déficience. Cela pose la question de savoir par rapport à quoi est défini le handicap, quelle est la « normalité ». Quel regard porte notre société sur le handicap ? Qu’est ce qui est socialement acceptable ? Quelle acceptation de l’autre selon son handicap ? Quelle place est donnée aux personnes en situation de handicap par nos conceptions de la « normalité » et de la différence ?
Même si notre société évolue dans le sens de l’inclusion, il faut admettre que le handicap (qu’il soit visible ou non) est parfois difficilement accepté et peut devenir source de moquerie. La rencontre du handicap peut générer de la peur, du dégout, un malaise, de l’incompréhension, une suspicion d’incompétence ou de mauvaise volonté dans le chef de la personne en situation de handicap.
L’inclusion ne concerne pas seulement les personnes en situation de handicap, mais touche notre société dans son ensemble. Il s’agit d’une ouverture et d’un accueil de la différence sous toute ses formes (culturelle, confessionnelle, politique, etc.). Il s’agit de défendre, promouvoir et assurer les principes de respect de l’autre, d’égalité et de non-discrimination, afin de permettre à chacun de trouver sa place dans le groupe. Ces enjeux sont essentiels dans toute société démocratique.
En matière d’inclusion des personnes en situation de handicap, sujet sur lequel se centre cette étude, notre société ne semble pas adaptée à tous (accès aux formations et à l’emploi, accessibilité des bâtiments, etc.). Quelles adaptations sont possibles pour dépasser le handicap ? Que faut-il mettre en place pour faciliter l’inclusion des personnes en situation de handicap ?
L’inclusion, est-ce un réel changement conceptuel et de nouvelles perspectives d’actions dans le monde du handicap ? S’agit-il plutôt d’un phénomène de mode, d’une illusion, du renforcement d’un langage politiquement correct ?
Le sujet nous interpelle depuis plusieurs années à l’UFAPEC et nous avons choisi de nous pencher sur ces questions en allant à la rencontre de personnes concernées (parents, directeurs d’écoles, membres d’associations spécifiques du monde du handicap). Tout au long de cette étude, plusieurs de ces personnes livreront leurs témoignages.
Il nous semblait logique et inévitable de pointer plus particulièrement la question de l’inclusion scolaire. Depuis huit ans, l’intégration scolaire bénéficie d’un cadre décrétal pour tous les élèves à besoins spécifiques. D’autres évolutions du système scolaire permettent une meilleure inclusion : aménagements, classes inclusives, formations spécifiques, pôles territoriaux de soutien à l’intégration et aux aménagements raisonnables, etc. On se dirige de plus en plus vers un système scolaire inclusif et le Pacte pour un enseignement d’excellence poursuit cette logique. Notre système est-il totalement inclusif ou doit-il encore évoluer ? Comment l’inclusion scolaire est-elle possible ?
Dans la première partie de cette étude, nous présentons le cadre légal en vigueur. Nous nous penchons ensuite sur les définitions du handicap, de l’intégration et de l’inclusion (il y a en effet des nuances entre ces deux termes) et les spécificités de notre système scolaire en matière d’accueil des élèves en situation de handicap. Après avoir fait le point sur l’évolution des représentations et de la place des personnes en situation de handicap dans notre société, nous verrons quel est le regard actuel sur la question et quelles actions inclusives sont mises en place. Nous nous attarderons plus précisément sur l’évolution de notre système scolaire en matière d’inclusion des élèves à besoins spécifiques et du rôle de l’enseignement spécialisé dans le cadre du Pacte pour un enseignement d’excellence. Enfin, nous terminerons en émettant une série de pistes pour une école et une société plus inclusives.
Télécharger l'étude complète (64 p.) ci-contre
Alice Pierard