Analyse UFAPEC décembre 2020 par F.Baie

15.20/ Covid-19 : la santé mentale de nos ados est-elle malmenée ?

Introduction

Nous vivons, depuis le 16 mars 2020, une situation très particulière. En effet, en raison de la crise sanitaire et suite au conseil national de sécurité[1], les écoles de la Fédération Wallonie-Bruxelles se sont vues contraintes de fermer leurs portes pour les rouvrir à certains élèves à partir du 18 mai.[2] Après une rentrée scolaire pour tous en septembre, où les élèves et leurs parents espéraient revivre dans la normalité, nous avons été surpris par une deuxième vague où le nombre d’hospitalisations des personnes touchées par la covid-19 a de nouveau explosé. Confinement, déconfinement, re-confinement… Les élèves n’ont pas été ménagés. Après un congé de Toussaint prolongé d’une semaine, les plus jeunes ont pu reprendre l’école à plein temps et les plus âgés (deuxième, troisième et quatrième degrés du secondaire) ont reçu un enseignement hybride (mi-temps à l’école, mi-temps à la maison avec un enseignement à distance).

La crise sanitaire a-t-elle des répercussions sur la santé mentale et le bien-être des adolescents ? Selon les experts de la plateforme JOY[3], les enfants paient un prix trop élevé durant cette crise sanitaire. Les pédopsychiatres précisent que la limitation des « bulles », le confinement, le déconfinement, le re-confinement, la fermeture des écoles, la rareté des contacts avec les amis et le manque d’activités sociales, sportives, créatives et culturelles ont lourdement touché notre jeune génération. La motivation[4] et le risque de décrochage scolaire[5] étant traités dans d’autres publications de l’UFAPEC, nous avons choisi de nous centrer ici sur la santé mentale des adolescents. Afin de creuser cette question et de nous ancrer dans le vécu des familles, l’UFAPEC a questionné les parents et responsables d’associations de parents lors d’une réunion inter-régionales effectuée en visio-conférence.[6] L’UFAPEC a également interrogé à ce sujet quelques centres PMS.[7] L’UFAPEC considère que la santé psychologique des adolescents est un enjeu sociétal important, car elle va de pair avec leur bien-être. Chaque enfant a droit à ce bien-être.

Des sentiments contrastés

Une enquête sur la motivation et le bien-être des élèves du secondaire, effectuée par l’université catholique de Louvain et l’université de Liège[8], révèle que certains élèves se sont sentis très mal et d’autres se sont sentis très bien durant le premier confinement, comme l’illustrent ces deux commentaires.

  • Je ne me sens pas bien, je ne me suis jamais senti aussi mal de ma vie. Mentalement, il n’y a rien qui va.
  • Je vis ma meilleure vie ! Le confinement m’a permis de profiter de choses que je faisais moins.[9]

Des avis contrastés se retrouvent également dans le camp des parents. En effet, lors de la réunion inter-régionales effectuée par l’UFAPEC le 24 novembre 2020, nous avons posé la question suivante aux parents : « Comment percevez-vous l’état psychologique de votre ou de vos ados durant toute cette crise sanitaire ? ». Les parents présents ont exprimé des différences de points de vue. Pour certains parents, le confinement est un moment rassurant pour leur enfant, car la famille a été en cocooning. Pour d’autres (et pour une plus grande majorité), le confinement a rendu leur(s) enfant(s) plus solitaires, plus tristes, plus impactés psychologiquement, plus « addicts » encore à leur smartphone. Retranchés souvent dans leur chambre, certains enfants n’ont plus assez de relations sociales, plus suffisamment d’occasions de jouer, de bouger, de faire du sport, d’avoir des loisirs.

Psychologiquement, mon enfant a eu très difficile durant le confinement. Le fait d’être coupé de ses copains, de voir constamment et uniquement ses parents, a joué sur son état d’esprit. Et quand l’école a repris au mois de mai, il a eu des angoisses, explique Emily.

J’ai des enfants de 10, 13 et 15 ans. Les deux plus grands vont à l’école de manière hybride, l’autre en full-time. Tout se passe bien. Les enfants ne semblent pas impactés. Le côté positif du confinement, c’est que nous avons pu nous recentrer sur notre famille et nous voir un peu plus. Avant, le samedi et le dimanche, on courait dans tous les sens pour effectuer des navettes. Maintenant, on peut se voir à la maison et faire des balades à vélo, le week-end, explique Benoît.

