Covid et scolarité : que retenir de l’enseignement hybride ?

26 août 2021

Note informative de la conférence de presse de rentrée

L’UFAPEC publie une étude consacrée à l’enseignement hybride durant une partie de l’année scolaire 2020-2021 dans l’enseignement secondaire. Des contacts individuels et des demandes d’enquêtes auprès des parents par des associations de parents de l’enseignement secondaire sont à la base de cette étude. Les parents nous ont fait part de vécus et d’expériences variés, parfois très difficiles, pour eux comme pour leurs enfants.

Avec cette étude, L’UFAPEC a voulu donner la parole aux parents, faire le point, tirer les leçons de cette expérience d'hybridation et dégager des pratiques potentiellement utiles à l’évolution de notre système d’enseignement. Via un questionnaire en ligne en février et mars 2021, l'UFAPEC a touché 3818 parents d’élèves de la troisième à la septième secondaire, venant de toute la Fédération Wallonie-Bruxelles et d'écoles présentant différents profils.

Vécus des élèves et des enseignants

Élèves et enseignants étant les premiers concernés par l’enseignement hybride, nous nous sommes penchés sur leurs vécus et leurs regards concernant l’enseignement hybride, mis en place de novembre 2020 à mai 2021, sans grande préparation.

Les expériences des élèves sont différentes selon leurs modes d’apprentissages privilégiés, leur autonomie, leurs facilités au niveau scolaire. L'enseignement hybride peut très bien convenir dans certains cas mais être source de difficultés et de décrochage scolaire dans d'autres cas. Cela dépend de l'organisation, du profil des élèves mais aussi du fait que cet enseignement hybride a été mis en place dans le cadre d'une crise sanitaire, elle-même source de stress, de souffrance, de perte de lien, etc.

De plus, les inégalités scolaires et familiales ont été révélées et le fossé s'est creusé. Les écarts entre les élèves les mieux lotis et les plus défavorisés (au niveau des capacités scolaires, du soutien disponible à domicile, de l’accès et de la maitrise des outils numériques, etc.) se sont renforcés. Les élèves n'étant pas outillés ou armés pour l'enseignement numérique ne sont pas dans les conditions idéales pour suivre l’enseignement à distance.

Reconnaissons toutefois le positif apporté par l’enseignement hybride en matière d’autonomisation des jeunes et d’organisation personnelle : aller chercher l’information au bon endroit, gérer son temps, etc.

Les enseignants eux-mêmes ne sont pas égaux face au numérique et à l'enseignement hybride. comment pouvaient-ils préparer leurs élèves s'ils n'y étaient pas préparés et formés eux-mêmes ? Certains ont appris seuls à se servir des outils numériques, ont créé des tutos et outils pédagogiques attractifs, etc. Mais cela ne dépendait pas que de leur bonne volonté. Les enseignants devaient préparer l’hybridation tout en renforçant le lien avec les élèves, se centrant sur les essentiels, organisant de la remédiation, veillant au respect des mesures sanitaires, etc. Un enseignant n’est pas un surhomme à qui l’on peut demander l’impossible.

Retenons que l’enseignement hybride a permis la différenciation pédagogique et l’autonomisation des élèves. Il a aussi révélé les capacités d’adaptation de chacun (enseignants et élèves), l’entraide et la nécessité de focaliser les apprentissages passifs sur le temps où les élèves sont à la maison et les apprentissages plus actifs en classe.

Large enquête auprès des parents d’élèves

Dans la majorité des cas, le système mis en place était celui de deux ou trois jours par semaine à l’école et le reste à distance (75,8 %). Les parents ont exprimé une réelle préférence pour les modèles de présence un jour sur deux à l’école ou par demi-journée afin de maintenir le lien et d’assurer une présence régulière à l’école.

« Plutôt permettre à l'élève d'avoir une présence chaque semaine, même 2 jours, plutôt qu'une semaine sur 2 pour que le contact soit plus régulier avec les enseignants, les camarades et surtout, l'apprentissage. »

Notre enquête dénonce l’importance des coûts engendrés par l’enseignement hybride :

  • augmentation des charges mensuelles de la maison (61,8%) ;
  • achat d’un ordinateur ou équivalent (33,1%) ;
  • achat de matériel pour scanner et imprimer (29,5%) ;
  • achat de matériel pour participer à des cours en ligne (17,2%) ;
  • installation de programmes et applications payants (7,7%).

Même si plusieurs familles se sont équipées au niveau informatique entre septembre et novembre 2020, tous les parents n’ont pas les moyens d’équiper totalement leur enfant. Un élève sur cinq n’était pas équipé au niveau informatique lors de la mise en place de l’enseignement hybride. Les efforts du gouvernement, qu'il faut souligner, pour équiper les élèves sont arrivés, dans beaucoup de cas, bien trop tard par rapport aux attentes et exigences des écoles.

