Analyse UFAPEC décembre 2025 par D. Houssonloge

26.25/ Ce que la précarité fait à nos enfants

COMMENT LES ACCUEILLIR AU MIEUX A L'ENTREE A L'ECOLE ?

Il n’y a pas de révélateur plus net de l’âme d’une société que la façon dont elle traite ses enfants.
Nelson Mandela

Introduction

En quelques décennies, des crises multiples ont fait exploser les situations de précarité et les enfants ne sont pas épargnés. En Wallonie et à Bruxelles, aujourd’hui, un enfant sur cinq environ vit dans une situation de privation.[1]

La précarité est probablement la pire ennemie de toute société. Elle est source de désespoir pour les plus fragiles, de stigmatisation et de division. En réaction, la lutte contre la pauvreté doit s’organiser, s’intensifier et se généraliser. Pierre-Yves Jeholet, Ministre-Président de la Fédération Wallonie-Bruxelles (FWB), introduisait ainsi le Plan de lutte contre la pauvreté 2020-2025.[2] Ce plan arrive à son terme et force est de constater que la précarité autour de nous n’a pas diminué, au contraire !

Malgré toutes les difficultés qu’elle connait, l’école demeure un levier d’intégration essentiel. C’est bien pour cela que les acteurs scolaires se mobilisent aujourd’hui. C’est dans ce sens aussi que le Pacte pour un enseignement d’excellence a renforcé l’école maternelle reconnue comme essentielle et que l’âge de la scolarité obligatoire a été abaissé à 5 ans depuis la rentrée scolaire 2020[3].

Actuellement, dans un souci d’égalité des chances, il est encore question d’abaisser l’âge de cette obligation scolaire à 3 ans comme l’évoque la déclaration de politique communautaire de 2024.[4] Nous y avons déjà consacré diverses analyses.[5]

Sur le terrain, l’entrée en maternelle peut être compliquée pour les enfants vulnérables et compromettre la construction d’une relation de qualité entre l’école et les parents.

La situation est difficile à vivre aussi pour les professionnels. Comment les soutenir dans leur mission éducative ? Cette mission est-elle encore possible dans ces conditions ? Comment travailler avec les parents et pas contre les parents ?

La précarité est multifactorielle. L’isolement social est certainement un facteur prépondérant dans l’enlisement des familles. Cet isolement a des effets délétères sur le développement et la santé mentale de l’enfant, alors que les premières années de vie sont capitales. Comment accueillir au mieux le tout-petit qui entre à l’école pour le sortir de cet isolement et éviter la reproduction de l’exclusion sociale ?

Ce que la précarité fait aux tout-petits

La précarité, qui, comme nous venons de le dire, est multidimensionnelle, nuit aux enfants qui y naissent et y grandissent. Leur développement physique, cognitif, psychologique et social est compromis. Les conditions de vie sont inadaptées aux besoins des jeunes enfants. À cela s’ajoutent des structures familiales fragilisées où les parents sont souvent en insécurité voire en détresse avec tout ce que cela peut comporter comme difficultés pour s’occuper d’un enfant en bas âge. Beaucoup de tout-petits vivent en vase clos avec leurs parents, le plus souvent avec leur maman. Peu d’enfants ont la chance de fréquenter une structure d’accueil ou même une halte-garderie qui pourrait contribuer à leur développement et à leur épanouissement. Les consultations ONE ou d’autres services de la petite enfance et de l’aide sociale visent à soutenir les familles, à les sensibiliser aux besoins d’un tout-petit, à détecter des carences, mais toutes les familles n’y recourent pas. Et pour celles, et elles sont très nombreuses, qui viennent chercher un accompagnement, il n’est pas aisé de faire le suivi de santé mentale de leur enfant : un tout-petit ne parle pas.