Les réponses à notre question posée lors de cette réunion nous ont éclairés sur le ressenti des adolescents et des parents par rapport à cette crise sanitaire. Ce ressenti varie en fonction de différents facteurs :

  • l’approche parentale : si les parents abordent la situation de la crise sanitaire de manière stressée ou non, si les parents mettent la pression au niveau des résultats scolaires sur leurs enfants ou non.
  • le milieu et le contexte familial : si l’enfant est seul (sans frère ni sœur), s’il est issu d’une famille monoparentale, s’il est livré à lui-même ou non, s’il passe son temps sur les écrans, s’il subit les disputes de ses parents, si l’ambiance générale et familiale est bonne ou non, s’il est en situation précaire (si les revenus des parents ont chuté, s’il n’y a pas suffisamment d’ordinateurs pour tout le monde afin de travailler à la maison, si l’enfant vit dans des pièces exigües), etc.
  • les difficultés d’apprentissage et les retards scolaires vécus et accumulés par l’enfant déjà auparavant
  • etc.  

L’incertitude, un réel problème…

De nombreux parents interrogés par l’UFAPEC ont trouvé que ce qui était très problématique pour les enfants était l’incertitude. Le déconfinement par exemple, s’il a des répercussions positives, peut également être une source de stress et d’anxiété. Certains enfants craignent de se voir à nouveau entourés d’enfants susceptibles d’être porteurs du virus ; ils ne sont pas sûrs que les autres n’en soient pas porteurs. Mais ce sont souvent, d’après les parents interrogés, les parents qui transposent leur peur aux enfants. En effet, les projections des parents, qui sont eux-mêmes stressés, qui ne peuvent pas répondre à toutes les questions, qui ne connaissent pas précisément les modes de contagion et qui ne savent pas jusqu’à quand cette crise sanitaire va durer, jouent certainement un rôle dans le mal-être des jeunes. « On ne voit pas le bout du tunnel ! », « Quand tout cela finira-t-il ? » Les inquiétudes des parents sont palpables. L’absence de perspectives est souvent mal vécue.

J’ai un ado de 14 ans à la maison et je vis seule avec lui. Le point le plus difficile est l’incertitude. Il a d’ailleurs verbalisé cela quand les différentes mesures au sein de l’école ont changé. Est-ce que l’on va aller à l’école ? Est-ce que l’on va être à nouveau confiné ? Pendant combien de temps ? Avec le passage en cours hybride, comment cela va se passer ? Comment vais-je voir toute ma matière pour pouvoir réussir mon année sachant que j’ai des lacunes de l’année dernière ? Voilà les questions que se pose mon fils, explique Monique.

Craintes au niveau des retards scolaires

Confinement, déconfinement, re-confinement… Ce yoyo laisse, hélas, des traces. Certains enfants ont du mal à raccrocher, ont peur de ne pas pouvoir rattraper leur retard scolaire. Certains ados ont, aujourd’hui, le sentiment de ne plus rien comprendre parce qu’ils ont décroché à un moment donné. D’après les parents, les ados semblent se poser des tas de questions sur leur apprentissage et leur réussite. Et les ados le confirment… J’ai choisi de faire une année de formation complémentaire dans le qualifiant comme arboriste grimpeur-élagueur. J’adore mes cours pratiques et théoriques, mais depuis cette deuxième vague Covid, maladie que j’ai attrapée, je n’ai plus pu suivre mes cours. J’ai pu réintégrer l’école après les vacances prolongées de la Toussaint, mais malheureusement à 50 %. Je ne suis pas atteint « psychologiquement » par ce qui se passe… Mais je suis triste de ne plus pouvoir faire ce que j’aime et ce que j’ai choisi, car j’ai envie d’en faire mon métier plus tard. J’ai peur surtout de ne pas recevoir la formation complète et adéquate dans le choix que j’ai fait…, explique Florian[10], élève en 7e professionnelle « arboriste grimpeur-élagueur ».

Durant la crise sanitaire, le fossé social entre les enfants se voit également creusé. En effet, des enfants vivant dans des conditions plus défavorables n’ont pas la possibilité d’utiliser un ordinateur ou leurs parents ne sont pas en mesure de les aider. Ce manque d’outils et d’aide peut créer une forme de phobie scolaire chez certains ados, car ils se sentent complexés ou en retard. En effet, leurs angoisses sont souvent liées à une anxiété de performance.

