Habiter la classe autrement… Expérimenter d’autres manières de « faire école » semble urgent quand on connait la situation problématique d’absentéisme et de décrochage scolaire qui s’explique en grande partie par des facteurs scolaires tels que le climat scolaire, la pression liée à la performance scolaire, des pratiques pédagogiques parfois éloignées des besoins des élèves en termes de motivation comme de bien-être… Le nombre important de jeunes en souffrance, stressés, qui ne trouvent plus de sens à se rendre à l’école, préoccupe certains parents.

Dans cette étude, consacrée à la coopération et à l’apprentissage coopératif, nous avons pris le temps d’écouter des élèves et d’anciens jeunes élèves témoigner de leur vécu scolaire. Ces élèves questionnent et, parfois, dénoncent un système éducatif individualiste, où la réussite scolaire est trop souvent associée exclusivement aux bonnes notes et à la performance individuelle ; ils remettent en cause les comportements valorisés à l’école pour être considéré comme un « bon élève ». Ils veulent vivre dans une école et dans une société plus paisible, plus juste et plus solidaire où l’entraide est davantage valorisée.

Si l’on en croit certains scientifiques, ces jeunes auraient compris l’importance, pour leur équilibre personnel et pour la santé de la collectivité, de pouvoir sortir des logiques de performance et de rentabilité qui guident une grande partie des activités humaines, à l’école comme dans le monde socioprofessionnel, pour tendre vers des logiques plus coopératives, tournées vers l’autre et l’intérêt commun. Des études, qui ont comparé les effets d’une mise au travail coopérative des élèves par rapport à des approches individualistes et compétitives, ont montré que l’approche coopérative est plus efficace sur la réussite scolaire, sur la socialisation et sur la motivation des élèves. Dès lors, on peut se demander pourquoi la pédagogie coopérative n’est pas davantage pratiquée dans nos écoles.

Tenter de comprendre certains enjeux de l’apprentissage coopératif, et plus largement de la coopération dans notre société, nécessite de clarifier ce que recouvre la notion de coopération. Guidé par l’expérience et l’expertise de professionnels du monde scolaire, nous nous penchons sur la coopération, en tant que compétence qui nécessite un apprentissage, ainsi que sur différents dispositifs pédagogiques coopératifs comme le tutorat et le travail en groupe. Pratiqués dès le plus jeune âge, ces dispositifs pédagogiques peuvent permettre aux élèves de penser et d’envisager autrement le rapport au savoir et les interactions au sein de la classe et de favoriser le développement de compétences comme la communication, la créativité ou encore la pensée critique, indispensables à notre monde actuel.

Pour que l’apprentissage coopératif puisse bénéficier à tous, et pas seulement à ceux qui ont le plus de facilités scolaires, quelques ingrédients sont nécessaires comme une expertise suffisante des enseignants et l’adhésion des parents à ce type de dispositif pédagogique, ou une conception élargie et neuve de la notion de réussite. L’évaluation, telle qu’elle est encore souvent pratiquée dans nos écoles, accordant une large place à l’évaluation sommative au détriment de l’évaluation formative, est sans doute un des freins les plus importants au développement des pédagogies coopératives car elle place l’élève dans une logique de performance, où ce qui compte, c’est d’avoir « ses » points pour obtenir « ses » certificats de réussite, la manière dont chacun « réussit » étant secondaire. A cet égard, l’UFAPEC plaide pour que l’évaluation formative devienne prépondérante.

L’UFAPEC pense que l’école est un lieu idéal pour apprendre à coopérer et apprendre en coopérant. Dès les classes maternelles, bien accompagnés par leur enseignant, les enfants peuvent vivre des expériences collectives positives, se rendre compte de la force du groupe et prendre ainsi progressivement le goût du collectif, du « faire ensemble » avec et pour les autres.

Par rapport aux choix pédagogiques effectués par les équipes enseignantes, l’UFAPEC insiste sur la nécessaire communication avec les parents, indispensable pour obtenir leur soutien. L’UFAPEC espère que la progressive mise en œuvre du Pacte pour un enseignement d’excellence amènera davantage de coopération dans les classes avec pour visée un parcours de réussite scolaire pour chaque élève, qui le prépare à imaginer et oser une société nouvelle, plus juste, tournée vers la recherche d’un bien-être collectif accru dans le respect des différences et des droits de chacun.

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