En imaginant que l’école soit dotée de moyens suffisants et adaptés, une scolarisation précoce à 3 ans pourrait être vraiment bénéfique pour l’enfant précarisé. C’est généralement le premier lieu où il peut se socialiser, évoluer dans un cadre adapté et sécurisant, recevoir l’aide de professionnels grâce au suivi spécifique du service de la promotion de la santé à l’école (PSE) et du centre psycho-médico-social (CPMS ). Cependant, une scolarisation précoce est souvent compliquée pour des raisons diverses :

  • la séparation est éprouvante : pour beaucoup, il s’agit souvent de la première séparation (comme ils n’ont pas eu accès à une structure d’accueil avant l’école ; des parents estiment que c’est mieux pour l’enfant de rester avec eux d’autant plus s’il ne veut pas aller à l’école ou s’il n’est pas bien) ;
  • les parents ne perçoivent pas toujours l’enjeu de scolariser leur enfant ou de le scolariser de façon régulière ;
  • les parents éprouvent des difficultés à conduire l’enfant à l’école ;
  • une fois à l’école, la scolarisation est plus difficile vu les retards de développement, l’insécurité et le mal-être qui peuvent affecter l’enfant.

Pauline, puéricultrice scolaire depuis vingt ans, a accepté de nous partager son vécu et ses observations concernant les tout-petits qui arrivent dans son école vers 2,5-3 ans.[6] Nombre d’entre eux viennent d’une famille en situation de vulnérabilité, d’origine belge ou immigrée. De plus en plus d'enfants sont moins autonomes. Ils arrivent en lange, sans parler, sans savoir jouer, avec une sucette en bouche qu’ils ne veulent pas quitter, et un biberon de lait ou une boite à tartines dans la mallette parce qu’ils ont refusé de déjeuner. L'année dernière, j'ai eu 27 élèves en lange. Ce que je ressens surtout, c’est que ces enfants n’ont pas été suffisamment stimulés avant leur entrée à l’école. Ce sont des enfants qui ne savent pas « se mettre à faire », qui ont du mal à restés concentrés un petit moment. La plupart du temps, ces enfants sont seulement scolarisés de façon régulière en troisième maternelle et ils ont aussi un manque de développement physique. Ils sont restés inertes à la maison pendant les cinq premières années. Au cours de gym, ils sont vite fatigués, vite épuisés. Ils n'ont pas les ressources suffisantes.

Le délégué général aux droits de l’enfant, Solayman Laqdim, et la Fondation Reine Paola ont eux aussi alerté récemment sur la précarité des enfants. En Belgique, 300.000 enfants grandissent dans la précarité, la santé mentale s’effondre et les associations craquent.[7]

Au niveau de la santé mentale des jeunes enfants (0-5 ans), le conseil supérieur de la santé (CSS) vient d’interpeller le politique sur l’insuffisance d’investissement alors que la recherche scientifique montre que les premières années de la vie ont un impact déterminant sur la santé physique et mentale, la réussite scolaire, l’intégration sociale et la productivité future. Tout investissement dans cette période de la vie permet d’améliorer la santé générale, de réduire les inégalités et de renforcer la résilience collective.[8] À cette occasion, le CSS a rappelé la nécessité d’agir dans une vision plus large de bien-être et notamment sur l’environnement du tout-petit et les conditions de vie des familles, le cerveau du nourrisson étant particulièrement sensible aux influences positives ou négatives. Pour le CSS, investir dans la santé mentale des jeunes enfants est une nécessité éthique, sociétale et économique, mais aussi un investissement pour l’avenir qui évitera des problèmes médicaux, d’emploi et de criminalité.[9]

Ce que la précarité fait aux parents

Un enfant qui a un problème, c’est généralement un parent qui va mal aussi, constatait Marie Vancustem, journaliste sur La Première qui a consacré un reportage aux consultations psychologiques pour les 0-4 ans en pleine explosion. [10]