Un rythme chamboulé

La plupart des parents interrogés par l’UFAPEC se plaignent que leurs enfants perdent l’envie d’aller à l’école, de se lever, de reprendre un rythme… Ils les voient, s’éloigner de la culture scolaire.

Dans l’enquête de l’université catholique de Louvain et de l’université de Liège, le sentiment d’ennui et la difficulté à se concentrer pour étudier durant le premier confinement sont également rapportés. Les commentaires libres laissés par certains élèves confirment cette difficulté à se concentrer, certains attribuant cela à une difficulté à s’organiser et à instaurer pour soi-même un rythme et un cadre de travail adéquat : « Plus on est confinés longtemps, plus mes capacités de concentration diminuent et ma motivation également. Le fait de travailler seule et sans encadrement d'adultes/de professeurs ne me rassure pas dans mon apprentissage ». [11]

Des ados véritablement traumatisés, oui ou non ?

D’après Delphine Jabobs, pédopsychiatre aux cliniques universitaires Saint-Luc, membre de la Belgian Pediatric task force, certains enfants sont véritablement traumatisés par cette crise sanitaire : Problèmes de sommeil, troubles anxieux et de l’humeur, perte et augmentation de l’appétit, problèmes de motivation scolaire et de concentration... Ce sont des symptômes inquiétants, que les enfants les plus vulnérables rencontreront plus fréquemment. [12]

Une enquête dédiée aux vécus des jeunes âgés entre 12 et 18 ans, menée par l’université de Liège de mars à mai dernier en Fédération Wallonie-Bruxelles[13], montre également que les enfants ont véritablement été choqués par la crise sanitaire et par le confinement. Les réponses livrées par les adolescent·es au cours de cette enquête, dirigée depuis plusieurs mois par la Pr Fabienne GLOWACZ, directrice de l’Unité de recherche ARCh et du service de Psychologie clinique de la délinquance de la Faculté de Psychologie, révèlent que la crise et les mesures sanitaires sont vécues comme de véritables « chocs » ayant impacté leur fonctionnement.[14] L’enquête explique que les élèves qui ont été maintenus pendant plusieurs mois « en isolement » dans une forme « d’hibernation et passivité contrainte » sont submergés depuis le début de la crise par un climat de menace, de gravité et de peur. Si ne pas attraper ou transmettre le Covid est devenu un objectif prioritaire, cela ne constitue pas une valeur en soi et ne peut être un but pour le futur des jeunes.[15] Selon Fabienne Glowacz, les jeunes ont été « oubliés » durant cette période cruciale d’avril à juin et erronément stigmatisés. Avec souvent le sentiment d’être abandonnés, les jeunes ont ressenti du stress, de l’anxiété, un état dépressif, de l’incertitude, de l’ennui, une perte de liens et de repères. Fabienne Glowacz pointe des chiffres : 80 % des 500 adolescent·es de 12 à 18 ans ayant répondu à l’enquête présentent une anxiété au-delà de la normale. Un jeune sur deux fait part d’une humeur dépressive (fatigue, perte d’énergie, démotivation, perte d’élan vital…) et 20 % souffrent d’une symptomatologie dépressive. 9 % des participant·es rapportent avoir des pensées suicidaires, gestes suicidaires et/ou automutilatoires. Un jeune sur 10 a pensé pendant cette période de confinement et de crise que la vie ne valait pas la peine d’être vécue.[16]

Pourtant l’enquête sur la motivation et le bien-être des élèves du secondaire, semble ne pas révéler les mêmes conclusions en ce qui concerne l’impact psychologique de crise sanitaire sur les jeunes : l’ensemble des élèves n’ont pas vécu, comme certains le craignaient, une situation proche d’un traumatisme. Par contre, certains élèves auront besoin d’un suivi particulier. Il importe que les différents acteurs de l’école soient attentifs et à l’écoute pour repérer et orienter ces élèves en fragilité vers les services adéquats. C’est sans doute chez les jeunes déjà en difficulté ou vulnérables avant le confinement que les conséquences en termes de bien-être risquent d’être les plus palpables. [17]

 Qu’en pensent les centres PMS ?