Au niveau des apprentissages, les éléments qui ont le plus aidé les élèves à rester actifs au niveau scolaire sont le soutien et les encouragements des parents (71,32 %) ; le maintien du présentiel (71,11 %) ; des échéances régulières pour la remise de travaux (39,81 %) ; des cours en ligne avec contact visuel (36,62 %) ; des outils collaboratifs entre élèves (36,35 %) ; le maintien d’évaluations (35,17 %).

Les éléments qui auraient été utiles pour les élèves sont le maintien du présentiel avec une présence régulière à l'école (54,08 %) ; des interactions fréquentes avec les enseignants (47,48 %) ; des feed-back personnalisés (42,46 %) ; des cours en ligne avec contact visuel (40,52 %) ; la réactivité des enseignants (38,87 %) ; des enseignants formés au numérique (33,79 %). Si les cours en lignes avec contact visuel apparaissent dans les deux listes, cela  s'explique du fait qu'ils n'ont pas été organisés de la même manière et à la même fréquence selon les écoles et les enseignants.

En parallèle, de nombreux parents ont organisé (25,8%) ou envisagé (43,6%) du soutien scolaire extérieur pour leur enfant. C'est révélateur de difficultés scolaires pour une partie des élèves. Les parents estiment que les enseignants ne sont pas assez présents pour leurs élèves et recherchent donc pour eux du soutien scolaire dans certaines matières, ou de manière générale, voire un suivi psychologique. Les parents déplorent les inégalités engendrées par les coûts de ce soutien extérieur. Que devient le principe d’enseignement obligatoire et gratuit pour tous dans ces conditions ?

« L'école doit se suffire à elle-même. C'est discriminatoire d'orienter vers du soutien extérieur, car certaines familles n'ont pas les moyens financiers pour assumer de tels coûts. »

Au regard de tous ces éléments, il est difficile d’établir que les parents expriment une satisfaction globale par rapport à l’enseignement hybride. Une majorité des parents semble peu satisfaite, voire insatisfaite, du système. Mais il y a aussi des parents et des jeunes à qui le système convient. C'est révélateur d'inégalités…

Pistes d’action et position de l’UFAPEC

Les réalités sont différentes selon les établissements scolaires, les enseignants et les élèves. Certaines écoles ou enseignants ont mis en place des pratiques pédagogiques utiles, nécessaires et se sont réellement impliqués auprès de leurs élèves. L'UFAPEC veut prêter attention à différents éléments si l’enseignement hybride doit être reproduit ou pérennisé.

Des balises pour l’enseignement numérique

La formation des élèves et des enseignants à l’utilisation des outils numériques est la base ! Cela implique des apprentissages concrets, la formation aux outils informatiques, mais aussi le développement d’un esprit critique. De plus, il est important de continuer à activer le numérique, en complément de l’enseignement présentiel.

Le bien-être et la santé des jeunes

Il est important de prendre en compte les effets de l’enseignement hybride sur la santé physique et psychique des adolescents : groupes de parole, activités sportives, droit à la déconnexion, etc. Les élèves ont besoin de retisser du lien, de prendre du temps pour eux et de prendre soin d’eux-mêmes.

Une présence à l’école et le maintien du lien avec les enseignants

Un des grands enseignements de la crise sanitaire est celui de l’importance du lien pédagogique, vu comme essentiel ! L’enseignement hybride n’implique pas une absence de ce lien, mais une évolution de celui-ci. L’enseignant n’est pas qu’un transmetteur de savoir, mais aussi un coach, un soutien pédagogique pour ses élèves.

Un suivi personnalisé et de la différenciation pédagogique

Afin d’assurer un accompagnement de qualité pour tous, l’UFAPEC appuie l’intérêt de la formule d’accompagnement personnalisé présente dans le pacte pour un enseignement d’excellence (remédiation, consolidation, dépassement). Celle-ci est à mettre en place pour tous, avec une attention particulière aux élèves en difficultés.

L’égalité et la gratuité scolaire

La question du matériel est essentielle pour contrer les inégalités sociales et permettre à tous les élèves de suivre un enseignement hybride ou numérique dans les mêmes conditions. Une réflexion globale concernant la fourniture des élèves et des écoles en matériel numérique et la mise en place de remédiation doit être menée.

Tout comme d’autres expériences dans notre système scolaire, il y a des choses à retenir dans celle de l’enseignement hybride pour faire évoluer l’éducation et prendre en compte la place actuelle du numérique dans notre société. Cette place ne doit pas nuire au relationnel et à l’humanité, essentiels dans tout système d’enseignement et d’éducation.

 

Lire l'étude complète et les résultats de l'enquête >>

 

Pour toute question/contact presse :

Bernard Hubien, Secrétaire général

0476/52.74.77 – bernard.hubien@ufapec.be

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