20 novembre 2009 : Etude Les jeunes face aux crises : émergence d’une génération Tanguy ?

Depuis la sortie du film d’Etienne Chatiliez, le phénomène auquel nous nous sommes attachés a pris un nom. En effet, les jeunes qui restent au-delà d’un certain âge chez leurs parents, soit aux études, soit dans une démarche d’insertion socioprofessionnelle sont désormais appelés des « Tanguy ». Cela signifie, dans le vocable populaire, des jeunes qui restent chez leurs parents et qui éprouvent certaines difficultés (objectivables dans de nombreux cas) à quitter le domicile familial. Si l’expression fait sourire, chez les jeunes, elle ne fait pas pour autant l’unanimité. Être appelé, caractérisé « Tanguy » a un sens péjoratif qui stigmatise les jeunes dans une position qui semble être relativement confortable pour eux mais qui exacerbent les difficultés propres à l’entrée dans la vie « d’adulte ».

En effet, les jeunes adultes, définis par des individus accomplissant une série de passages (c'est-à-dire la fin des études, l’insertion socioprofessionnelle, etc. pour enfin, arriver à l’autonomie, au statut adulte que la norme sociale nous demande d’acquérir… au plus vite) sont confrontés à des difficultés nouvelles qui les contraignent de rester au statut « d’entre deux ». Ni adolescent, ni réellement adulte. Les incidences de l’histoire, les effets de contexte amène les jeunes à rester auprès de leurs parents pour faire face à des défis de plus en plus onéreux : en terme de temporalité mais également en termes de coûts (allongement des études, report de l’installation en couple, allongement de la période d’insertion socioprofessionnelle, etc.). Les jeunes adultes rêvent de leur autonomie mais la société les rappelle à l’ordre en brandissant des taux de chômage toujours plus alarmants, une hausse de l’immobilier qui permet difficilement aux jeunes de quitter le domicile familial ou encore des politiques d’insertion socioprofessionnelle davantage curatives que préventives, notamment dans l’attribution des mesures de prévention.
Les jeunes gonflent les rangs des chômeurs et représentent près d’un quart de ces derniers. Voilà de quoi inquiéter de nombreux parents qui continuent de suivre les obligations légales en investissant dans l’acquisition diplômes que la société revendique comme moyen sûr d’accès à un emploi. Même si cela reste en partie vrai, les intellos précaires sont aussi de plus en plus nombreux. Problème d’adéquation entre offre et demande de formations ? Toujours est-il que la croyance presque salvatrice en l’accumulation de diplômes (et le cumul est de plus en plus impressionnant !) semble maintenant désuète. Pour les jeunes adultes en démarche d’insertion socioprofessionnelle, pas évident de trouver un emploi « non précaire », autre que du contrat à durée déterminée et à temps partiel. Et la spirale continue ! Plus les chances de trouver un emploi s’amenuisent, plus les jeunes (ceux qui en ont « l’opportunité ») poursuivent leurs études, plus ils reportent ces fameux passages (les effets de la désynchronisation des seuils de passage !) au statut d’adulte. La cohabitation est donc devenue plus longue (dans la durée, non dans les étapes qui restent identiques) et incertaine quant à la « date butoir ». Même si la cohabitation intergénérationnelle est de plus en plus évidente pour les urbains (avec les incidences que l’on connaît actuellement : les parents partagent l’expérience de leurs enfants, deviennent leurs confidents, voire leurs amis) pour les autres, cela représente un coût à ne pas négliger…
De toute évidence, les défis auxquels sont confrontés les jeunes adultes sont nombreux : formation, emploi, acquisition (achat ou location) d’un logement personnel, etc. Les crises, qu’elles soient de confiances, qu’elles soient économiques, qu’elles soient politiques fragilisent davantage un pan entier de la population.
Alors, courage Tanguy, si tu le souhaites…. « Tu pourras rester à la maison toute ta vie »[1]
 
 
Tenaerts Marie-Noëlle,
Chargée d’études, d’analyses et de politique scolaire



Pour en savoir plus, l’étude complète est disponible sur le site  www.ufapec.be/nos-analyses
Une soirée débat sera organisée prochainement.
Contact presse : Marie-Noëlle Tenaerts, marienoelle.tenaerts@ufapec.be


[1] Réplique de Sabine Azéma (Edith, la maman de Tanguy) dans l’introduction du film « Tanguy », lorsqu’elle vient de mettre son enfant (Tanguy) au monde. 

 

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