Laurence Chantraine, directrice du centre PMS libre de Wavre 3[18], nous explique : Nous avons tous remarqué que, lors du déconfinement, les enfants étaient heureux de revenir à l’école et que cela leur faisait du bien. Les contacts sociaux leur manquaient ! Dans le Brabant wallon, nous sommes privilégiés et nous n’avons pas constaté une hausse nette des troubles psychologiques. Je dirais juste que les élèves qui étaient déjà fragiles psychologiquement et scolairement se sont vus encore plus fragilisés. - Ceci rejoint les conclusions de l’enquête citée plus haut - Cette crise a renforcé le fossé entre ceux qui étaient bien dans leurs baskets et les autres qui se sentaient moins bien. Nous avons remarqué que l’angoisse des enfants provenait souvent des parents, car ces derniers ont peur du virus et transposent leur propre angoisse sur leur enfant. On essaye alors de dédramatiser, de décortiquer la situation avec la famille, de faire comprendre aux parents que l’école ne se réduit pas aux apprentissages, que c’est un lieu où les contacts sociaux sont importants… On voit avec les familles comment on peut les soutenir et les accompagner. Durant le confinement, cela n’est pas évident pour de nombreux parents qui doivent allier leur télétravail avec le fait de s’occuper de leurs enfants.

Pour avoir un autre point de vue et sonder des centres PMS qui travaillent avec des parents moins privilégiés issus d’écoles à encadrement différencié, l’UFAPEC a également interviewé Laurence Goossens et Sylvain Jeanmart, psychologues aux centres PMS de Saint-Gilles (Bruxelles).[19] Nous leur avons demandé s’ils avaient l’impression d’avoir plus de demandes des parents que d’habitude et s’ils percevaient dans le chef des parents de l’inquiétude quant aux éventuels dégâts psychologiques chez leurs enfants. Sylvain Jeanmart nous a répondu que sur le plan psycho-médicosocial, cette crise sanitaire a manifestement fait des dégâts et qu’il doit donc y être particulièrement attentif.

Les centres PMS continuent à avoir les demandes habituelles des parents concernant, par exemple, les difficultés d’apprentissage de leurs enfants. Les agents PMS doivent, sans cesse, garder en tête ce contexte scolaire inhabituel et prendre en compte les répercussions psycho-affectives que ce contexte engendre. Dans des situations de grande précarité, certains parents se heurtent à de véritables murs. Tout est ralenti, certaines familles n’ont plus accès à leur réseau habituel d’aide sociale. Ceux qui n’ont pas d’ordinateurs ne peuvent pas avoir facilement accès à certaines informations. La communication de l’école vers les parents n’est pas toujours facile. Tous les parents n’ont pas d’adresses mails ou ne savent pas toujours gérer les visio-conférences. Certaines écoles téléphonent aux parents pour venir chercher des documents à l’école. Pour les parents précarisés qui ont des soucis avec la langue française, il n’est pas toujours aisé de bien comprendre les recommandations et règles en vigueur concernant leurs enfants. Pour vous donner un exemple : j’ai rencontré une maman qui était à ce point terrorisée qu’elle ne voulait pas que son enfant retourne à l’école, même après le confinement. Elle avait compris qu’il fallait vivre recluse avec ses enfants à la maison, ajoute Sylvain Jeanmart. La crise sanitaire perturbe la vie des jeunes et de leurs parents, certaines familles se sentent insécurisées et perdent leurs repères. Il va sans dire que cette insécurisation a des répercussions sur le bien-être des ados et de leur état psychologique. Les parents ont besoin que l’on soit là, qu’on les soutienne encore plus que d’habitude. Les familles qui étaient déjà en difficulté le sont encore plus, ajoute Laurence Goossens.

Si les centres PMS jouent certainement un rôle important dans l’accompagnement des familles lorsque les enfants sont en souffrance psychologique, les éducateurs des écoles peuvent également apporter leur soutien. En cas de problèmes d’ordre psychologique, les élèves peuvent directement s’adresser à moi ou aux éducateurs. Je viens de rencontrer une maman qui s’inquiète parce qu’elle a l’impression que son fils se désociabilise en restant tout le temps sur son ordinateur dans sa chambre. Dans ce genre de cas, nous essayons alors de trouver des solutions ensemble. Parfois, nous faisons appel au CPMS ou au service d’accrochage scolaire « Amarrage » qui travaille en collaboration avec l’école, explique Laurent Mayne[20], préfet de discipline au Collège de Notre-Dame de Bellevue à Dinant, coordinateur des éducateurs.