C’est compliqué à la maison tel est souvent ce que les professionnels de l’école maternelle entendent des parents pour expliquer, justifier, excuser l’absence de l’enfant ou les problèmes qu’il rencontre dans sa scolarité. Derrière cette phrase fourre-tout ou cache-misère se tapit un grand isolement, particulièrement pour les mamans qui sont en grande majorité celles qui vont vivre 24 heures sur 24 avec le tout-petit. Ces mamans n’ont généralement pas d’entourage ou de structure d’accueil à qui confier leur nourrisson pour souffler un moment. Cet isolement est social, mais aussi psychique et géographique. Il est d’autant plus fort à certaines étapes de la vie comme la grossesse, la naissance, les premières années de vie de l’enfant. La solitude est encore amplifiée du fait que de nombreuses familles n’ont pas connaissance des services existants ou ne veulent pas y recourir. Le burnout et la dépression guettent beaucoup de mamans et la peur des services sociaux accentue encore le repli sur soi alors que ces parents doivent en même temps trouver des solutions d’urgence pour maintenir l’équilibre du foyer.

Le témoignage de Doha, maman d’un petit garçon de 2 ans qui fréquente l’unité parent-bébé de l’Hôpital des Enfants Reine Fabiola en région bruxelloise, illustre ce que peuvent vivre de nombreuses jeunes mamans isolées. Je me disais : « il n’y a personne qui peut m’aider ». J’ai eu un trauma par rapport à ma fille (accident grave). Je n’étais pas encore prête à parler de ça, mais après j’ai vu que c’était de pire en pire et je ne m’en sortais pas avec le bébé qui venait d’arriver. Ils m’ont dit «il faut quand même être entourée et aidée parce que vous n’allez pas y arriver toute seule ». Avant, il se tapait la tête, il se tirait les cheveux, il faisait ses crises. Dès que je prenais les transports, il cachait ses yeux jusqu’à la sortie, il ne voyait personne. Il n’aimait pas voir les gens autour de lui. C’est en train de changer. Beaucoup même. Là, il est en train de jouer de son côté. Au début, ce n’était pas comme ça, il restait collé ici, à côté de moi.[11]

Pauline, notre puéricultrice scolaire, accompagne aussi des familles lors de consultations ONE de façon préventive, en tant que psychomotricienne et en tant qu'instructrice en massage pour bébés. Beaucoup de parents viennent spontanément à ses séances. Elle constate qu’ils sont souvent démunis face à leur nouveau-né. Ils veulent trop bien faire ou ils ont tellement peur de ne pas pouvoir assumer leur rôle de parent qu'ils font des choses qui n'ont pas lieu d'être.

Ce manque de confiance en soi des parents n’est pas propre aux milieux vulnérables. Aujourd’hui, dans nos sociétés occidentales, la parentalité est devenue complexe et en même temps terriblement exigeante, tout en étant peu soutenue. Nous y reviendrons.

Ce que la précarité fait à l’école

  • Sur le terrain

Pour le personnel de l’école maternelle, accueillir la précarité est aussi compliqué et même épuisant. Ces professionnels de l’éducation ont rarement été formés à la diversité socio-culturelle ou au phénomène de précarité. Certains mettent des choses en place de façon spontanée, comme Pauline, consciente que l’objectif premier est de de garantir la sécurité de l’enfant de façon à ce qu'il prenne du plaisir à venir à l'école et que les parents comprennent l’enjeu de la fréquentation scolaire. Pour partager le vécu de l’enfant à ses parents, beaucoup d’écoles diffusent des photos d’activités en classe, prennent un moment pour raconter la journée aux parents à défaut de pouvoir encore utiliser le cahier de communication supprimé dans certains établissements au profit du mail ou de plateformes numériques, beaucoup moins accessibles pour des familles populaires.

S’investir au maximum et au-delà de sa mission ne suffit plus. Un directeur d’une école à encadrement différencié nous disait : Les institutrices les plus motivées et qui se battent autant qu’elles peuvent pour sortir l’enfant de l’exclusion ne tiennent pas le coup. Elles tombent en burnout et ne peuvent plus revenir dans une école comme la nôtre. Faut-il se protéger pour pouvoir continuer ce métier au point de laisser l’enfant livré à lui-même ou au contraire s’en occuper au point de ne plus assumer son rôle d’enseignante ou de puéricultrice[12] scolaire en charge d’une classe ?

