Lecture de la DPC par L’UFAPEC

22 août 2024

Introduction

Avoir le courage de changer pour que l‘avenir s’éclaire. C’est avec ce titre que le gouvernement de la Fédération Wallonie-Bruxelles a présenté sa déclaration de politique communautaire (DPC). Dans son introduction, le gouvernement affirme qu’il « voit les parents comme des partenaires de l’école, à impliquer dans un parcours vers la réussite de l’élève, sans se substituer pour autant à l’enseignant, ses savoirs et son autorité. » (p. 6) Ceci rejoint totalement ce que promeut sans cesse l’UFAPEC auprès des parents et des associations de parents d’élèves de l’enseignement catholique. Ce partenariat est à nos yeux indispensable pour la réussite du parcours scolaire de chaque enfant, mais aussi pour que chacune et chacun, quel que soit son rôle dans l’école (élèves, direction, enseignants, équipe éducative, personnel administratif ou de service, etc.) y trouve le désir et le plaisir d’y être, d’y vivre et de s’y épanouir. Ce partenariat s’étend aussi aux relations entre l’UFAPEC et le gouvernement. Nous souhaitons nous situer dans un dialogue constructif et un partenariat positif afin que le mode de l’école rencontre toujours plus les attentes légitimes de tous.

Le Pacte pour un enseignement d’excellence

Le gouvernement veut « évaluer objectivement les mesures implémentées par les chantiers, leurs impacts sur les apprentissages des élèves, les incidences sur les écoles ainsi que leurs impacts financiers ». S’il est utile et nécessaire d’accompagner le changement par une évaluation, il ne faudrait pas que celle-ci touche à l’inexistant. En effet, la mise en œuvre du tronc commun se fait de manière progressive. Avec cette rentrée, ce sont les enfants jusqu’en 5e primaire, leurs enseignants, directions qui sont concernés. Évaluer les différents aspects de cette réforme fondamentale de tout notre système scolaire est certainement nécessaire. Ce sont les différents aspects mis en œuvre qui doivent être visés. « Cette évaluation permettra d’ajuster les mesures qui doivent l’être, de prioriser les plus efficaces à poursuivre ou entamer, et le cas échéant, de modifier l’agenda de mise en œuvre de la suite du Pacte » nous dit le gouvernement. L’UFAPEC tient à souligner que la réforme du Pacte est une réforme systémique et que toucher à l’un ou l’autre de ses aspects fondamentaux pourrait conduire à terme à un déséquilibre profond de l’ensemble. Si l’évaluation ne peut concerner que ce qui existe déjà, il nous semble intéressant de mettre en place des indicateurs qui permettront d’évaluer, sur base de résultats pertinents, les changements opérés au moment où ils seront effectivement implémentés sur le terrain.

L’accompagnement personnalisé

Le gouvernement annonce (p. 21) vouloir « modifier le mécanisme d’accompagnement personnalisé pour soutenir davantage les élèves n’ayant pas réussi les épreuves externes tout en préservant les principes de consolidation et de dépassement ». L’UFAPEC est perplexe devant cette perspective, tant l’introduction de cet accompagnement personnalisé pour tous les élèves semblait être une mesure phare dans la perspective d’assurer la réussite de tous, en se préoccupant aussi de celles et ceux qui pourraient décrocher par ennui ou désintérêt. Pourquoi limiter cet accompagnement aux élèves ayant échoué aux épreuves externes ? Par ailleurs, faut-il comprendre que l’introduction d’une épreuve externe à la fin de la 3e primaire ne vise qu’à « éclairer le pilotage de notre système scolaire et (à) identifier les élèves qui nécessitent un accompagnement spécifique vers la réussite. » (p. 20) ?

L’évaluation scolaire

L’évaluation fait partie des pratiques pédagogiques propres à chaque école. La DPC indique qu’ « à la suite de la révision des rythmes scolaires annuels, il apparait intéressant de se pencher sur le rythme des évaluations, afin d’améliorer leur cohérence avec le rythme des apprentissages. Pour ce faire, le gouvernement : (…) évaluera la pertinence d’interdire les épreuves sommatives la semaine suivant chaque congé en laissant davantage d’autonomie aux enseignants et directions. » (p. 21) L’UFAPEC s’inquiète de la possibilité de revenir sur cette disposition qui vise à assurer que le repos nécessaire le soit vraiment. En effet, si des épreuves sont organisées au retour des congés, ceux-ci se transformeront insidieusement en temps d’étude et le bénéfice du respect des rythmes chronobiologiques qui a présidé à l’adoption de cette réforme sera perdu.