Absence de liens sociaux et importance de maintenir un lien avec l’école

La plupart des parents présents à la réunion du 24 novembre déclare que durant le confinement, les jeunes souffrent du manque de relations sociales. On constate aussi que la rupture du lien social est plus que perturbant pour les jeunes qui se retrouvent isolés dans le milieu familial. Ils ne peuvent plus non plus participer à des activités sportives ou culturelles qui permettent d'ordinaire une socialisation[21], constate également l'AJMO de Charleroi. Pour s’épanouir les ados ont besoin, on le sait, de contacts avec leurs pairs et la sphère familiale ne suffit pas.

Ce problème lié au manque de sociabilisation ressort également de l’enquête menée par l’université de Liège. Durant le confinement, les jeunes ont été privés de l’école : des apprentissages, mais aussi des amis, des relations avec les professeurs, des temps de récré.[22] Pour combler ce manque de relations sociales, les chercheurs estiment que l’école a un rôle important à jouer durant cette crise sanitaire. Notre étude a montré que le fait de se sentir soutenu par les acteurs du milieu scolaire, d’avoir maintenu les contacts, certes d’avoir été aidés, mais surtout d’avoir échangé avec les professeur·es et les autres élèves a contribué de façon significative au bien-être[23], explique Fabienne Glowacz. Selon la chercheuse, les jeunes ont besoin de se sentir investis et d’investir des liens sans avoir accès en permanence aux lieux, et de continuer à se sentir appartenir à une communauté et à un groupe de pairs.

Conclusion

La crise sanitaire que nous traversons ne laisse pas les adolescents indemnes. Certains facteurs semblent amplifier le malaise psychologique que ressentent les jeunes : manque de relations sociales extra-familiales (les familles, aux compositions variées, sont devenues le seul lieu de vie des adolescents et cela ne suffit pas), manque d’exercices physiques, manque d’activités extrascolaires, incertitudes quant à la crise, mais également quant à l’organisation des cours et aussi quant à leurs résultats scolaires, pression ou non des parents, changement de rythme, etc.

Sous un certain angle, cette crise sanitaire peut paraître bénéfique, car elle permet un rapprochement familial. Mais dans quelles conditions, avec des parents indisponibles en journée parce qu’occupés ou préoccupés par leur boulot ? Dans les cas où il existe déjà au départ des tensions familiales, une absence de communication, un manque de soutien parental, les effets négatifs du cocooning en famille peuvent lourdement impacter l’état psychologique des jeunes.

L’UFAPEC constate que la crise sanitaire génère encore plus d’inégalités sociales et d’injustices scolaires. En effet, le confinement a exacerbé les inégalités familiales (perte ou non de revenus, espace de vie disponible, composition familiale, etc.), rendant le vécu des jeunes bien différent d’une cellule familiale à l’autre. Les enfants qui avaient déjà des retards scolaires, avant la crise sanitaire, semblent subir la situation. Les élèves qui n’ont pas facilement accès à un ordinateur se voient en difficultés, eux aussi. Les familles qui étaient déjà dans l’adversité le sont encore plus. Les élèves qui étaient déjà dans le « pétrin » scolairement, semblent l’être également encore plus. En bref, toutes les familles ne se trouvent pas dans une situation égale face à cette crise sanitaire !

Cette analyse a mis en lumière combien il importe, durant cette pandémie, de garder et de prendre soin des liens avec l’école, au-delà des apprentissages. Ces liens ont un effet rassurant pour les jeunes et favorisent leur bien-être. Pour l’UFAPEC, il semble important, dans ce climat de distanciation sociale, de préserver et de nourrir chez les jeunes leur sentiment d’appartenance à la communauté, à l’école, à la société.

 

France Baie

 

 


[1] FWB, Circulaire n°7515 du 17 mars 2020, Coronavirus Covid-19 : décision du Conseil National de sécurité du 12 mars 2020 – Informations nouvelles

[2] Les écoles ont réouvert à partir du 18 mai afin d’accueillir une partie des élèves dans les établissements scolaires :

  • Dès le 18 mai, les élèves inscrits dans les années certifiantes ;
  • A partir du 25 mai, les élèves inscrits en 1ère et 2ème primaire, 2ème secondaire, 1ère et 2ème secondaire de l’enseignement différencié, les élèves identifiés en difficultés, les élèves des classes DASPA et les élèves de l’enseignement spécialisé dont la prise en charge est jugée indispensable ;
  • A partir du 2 juin, tous les élèves de l’enseignement maternel ;
  • A partir du 8 juin, tous les élèves de l’enseignement primaire.