À nouveau, Pauline témoigne : Aujourd'hui, ce qui a énormément changé, c'est que l'enseignante est épuisée. En début de carrière, j'ai travaillé avec des enseignantes qui étaient proches de la pension et elles n'étaient pas fatiguées comme à l'heure actuelle… En vingt ans de carrière dans l’enseignement, je constate que mon rôle aussi a profondément changé. Je passe mon temps à quitter la classe pour changer un enfant, ou l'accompagner à la toilette, ou le rafraîchir  parce qu'il s'est souillé, je ne fais que de courir d'un lange à un autre et, lors de la sieste, je n'ose même pas en parler... Mon rôle n'est pas de rendre les enfants propres, mais d'être présente et à leur côté afin d'accompagner et d'assurer un soutien pédagogique en collaboration avec l'équipe éducative.

Par ailleurs, de plus en plus d’équipes éducatives sont encore confrontées à un « nomadisme » scolaire important. L’enfant change souvent d’école, pour des raisons diverses, et toute la relation avec lui est à reconstruire. Comment accueillir, sécuriser et socialiser des jeunes enfants en transit ?

  • Des formations pour soutenir les professionnels et intégrer les parents

Face à cette réalité, les moyens complémentaires mis à disposition des écoles en encadrement différencié (avec un indice socio-économique faible) ne suffisent plus[13] et toute école peut être confrontée à l’accueil d’enfants vulnérables.

Pour y faire face, la Fondation Roi Baudouin a développé deux projets de formation auxquels l’UFAPEC a collaboré. Le premier en 2012 pour soutenir la formation initiale des enseignantes de maternelle Voir l'école maternelle en grand avec l’objectif de développer des compétences clés chez les futurs instituteurs pour mieux prendre en compte la précarité et la diversité.[14] Le second tout récemment, La maternelle, c’est essentiel pour la formation continue. Maïté de Hemptinne, experte indépendante pour la Fondation, nous explique[15] que ce projet s’adresse à l’ensemble des acteurs de l'école maternelle : instituteurs, puéricultrices, accueillantes extrascolaires, directions. Ces professionnels ont une mission essentielle avec des enjeux complexes. L’objectif est de leur permettre de développer des compétences pour favoriser la réussite scolaire de tous, dès l’entrée à l’école, avec un focus plus spécifique sur les enfants issus de milieux précarisés ou issus de la diversité.[16] Un autre objectif majeur est de soutenir les équipes, comme l’explique encore Maïté : Ce qui est très important, c'est de déculpabiliser les membres des équipes éducatives en disant qu’elles ne doivent pas tout porter ni rester seules ! Il y a vraiment un phénomène sociétal. Ce n’est pas juste le rôle de l'école ou celui des parents. La pauvreté, c’est l’affaire de tous !

Ces formations permettent encore d’aller au-delà des préjugés sur l’éducation et la parentalité et de croiser les regards, ajoute Maïté : Dans la relation école-parents, on est vraiment dans des sphères différentes, mais en fait, l'objectif est le même : chacun veut ce qu’il y a de mieux pour l’enfant et va essayer de l’amener le plus loin possible. Des familles mettent en place des choses auxquelles on ne penserait jamais.

Ce dispositif montre enfin toute la nécessité de construire une relation de qualité avec les parents, en ouvrant l’école à des organismes extérieurs pour mettre en place, d’une part, des espaces de rencontre parentaux comme les cafés des parents ou les cafés papote permettant aux parents d’amener des sujets qui les préoccupent et de découvrir les codes scolaires et, d’autre part, des moments de classe ouverte où les parents peuvent venir juste s'asseoir en classe et jouer avec l'enfant pour mieux comprendre ce qu’il vit et apprend, ce que l’école lui apporte…

Clés de compréhension

  • La parentalité aujourd’hui

Si la pauvreté multidimensionnelle est un problème de société auquel les parents et l’école ne peuvent faire face seuls, les difficultés à être parent aujourd’hui complexifient encore les choses.