Par ailleurs, l’UFAPEC se réjouit d’apprendre que le gouvernement « lancera un travail de réflexion sur la place de l’évaluation et le statut de l’erreur dans notre système scolaire ». (p. 21)

Répondre à la pénurie

« L’école, c’est d’abord avoir un enseignant chaque jour dans chaque classe. C’est la raison pour laquelle la première priorité du Gouvernement est la lutte contre la pénurie, ainsi que le renforcement de l’attractivité du métier. Il mettra en œuvre dès le début de la législature un plan d’actions concerté avec les acteurs comprenant des mesures innovantes, des modifications des statuts et de l’organisation du système scolaire, afin de renforcer l’attractivité du métier, d’améliorer les conditions de travail et de mobiliser l’ensemble des ressources enseignantes. » (p. 13) Cette préoccupation fondamentale du gouvernement rejoint les inquiétudes, régulièrement formulées, de très nombreux parents qui voient leurs enfants sans avoir cours parfois pendant de très longues semaines, voire pendant de trop longs mois. L’UFAPEC se réjouit de cette volonté forte du gouvernement.

Obligation scolaire à 3 ans

« Le Gouvernement entend favoriser la fréquentation de l’école à partir de trois ans. » Ce souhait est important. Il rejoint les préoccupations de l’UFAPEC. Si cette mesure devait être adoptée, nous insistons sur la nécessité de ne pas rendre cette obligation trop rigide. En effet, certaines familles qui scolarisent leurs enfants entre 3 et 5 ans profitent de la flexibilité que permet l’absence d’obligation actuelle pour travailler à temps partiel, réaliser des projets familiaux, faire des séjours plus ou moins longs à l’étranger, garder l’enfant à la maison lorsqu’il est légèrement malade ou plus fatigué sans devoir fournir de certificat médical, etc. Nous souhaitons que cela reste possible tout en rencontrant les objectifs de cet abaissement de l’obligation scolaire à 3 ans. L’année scolaire comptant 182 jours d’école par an (entre 180 et 184 jours si dérogation), il nous semble pertinent que, à côté de l’obligation d’inscription pour tous les enfants domiciliés en FWB dès 3 ans, d’avoir une obligation de fréquentation minimale entre 160 et 180 demi-jours en première et en deuxième maternelle. (Mémorandum UFAPEC 2024, p. 45)

Gratuité

L’UFAPEC s’accorde sur la nécessité d’évaluer ce qui a été mis en place en matière de gratuité. Cependant, il ne faudrait pas que cette évaluation conduise à réduire les mesures déjà adoptées. La précarisation des familles est malheureusement croissante et ces mesures viennent vraiment soulager les dépenses à charges des parents. Par ailleurs, l’UFAPEC espère que l’« enquête associant l’ensemble des acteurs et secteurs concernés sur le coût des voyages et sorties scolaires » sera enclenchée rapidement pour que les mesures nécessaires puissent être rapidement adoptées.

De plus, l’annonce que « Le Gouvernement entend mettre fin à la discrimination historique de traitement et de financement entre les réseaux libre et officiel en matière de taux de subventionnement par élève et de taux de subventionnement en infrastructures. » (p. 26) et que « Le Gouvernement s’engage à examiner la faisabilité d’un rééquilibrage progressif des subventions de fonctionnement entre les internats des différents réseaux, tenant compte de leurs obligations respectives. » est une bonne nouvelle. En effet, cela devrait avoir à terme aussi un impact sur la contribution des familles. De plus, l’annonce que « Pour alléger la charge financière des parents, le Gouvernement travaillera, en lien avec l’autorité fédérale, à une défiscalisation forfaitaire des frais d’internat, y compris pour les enfants âgés de plus de 12 ans. » (p. 30) devrait également alléger le coût pour les familles concernées.

Deux silences éloquents

Décret inscription

En lisant cette DPC, l’UFAPEC s’est surpris de ne pas y trouver de point concernant le décret inscription. Pour l’UFAPEC, il faut absolument, comme la perspective du Pacte l’affirme avec force, assurer la continuité pédagogique tout au long du tronc commun pour permettre la cohérence et la réussite des parcours scolaires du plus grand nombre. Dès lors, le décret inscription, tel qu’il est aujourd’hui, vient contredire cette perspective, puisqu’il ne peut pas assurer cette continuité et provoque des ruptures dans les zones en tension.
Dans le cadre de l’arrivée du tronc commun, pour les enfants concernés, il y a urgence à ce que la réflexion sur les modalités de poursuite du tronc commun ait lieu et donc que la procédure et les modalités actuelles d’inscription en 1e secondaire disparaissent. Il y a urgence, dans la mesure où les procédures d’inscription actuelles concerneront les enfants entrant en 6e primaire à la rentrée 2025-2026.

Conseil de participation

À l’exception d’une mention à la p. 20, lorsqu’il s’agit d’envisager l’interdiction des smartphones à l’école jusqu’à la fin du tronc commun, le conseil de participation ne fait l’objet d’aucune attention. L’UFAPEC s’en étonne, tant cette structure est un lieu central de dialogue entre toutes les personnes vivant le projet particulier de l’école. Est-ce parce que pour le gouvernement il s’agit d’une évidence ? Nous osons l’espérer.

 

Pour toute question/contact presse :

Bernard Hubien, Secrétaire général

0476/52.74.77 – bernard.hubien@ufapec.be

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