[3] La plateforme JOY est une plateforme d’information qui tisse du lien entre les initiatives existantes et qui offre des informations claires et scientifiquement étayées sur la COVID-19 et les enfants. JOY est une initiative de la Belgian Pediatric Task Force, avec le soutien des autorités. C’est une plateforme de concertation entre plus de 90 acteurs gouvernementaux et non-gouvernementaux des droits de l’enfant en Belgique, le Délégué Général aux Droits de l’Enfant, la Fondation Roi Baudouin et UNICEF Belgique.

[5] PIERARD A, Ecole face au Covid 19… Risque de décrochage scolaire, Analyse UFAPEC n 12.20, novembre 2020, Ufapec - 12.20/ Ecole face au covid 19… risques de décrochage scolaire ?

[6] Régionales de Bruxelles, Namur et Luxembourg (réunion d’échanges entre responsables d’associations de parents différentes, qui représentent les parents de leur école respective) – le mardi 24 novembre 2020 – animée par France Baie et Bénédicte Loriers.

[7] Centre psycho-médico-social.

[8] « Le bien-être et la motivation des élèves en période de dé/confinement », note de synthèse, recherche commune de l’Université catholique de Louvain et de l’Université de Liège, août 2020, https://www.news.uliege.be/upload/docs/application/pdf/2020-09/oase_7_sondage_covid-19_round_1_juin_2020_note_de_synthese_final.pdf.

[9] Idem p. 4.

[10] Interview de Florian effectué par Jean-Philippe Schmidt, le 26 novembre 2020.

[11] « Le bien-être et la motivation des élèves en période de dé/confinement », op cit, p. 4.

[12] NOULET J-F., « COVID-19 : JOY, une plateforme pour mieux tenir compte des intérêts des enfants en période d’épidémie », sur le site de la RTBF, 31 juillet 2020.

[13] Lien social, besoin d’appartenance et engagement : impliquer les jeunes dans les différentes étapes de la crise, 25 novembre 2020, https://www.news.uliege.be/cms/c_12941160/fr/lien-social-besoin-d-appartenance-et-engagement-impliquer-les-jeunes-dans-les-differentes-etapes-de-la-crise

[14] Idem.

[15] Idem.

[16] Idem.

[17]« Le bien-être et la motivation des élèves en période de dé/confinement », op cit., p. 9.

[18] Interview de Laurence Chantraine par France Baie, le 11 octobre 2020.

[19] Interview de Laurence Goossens et de Sylvain Jeanmart effectuée par France Baie, le 10 novembre 2020.

[20] Interview de Laurent Mayne effectuée par France Baie, le 12 novembre 2020.

[21] NGOM F., « Crise sanitaire et crise sociale : pour l'asbl AJMO (accueil des jeunes en milieu ouvert) il ne faut surtout pas diminuer l'aide aux jeunes et aux familles », in La DH, 5novembre 2020,

https://www.dhnet.be/regions/charleroi/crise-sanitaire-et-crise-sociale-pour-l-ajmo-accueil-des-jeunes-en-milieu-ouvert-il-ne-faut-surtout-pas-diminuer-l-aide-aux-jeunes-et-aux-familles-5fa3fac09978e20e7059cdaf

[22] Lien social, besoin d’appartenance et engagement : impliquer les jeunes dans les différentes étapes de la crise, 25 novembre 2020, https://www.news.uliege.be/cms/c_12941160/fr/lien-social-besoin-d-appartenance-et-engagement-impliquer-les-jeunes-dans-les-differentes-etapes-de-la-crise

[23]Idem.

Vous désirez recevoir nos lettres d'information ?

Inscrivez-vous !
En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de Cookies pour vous proposer des publicités adaptées à vos centres d'intérêts, pour réaliser des statistiques de navigation, et pour faciliter le partage d'information sur les réseaux sociaux. Pour en savoir plus et paramétrer les cookies,
OK