La parentalité a évolué depuis plusieurs décennies. Dès les années 2000, des professionnels alertent non pas sur la démission parentale, mais sur le phénomène de l’enfant-roi produit par des parents qui veulent le bonheur de leur enfant à tout prix, bonheur souvent confondu avec une absence de cadre et de repères.

En parallèle, le diktat de la parentalité parfaite a épuisé beaucoup de parents, tous milieux confondus. Le burnout parental[17], et plus fréquemment le burnout maternel, est apparu. Aujourd’hui, dès la conception du bébé, des professionnels, dont des coachs de tous ordres, inondent un marché substantiel.

Cette marchandisation entraîne plusieurs conséquences. D’une part, elle produit une évolution de la norme parentale. Les attentes envers « un bon parent » sont plus élevées et les parents de milieux précarisés sont en décalage et pointés comme manquant de compétences ou peu investis. D’autre part, le bonheur et la réussite de l’enfant sont désormais attribués avant tout aux parents. On parle de parentalité individualisée ou de déterminisme parental.[18]

Cette conception de la parentalité renforcée par une société plus individualiste amène à une déresponsabilisation et une désolidarisation du collectif. À l’heure actuelle, de moins en moins de citoyens se sentent concernés par le sort des enfants vulnérables. Au contraire, une certaine pauvrophobie[19] se développe ; des discours simplistes et clivants circulent abondamment et rendent les pauvres responsables de leur pauvreté et les parents pauvres responsables des privations subies par leurs enfants.

  • Les politiques déployées : de la chirurgie locale au désengagement

L’absence d’une politique structurelle, préventive et nationale en matière de lutte contre la précarité infantile est encore problématique. Réduire efficacement la vulnérabilité des enfants pour enrayer la reproduction de l’exclusion sociale relève de nombreux niveaux de pouvoir. Or, les dispositifs restent encore trop morcelés, curatifs et répressifs. Entre le fédéral, les régions, les communautés, les provinces et les communes, entre les secteurs de l’enfance, de l’enseignement, de la santé, de l’aide sociale, du logement, de l’emploi et enfin de la justice, il y a de quoi perdre de vue le bien de l’enfant.

Conclusion et perspectives

Les premières années de vie représentent une période de grande fragilité pour l’enfant et sa mère, particulièrement dans les milieux précarisés, où les conditions de logement, d’alimentation, de santé et l’absence de soutien compromettent un développement serein.

À l’école, ces difficultés se traduisent par un accrochage compliqué et une scolarisation précoce compromise, tandis que les enseignantes et puéricultrices, insuffisamment soutenus, se retrouvent épuisés face à des tout-petits en retard et en souffrance. Les familles et les écoles ne peuvent pas affronter seules ces enjeux de société !

S’attaquer à l’exclusion sociale, c’est choisir de réduire les inégalités dès la naissance. Investir dans la petite enfance, c’est éviter des problèmes majeurs plus tard et assurer un avenir plus solide à la personne. Les chiffres le prouvent : soutenir les enfants défavorisés aujourd’hui, c’est réduire les coûts futurs. Tout le monde a à y gagner !

Pour l’UFAPEC, une société attentive à ses fondements démocratiques est une société solidaire et responsable qui investit dans son avenir. Les enfants sont les adultes de demain et il n’est pas acceptable qu’un sur cinq soit condamné à la précarité. Enrayer la pauvreté infantile demande une vision systémique et une politique, structurelle, concertée et préventive. Soutenir les familles, ce n’est pas faire de l’assistanat, au contraire, c’est accompagner les parents, les sensibiliser aux besoins essentiels de l’enfant pour qu’ils soient en capacité d’y répondre.

À l’école, et lors de l’entrée en maternelle en particulier, cela signifie poursuivre le soutien à la parentalité, aider les enseignantes et puéricultrices et doter les établissements de moyens humains adaptés, tels que des infirmiers, psychologues et travailleurs sociaux. C’est seulement de cette manière que les enfants pourront évoluer dans un cadre favorable à leur socialisation et à leur réussite scolaire. Faire société, c’est décider de partager un avenir commun où la solidarité s’enracine dès les premières années de vie.

 

Dominique Houssonloge

 

 


[1] IWEPS, Taux de privation des enfants connu au 01/09/2025 - https://www.iweps.be/indicateur-statistique/taux-de-privation-enfants/

[3] Projet de loi du 14 mars 2019 modifiant la loi du 29 juin 1983 concernant l’obligation scolaire afin d’instaurer l’obligation scolaire à partir de l’âge de 5 ans. Texte adopté en séance plénière. www.lachambre.be/flwb/pdf/54/0051/54K0051008.pdf

[4] Déclaration de politique communautaire. Avoir le courage de changer pour que l’avenir s’éclaire.

Législature 2024-2029, 11/07/2024, p. 28.

[5] HOUSSONLOGE D., J’ai 3 ans et je dois entrer à l’école. Besoins de l’enfant et obligation scolaire à 3 ans. -

analyse UFAPEC 2023 n° 21.23 - Obligation scolaire à 3 ans, un levier pour les publics vulnérables ?

analyse UFAPEC 2024 n°19.24 et L’obligation scolaire à 3 ans est-elle possible sans la collaboration des parents ? analyse UFAPEC 2024 n°20.24 - https://www.ufapec.be/nos-analyses/

[6] Interview réalisée le 27/10/2025.

[7] HUON J., Un enfant sur sept vit dans la pauvreté : l’appel commun à rompre le silence in Le Soir, 9/10/2025 - https://www.lesoir.be/703945/article/2025-10-09/un-enfant-sur-sept-vit-dans-la-pauvrete-lappel-commun-rompre-le-silence

[9] Conseil supérieur de la santé, op. cit.

[10] VANCUSTEM M., Hausse de 50 % des consultations psychologiques pour les 0-4 ans en 2024, La Première RTBF, 06/06/2025 - https://www.rtbf.be/article/hausse-de-50-des-consultations-psychologiques-pour-les-0-4-ans-en-2024-mon-fils-se-tapait-la-tete-mais-c-est-en-train-de-changer-11557805

[11] Idem

[12] Étant donné que les femmes occupent ces postes en très grande majorité, nous avons mis le féminin. Cela n’empêche pas que la profession soit ouverte aux hommes bien entendu.

[14] FRB, Voir l'école maternelle en grand ! Des compétences clés pour mieux prendre en compte la précarité et la diversité, 18/02/2019 - https://kbs-frb.be/fr/voir-lecole-maternelle-en-grand-des-competences-cles-pour-mieux-prendre-en-compte-la-precarite-et

[15] Interview réalisée le 27/10/2025.

[16] Il s’agit d’une collaboration qui remonte à 2020 entre la Fondation Roi Baudouin et la Fédération Wallonie-Bruxelles, en cohérence avec les visées du Pacte pour un enseignement d’excellence. Quatre dispositifs de formation ont été développés autour de quatre grandes thématiques qui évidemment s’entrecroisent dans une vision systémique : objectiver la pauvreté et la précarité des enfants en FWB, développer le langage oral et initier à la langue de scolarisation, lever les malentendus sociocognitifs pour permettre les apprentissages, favoriser les transitions familles-école pour assurer un démarrage positif de la scolarité -  https://pactepourunenseignementdexcellence.cfwb.be/actualites/la-maternelle-cest-essentiel/

[17] LORIERS B., Le burnout parental, maladie de notre civilisation ?, analyse UFAPEC -

 https://www.ufapec.be/nos-analyses/0417-burn-out-parental.html

[18] Nous développerons ce point dans une prochaine publication. Pour en savoir plus, voir notamment : Martin Cl., Collectiviser la question parentale : les apports des « parenting studies » in Lien social et Politiques, n° 85. 16/12/2020.

[19] La pauvrophobie est une attitude d’hostilité, plus ou moins visible, à l’égard des personnes qui vivent la pauvreté ou la précarité. Elle se compose notamment d’un ensemble de préjugés et d’idées reçues. Source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Pauvrophobie

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